monnaie

Le système monétaire international (SMI) désigne l’ensemble des règles qui organisent les décisions des États en matière de change et de réglementation des flux de capitaux, influençant ainsi leur politique monétaire. Ce système résulte soit d’accords internationaux, soit d’un état de fait historique, comme le cas de l’étalon-or. Il est important de maîtriser cette notion, car elle peut être à l’origine de nombreux sujets d’oraux. 

Introduction sur le système monétaire international

Un SMI est caractérisé par quatre éléments essentiels.

  • Convertibilité des monnaies et organisation des flux de capitaux : la convertibilité d’une monnaie permet de l’échanger librement et sans limite contre une autre monnaie, soit pour des transactions courantes (compte courant), soit pour des transactions financières (compte financier).
  • Régime de change : il s’agit de l’ensemble des règles qui déterminent l’intervention des autorités monétaires sur le marché des changes, influençant ainsi le comportement du taux de change. Les régimes peuvent être fixes (les taux de change sont maintenus à des valeurs fixes) ou flottants (les taux de change sont déterminés par l’offre et la demande sur le marché).
  • Mécanisme assurant la fourniture de liquidités internationales en cas de besoin : en cas de besoin de liquidités, il est nécessaire qu’un agent puisse les fournir. Historiquement, certaines monnaies ont joué le rôle de monnaies internationales, comme la livre sterling et le dollar américain, assurant ainsi la fourniture de liquidités internationales.
  • Surveillance et coopération monétaire : une surveillance et une coopération sont nécessaires pour concilier les intérêts communs des pays membres et régler les éventuels conflits d’intérêts. Au XIXe siècle, cette tâche incombait principalement à la Banque d’Angleterre, tandis qu’à partir du milieu du XXe siècle, le Fonds monétaire international (FMI) a été chargé d’assurer la surveillance et la coopération monétaire à l’échelle mondiale.

L’étalon-or : le système monétaire international au XIXe et au XXe siècle

L’étalon-or est un système monétaire qui a marqué l’économie mondiale depuis le XIXe siècle et jusqu’en 1944. Il repose sur l’utilisation de l’or comme base pour déterminer la valeur des monnaies nationales.

Les origines de l’étalon-or

L’Angleterre a joué un rôle précurseur dans l’établissement de l’étalon-or. Dès 1774, elle abandonne le bimétallisme (où l’argent et l’or sont utilisés comme monnaies) pour le monométallisme (utilisation exclusive de l’or). En 1844, le Bank Charter Act impose une stricte couverture en or pour l’émission de billets, une victoire du Currency Principle de Ricardo sur le Banking Principle de Tooke et Fullarton.

Jusqu’en 1870, l’étalon-argent était utilisé en Europe du Nord et le bimétallisme était pratiqué dans de nombreux pays, dont la France. Elle avait son franc germinal (loi du 28 mars 1803) qui équivalait à 4,5 g d’argent pur et 0,29 g d’or pur. Cependant, l’Allemagne adopte l’étalon-or en 1871, ce qui a entraîné une généralisation de l’utilisation de l’or en raison des externalités de réseau en sa faveur.

Principes et mécanismes théoriques de l’étalon-or

Dans le régime de l’étalon-or, c’est la définition des monnaies par un poids en métal précieux qui détermine leurs parités respectives. Cela signifie que les monnaies étaient convertibles en or à des taux de change fixes, ce qui permettait une libre circulation interne et externe de l’or.

L’étalon-or garantit une stabilité des taux de change

Le système de l’étalon-or garantit une stabilité des taux de change en raison du mécanisme des points d’entrée et de sortie de l’or. En effet, les acteurs économiques préfèrent généralement effectuer des transactions en devises plutôt qu’en or, en raison des coûts liés aux paiements en métal (frais de transport, d’assurance…).

Cependant, si une monnaie se déprécie au-delà d’un certain seuil par rapport à sa valeur officielle en or, atteignant le « point de sortie d’or », les débiteurs préféreront payer directement en or pour arrêter la dépréciation. De même, si une monnaie s’apprécie au-delà du « point d’entrée d’or », les acteurs économiques choisiront de payer en devise plutôt qu’en or pour freiner l’appréciation.

Ainsi, le système de l’étalon-or permettait d’ajuster automatiquement les taux de change en fonction des parités-or, assurant une relative stabilité des monnaies.

L’étalon-or permet un rééquilibrage automatique de la balance des paiements

Un autre avantage du système de l’étalon-or est sa capacité à assurer un rééquilibrage automatique des balances des paiements. Ce concept a été mis en évidence par David Hume dans son ouvrage de 1752 : On the Balance of Trade.

Lorsqu’un pays enregistre un déficit commercial, c’est-à-dire qu’il importe plus qu’il n’exporte, cela entraîne une baisse de la valeur de sa monnaie domestique sur le marché des changes. Cette dépréciation est causée par un excès d’offre de la monnaie nationale due aux paiements en monnaie locale pour les importations. Lorsque la valeur de la monnaie atteint le « point de sortie d’or », c’est-à-dire que la monnaie est dévaluée au-delà de sa parité-or, les détenteurs étrangers préfèrent convertir cette monnaie en or.

La sortie d’or réduit la masse monétaire en circulation sur le plan interne du pays en déficit, ce qui entraîne une baisse générale des prix dans l’économie (selon la théorie quantitative de la monnaie). Cette baisse des prix rend les biens domestiques plus compétitifs sur le marché international, stimulant ainsi les exportations et réduisant le déficit commercial. Le processus se poursuit jusqu’à ce que l’économie atteigne un nouvel équilibre, favorisant ainsi la résorption du déficit.

Un système sujet à des opinions divergentes

L’étalon-or a fait l’objet de débats contradictoires. Certains, comme J. Rueff (L’Âge de l’inflation, 1963), ont célébré son rôle stabilisateur et disciplinant. Cependant, les critiques monétaristes, tels que Friedman et Schwartz (A Monetary History of the United States, 1971), ont reproché à l’étalon-or d’avoir contribué à la Grande Dépression en raison de sa tendance déflationniste causée par un stock d’or insuffisant. 

La réalité du système : un étalon-sterling de facto

La stabilité de l’étalon-or reposait sur la puissance britannique

La Grande-Bretagne, en raison de sa puissance économique, commerciale et financière, utilisait la livre comme monnaie internationale. Avec son empire colonial, elle contrôlait 25 % des terres mondiales et 40 % des bateaux mondiaux. Ce qui renforçait le rôle de la livre sur la scène internationale.

La Banque d’Angleterre jouait un rôle essentiel dans la stabilité du système de l’étalon-or. En cas de sorties d’or, elle augmentait les taux d’intérêt pour attirer des capitaux étrangers et limiter les nouveaux crédits extérieurs. Elle coopérait également avec d’autres banques centrales pour maintenir l’équilibre entre l’argent commercial et l’or.

L’influence des mouvements de capitaux dans les mécanismes d’ajustement

Les mouvements de capitaux, qu’ils soient à court terme ou à long terme, avaient un impact significatif sur les ajustements du système de l’étalon-or. Les crédits à court terme limitaient les transferts d’or, tandis que les capitaux à long terme finançaient les déficits courants des pays en développement par les pays industrialisés. L’ouverture commerciale et financière soutenait également le maintien de l’étalon-or.

Des tensions et une instabilité plus grandes à la périphérie

Les pays périphériques étaient confrontés à des tensions accrues et à une instabilité économique plus grande. Les épisodes de ralentissement des flux de capitaux ou de retrait des capitaux pouvaient mettre en difficulté ces pays. Des suspensions de la convertibilité et des dépréciations monétaires ont également été observées dans les pays latins.

Entre-deux-guerres : échec de la constitution d’un système monétaire international multipolaire

La Première Guerre mondiale met fin à l’étalon-or

La Première Guerre mondiale a eu des conséquences dévastatrices sur l’étalon-or. Avant la guerre, la légitimité de la livre sterling était déjà fragilisée par le relatif déclin économique britannique. Durant le conflit, les pays ont financé leurs efforts de guerre en créant de la monnaie, ce qui a déconnecté le montant de la monnaie fiduciaire du stock d’or. Cela a été la principale raison de l’abandon de la convertibilité-or.

De plus, les importations massives des pays européens en provenance des États-Unis ont entraîné des transferts d’or et des emprunts, renforçant le rôle international du dollar américain (qui dépassa celui de la livre sterling) et la suprématie de New York en tant que centre financier international.

La conférence de Gênes (1922) et la mise en place du Gold Exchange Standard

La conférence de Gênes en 1922 avait pour objectif de restaurer un système monétaire basé sur l’or, mais la concentration de l’or aux États-Unis a créé un risque de manque d’or pour les autres pays. Le Gold Exchange Standard a été mis en place, dans lequel l’or restait l’étalon de référence. Mais la convertibilité en or n’était obligatoire que pour les pays dits « de centre-or », ceux qui disposaient de réserves en or. Les autres pays pouvaient avoir des réserves de devises étrangères.

Les difficultés du retour à la convertibilité-or

Au moment de la conférence de Gênes, le dollar américain était la seule monnaie convertible en or. Plusieurs pays ont tenté de rétablir la convertibilité de leur monnaie pour devenir des centres-or. Y compris la Grande-Bretagne qui souhaitait retrouver sa suprématie monétaire. Cependant, la conversion des balances sterling (avoirs en sterling détenus par des non-résidents) a entraîné une surévaluation de la livre, ce qui a été coûteux socialement (très haut taux de chômage, pauvreté…). Certaines voix, comme celle de Keynes dans son ouvrage Economic Consequences of Sterling Parity (1925), critiquaient alors l’étalon-or, le qualifiant de « relique barbare ».

L’Allemagne a connu une hyperinflation après la guerre en raison du financement de l’effort de guerre par l’émission monétaire et des réparations dues après le traité de Versailles. Cependant, grâce à la création d’une nouvelle monnaie, le rentenmark, en 1923, et à une politique rigoureuse mise en place, la déflation a été stoppée et le reichsmark est redevenu convertible en or en 1924.

La France a également été confrontée à une hausse de l’inflation et à une dépréciation du franc dans les années 1920. Cependant, avec la politique de rigueur mise en place par Raymond Poincaré en 1926, le franc est revenu à la convertibilité. La France faisait partie du « bloc-or » avec d’autres pays, dont l’Italie, la Suisse, les Pays-Bas, la Belgique et la Pologne, refusant de dévaluer leur monnaie.

L’éclatement du système monétaire international au cours des années 1930

Dans les années 1930, la livre sterling et le dollar américain ont été dévalués. La Grande-Bretagne a abandonné le principe de la monnaie forte et a suspendu la convertibilité en 1931, dévaluant la livre de 30 %. La conférence de Londres en 1933 a tenté de mettre fin aux dévaluations compétitives et au protectionnisme, mais dans les faits, le dollar flottait depuis 1933, et en 1934, le Gold Exchange Standard a pris fin avec la dévaluation de 60 % du dollar américain.

En 1933, la France faisait partie du « bloc-or » avec d’autres pays refusant de dévaluer leur monnaie. Cependant, les faibles taux de chômage ont été maintenus au prix d’une politique de déflation. Ce qui a finalement conduit à la dévaluation du franc en 1936.

Bilan du Gold Exchange Standard : à quoi attribuer son échec ?

Le Gold Exchange Standard a été déstabilisé par le manque de flexibilité des salaires et des prix, la pression croissante pour prendre en compte les objectifs de croissance et d’emploi, le manque de coopération et l’absence d’une instance de régulation. Les politiques protectionnistes nationales et le manque de leadership, notamment de la part des États-Unis, ont également contribué à l’échec du système. Les dévaluations compétitives ont été une stratégie non coopérative, où certains pays ont profité de la dévaluation, mais cela a finalement nui à tous.