Depuis 2019, le Chili connaît des vagues de protestations massives pour changer la Constitution du pays qui date de la dictature de Pinochet (1973-1990).
Seulement, malgré cette volonté du peuple de rédiger une nouvelle Constitution, le processus n’est pas si simple. En effet, en 2022, le peuple chilien avait rejeté à 61,9 % une première proposition de nouvelle Constitution. Elle devait notamment instaurer de nouveaux droits sociaux, reconnaître les droits des peuples autochtones et le droit à l’avortement.
Le processus de rédaction de la nouvelle Constitution avait donc repris, mais est-ce qu’il se terminera un jour ?
Avant de lire la suite, tu peux lire ces articles pour un rappel sur tous les faits qui se sont passés au Chili :
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État des lieux
Le 7 mai, l’élection de l’Assemblée constituante au Chili a été marquée par une montée de la droite ultraradicale de José Antonio Kast (Parti républicain).
JAK « s’est imposé comme la principale force politique du pays » (La Tercera) puisque son parti a remporté 22 des 50 sièges de la nouvelle Assemblée constituante. Cela signifie que l’ultradroite aura un droit de veto sur tous les articles du projet de cette nouvelle Constitution. C’est donc elle le nouveau maître du jeu du pays.
Le gouvernement de gauche du président actuel, Gabriel Boric, est fortement affaibli. Le Parti républicain a remporté 35 % des votes, 21 % pour la droite et seulement 29 % pour la coalition de gauche.
Qu’est-ce qui explique ce revirement de situation ?
La popularité de l’ultradroite au Chili s’explique surtout grâce à la montée des homicides et du narcotrafic.
En effet, le taux d’homicides dans le pays a augmenté d’un tiers en 2022, alors que le pays se plaçait comme un des plus sûrs de la région. On a environ cinq homicides pour 100 000 habitants, ce qui est moins que la Colombie (26), le Brésil (19), mais plus que les États-Unis (6).
À cela s’ajoutent également les vols. Plus d’un Chilien sur trois a subi ou a été victime d’une tentative de vol.
Près de 50 % des habitants du pays considèrent l’insécurité « comme le problème le plus pressant du pays ». Cela est notamment dû au fait que les groupes mafieux internationaux sont de plus en plus présents dans le pays. Les ports chiliens sont des endroits stratégiques pour exporter la drogue vers l’Amérique du Nord et l’Europe. La cocaïne venant de Colombie, de Bolivie ou du Chili est donc plus facilement transportable parce que le pays avait cette réputation de sécurité et d’ouverture. Nombreux sont les narcotrafiquants qui profitent des accords commerciaux du pays avec 65 pays pour cacher la marchandise dans les cerises ou le vin.
Boric essaie-t-il de mettre fin à ce problème d’insécurité ?
Une fois élu, le gouvernement de Boric s’est nettement distingué de la gauche latino-américaine puisqu’il a essayé de mettre fin à un problème « qui n’était pas sur nos radars quand nous sommes arrivés ».
Son budget 2023 prévoit notamment une augmentation de 4,4 % des dépenses pour la sécurité du pays. Il a augmenté les dépenses pour de nouveaux équipements de la police tout en déployant l’armée pour empêcher l’afflux de migrants clandestins au niveau de la frontière avec le Pérou.
On en saura donc un peu plus sur la situation en décembre 2023. Le Conseil recevra un avant-projet auquel il devra apporter ajustements et amendements en plus des 12 principes essentiels qui, eux, ne pourront être modifiés. Le Conseil ne pourra donc modifier « l’État social et démocratique de droit ». On attend donc quelques rebondissements avant le référendum du 17 décembre.