L’Allemagne est un sujet incontournable pour les BL. Voici une fiche pour te familiariser avec l’histoire de l’Allemagne de 1918 au début des années 1930. Ces années sont celles d’une grande difficulté économique et d’une instabilité politique soutenue au sortir de la Première Guerre mondiale. N’hésite pas à regarder les fiches sur les périodes suivantes.

I. En 1918, la nouvelle Allemagne émerge avec difficultés 

1. La défaite militaire signe la fin de l’empire dans un climat révolutionnaire

  • La chute du pouvoir impérial

La population se lasse d’une situation militaire dans l’impasse, d’un sévère rationnement (hiver des rutabagas) et de l’inflation. Le mouvement pacifiste se renforce alors du fait des minorités des Partis Socialistes réunis en Suisse. Le contexte politique est celui d’une « dictature de l’Etat major », le pouvoir appartant aux chefs de l’Etat-major, Hindenburg et Luddendorf. Militairement vaincue et privée d’alliés, l’Allemagne demande la paix début octobre 1918. Cependant, les États-Unis exigent la formation préalable d’un régime parlementaire.

Max de Bade, nommé chancelier, forme alors un gouvernement rassemblant progressistes, Zentrum et SPD. Guillaume II abdique et se réfugie à Spa. Max de Bade démissionne et nomme le SPD Ebert, convaincu que seuls les socialistes empêcheront une prise de pouvoir communiste. La République est alors proclamée le 9 novembre par le ministre SPD Scheidemann au Reichstag. L’armistice est signée à Rethondes le 11 novembre 1918. 

  • La révolution allemande

À Kiel à partir du 3 novembre, une mutinerie de la flotte enflamme le pays. Le mouvement atteint ensuite les grandes villes, Stuttgart (Conseil ouvrier qui se déclare prêt à signer la paix de Wurtemberg), Munich (Conseil d’ouvriers, paysans et soldats qui proclame la « République socialiste de Bavière »), Leipzig (famille royale de Saxe chassée)… Les socialistes sont la force directrice de la révolution mais sont affaiblis par leurs divisions avec un SPD prépondérant. L’USPD et les Spartakistes forment le reste des socialistes. Ces derniers espèrent une révolution bolchevique et rejettent toute idée de Constituante élue au suffrage universel. Le SPD dispose d’atouts considérables : des mesures populaires (arrêt de la censure, libertés d’association, de réunion, de culte, élection d’une Constituante au suffrage universel..), l’appui de l’Entente, accords entre patrons et syndicats (journée de 8h, commissions paritaires, conventions collectives) et appui de l’Armée.

L’échec « légal » de la révolution correspond au désaveu des Spartakistes et des Indépendants de gauche au cours du Congrès national des Conseils ouvriers qu’ils réunissent à Berlin. De plus, l’échec armé correspond à la « Semaine sanglante » à Berlin du 6 au 13 janvier 1919.  À cette occasion, Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg sont tués. La « République des conseils » en Bavière est quant à elle écrasée en mai 1919. Ainsi, le SPD réussi à écraser en Allemagne la révolution de type soviétique, mais en utilisant pour cela l’armée et les anciens cadres de la PGM.

2. Le compromis institutionnel et la mise en place de la Rép de Weimar

Après élimination des spartakistes, la “coalition de Weimar” se forme avec le SPD et le Zentrum. Les « démocrates » souhaitent donner à l’Allemagne les bases d’un nouveau régime démocratique. Ainsi, en Assemblée Constituante dominée par les socialistes et élue au suffrage universelle se réunit en février 1919 à Weimar. Elle désigne Ebert comme président du Reich. L’Allemagne est une république libérale avec 17 Länder conservant chacun une assemblée et un gouvernement. Les institutions tentent alors d’établir un compromis entre les tendances démocratiques et socialisantes, les idées des modérés voulant un régime parlementaire et la tradition historique qui pousse au maintien d’un pouvoir fort.

L’exécutif est confié au président, élu pour 7 ans au suffrage universel direct et doté de pouvoirs étendus. Il nomme un chancelier qui promulgue les lois et peut soumettre les textes votés par le Parlement à un référendum. Le chancelier est chef suprême des armées et peut dissoudre le Reichstag ainsi que gouverner avec les pleins pouvoirs en circonstances exceptionnelles. De plus, le pouvoir législatif est quant à lui partagé entre 2 assemblées. D’abord, le Reichstag, élu pour 4 ans au suffrage universel : vote les lois et le budget et contrôle le gouvernement. Ensuite, le Reichsrat, qui représente les Landers et a des attributions plus réduites. La constitution de Weimar n’a pas vraiment tranché entre un régime parlementaire et présidentiel.

II. 1919-1923, mise à l’épreuve de la nouvelle Allemagne

       1. Partisans et adversaires du régime

Jusqu’en 1923, la République s’appuie sur une coalition centre gauche (SPD, Zentrum, DDP). Cependant, le SPD perd du terrain entre 1919 et 1924 (de 45 à 21% des voix). Il se revendique de la doctrine marxiste tout en rejetant le modèle bolchevik et recrute chez les ouvriers qualifiés et membres de la petite bourgeoisie. Le Zentrum l’un des soutiens au régime, de confession modéré, voit son influence décliner. Le parti démocrate, DDP connait le déclin le plus marqué. Il représente la fraction libérale démocrate de la bourgeoisie méfiante vis-à-vis des mesures économiques des socialistes.

Quant à l’opposition, elle se structure à droite autour de deux partis et des groupes extra-parlementaire. Les « populistes » sont  liés à la haute finance et l’industrie lourde. Leurs leaders, Stresemann et Thyssen, se rallient au régime en 1924 dans la perspective d’une reconquête bourgeoise de la République. Le parti national allemand est quant à lui monarchiste et pangermaniste. Il s’appuie sur les grands propriétaires fonciers de l’Est et du Nord (Junker), la hiérarchie de l’Eglise luthérienne et l’armée. L’opposition extra-parlementaire vient des formations politiques extrémistes (comme le NSDAP). À gauche, l’opposition vient du Parti communiste (KPD) issu du spartakisme, et qui, fondé en 1921 est devenu un parti de masse, soumis au Komintern dès 1923. 

      2. Naufrage monétaire et crise sociale

Entre 1920 et 1923 l’Allemagne fait face à une inflation galopante. En effet, la crise économique mondiale, le paiement des réparations, l’occupation de la Ruhr qui paralyse la principale région économique du pays sont responsables de cette inflation. De plus, les milieux financiers voient dans l’inflation un moyen de se libérer des dettes et de favoriser leurs exportations. Cette inflation a deux impacts. D’abord, elle avantage les possédants qui souvent rachètent entreprises ou domaines en faillite. Ensuite, l’inflation renforce la concentration et la formation d’empires financiers. Mais parallèlement, les ouvriers sont fortement touchés par le chômage et l’érosion du pouvoir d’achat. Cela conduit également à une désaffection profonde des classes moyennes pour le régime et à leur radicalisation politique dont l’extrême droite bénéficie.

      3.  L’agitation politique : attentats et coups de force

Des organisations secrètes comme le Consul du capitaine Ehrhardt se forment. Celles-ci utilisent l’attentat pour déstabiliser le régime. En 3 ans, plus d’une centaine de personnages politiques sont assassinés. C’est notamment le cas du leader du centre catholique Erzeberger ayant accepté le traité de Versailles ou de Rathenau, industriel favorable à un rapprochement avec les Alliés….Ainsi, en mars 1920, Wolfgang Kapp, fondateur de la Ligue nationale, échoue à renverser Ebert. Également, en novembre 1923, le putsch de la brasserie d’Adolf Hitler échoue en Bavière. 

III. Une stabilisation précaire: 1924-1929

    1. Redressement financier et prospérité économique

Grâce à la combinaison de facteurs la prospérité économique revient. En effet, la détente franco-allemande, l’appui des financiers américains et britannique et surtout l’action du Ministre des Finances H. Luther et du Dr Schacht, expliquent ce redressement. Schacht a créé le Rentenmark, qui au lieu d’être gagée sur les réserves d’or a pour couverture une hypothèque portant sur les forces productives du pays (agriculture et industrie). Cela restaure la confiance. De plus, une sévère politique déflationniste permet de réduire la masse monétaire et de rétablir l’équilibre du budget. Parallèlement, l’Etat se débarrasse de sa dette intérieure en ne la réévaluant que très peu en fonction de l’inflation. Finalement en 1924, ayant stabilisé la situation, Schacht peut rendre à la Reichsbank le privilège d’émission des billets et rétablir un Reichsmark défini par rapport à l’étalon or.

L’économie allemande entre alors dans une phase de prospérité qui favorise l’afflux de capitaux ext : l’industrie bénéficie de cette expansion avec un fort accroissement de la productivité du à l’adoption des méthodes us et à l’accélération de la concentration. En 1927, l’Allemagne est en tête de la production mondiale pour les industries mécaniques, la chimie… Mais points noirs : Agriculture qui ne progresse que grâce au soutien des gouvernements de droite aux grands propriétaires fonciers et la balance commerciale reste déficitaire, la balance des paiements n’est équilibrée qu’avec l’arrivée de capitaux étrangers (d’où l’impact de la crise de 1929 sur l’économie allemande)

2. L’accalmie politique est précaire

Cette prospérité économique favorise la stabilisation politique et le recul des partis extrémistes (3% pour les nazis en 1924). Les socialistes sont écartés du pouvoir par le Dr Luther qui s’appuie sur une coalition conservatrice. L’élection présidentielle de 1925 confirme ce glissement à droite avec l’élection d’Hindenburg. Avec ce monarchiste convaincu, le régime s’infléchit dans un sens ultra conservateur.

De plus, l’instabilité ministérielle due à la fragilité des coalitions entre droite et modérés est inquiétante. C’est également le cas de la renaissance des mouvements extrémistes avec l’influence d’Alfred Hugenberg, fondateur de la Ligue pangermaniste. Il se réclame d’une idéologie nationaliste et conservatrice et est à la tête d’un immense empire de presse (35% des journaux, 90% de la production cinématographique). Face à cet essor de l’extrême droite la gauche paraît divisée et impuissante, avec un Parti communiste qui suit les consignes de l’Internationale et refuse de s’allier aux « socio-traitres » de la SPD.

3. L’effervescence culturelle : le Bauhaus et l’expressionnisme

Les années 1920 sont une période d’extraordinaire effervescence intellectuelle et artistique en Allemagne.  En effet, W.Gropius fonde une école architecturale : le Bauhaus. Celle-ci préconise une esthétique fonctionnelle, supprimant toute distinction entre art et artisanat. Les nazis le considère comme dégénéré, il devra alors fermer en 1933. L’expressionnisme trouve aussi son plein épanouissement à cette période en Allemagne. Il se rapporte à la tradition germanique visant à exalter l’énergie vitale. Ses artistes sont par exemple, George Grosz, Otto Dix…L’Allemagne est également très présente dans le cinéma (Nosferatu de FW Murnau) et le théâtre (George Kaiser).