migrations

« La question des migrations est l’un des grands enjeux du XXIe siècle, tout en ne concernant que 3,5 % de la population, le phénomène s’est mondialisé. Depuis ces vingt dernières années, nous sommes entrés dans une nouvelle ère de migration de masse, y compris dans des régions peu touchées auparavant. » Catherine Wihtol de Wenden, Atlas des migrations. Un équilibre à inventer (2018).

Pour une copie réussie, tu dois nécessairement faire une sous-partie historique (je te conseille de la faire en A) de ton grand 1), qui permet de poser les bases du sujet et de mieux appréhender son évolution au cours du temps. Aujourd’hui, nous allons étudier la partie historique des migrations, sujet qui n’est jamais tombé au concours.

Les migrations sont un phénomène ancien

Tout d’abord, la migration se définit comme le fait de changer de domicile pour une durée longue, supérieure à un an, ou définitive (ce qui exclut le tourisme). Ce phénomène est ancré dans l’histoire, car il est inscrit dans les principales religions (croisade, hégire, diaspora, exil des Juifs…), mais on peut situer la première phase de migrations à l’époque des grandes découvertes (installation des colons européens dans les territoires nouvellement conquis, circulation des biens et des idées à travers les nouvelles routes maritimes, commerce triangulaire et migration forcée des esclaves…). 

XIXe siècle : l’avènement d’une migration de masse

À partir des XVIIIe et XIXe siècles, les migrations internationales prennent une dimension nouvelle et on entre dans ce que l’on appelle la migration de masse. Tout d’abord, les évolutions technologiques (passage du Clipper au Steamer) permettent de faciliter les déplacements, alors que le « Nouveau Monde » attire des millions d’Européens. Ces derniers souhaitant fuir les difficultés économiques, notamment la crise du Mildiou (crise des pommes de terre), les persécutions religieuses et les guerres en Europe.

Parallèlement, les grands territoires vides que sont les États-Unis et le Canada offrent des conditions favorables aux migrations pour mettre en avant leurs territoires. C’est le cas du Homestead Act promulgué aux États-Unis en 1862 qui accorde des parcelles de terre gratuites à tout citoyen américain, y compris les immigrants. Ce sont alors 60 millions d’Européens qui se déplacent vers les Amériques entre 1850 et 1914.

XXe siècle : bouleversements politiques 

Le XXe siècle est marqué par deux guerres mondiales, qui ont une influence majeure sur les mouvements migratoires. Du fait de guerres, de génocides ou d’effondrement de grands empires, de nombreux individus ont été contraints de quitter leur pays.

Par exemple, le génocide arménien (entre 1915 et 1923) a entraîné un exode massif d’Arméniens. Ensuite, la chute de l’Empire ottoman en 1923 a provoqué le déplacement des populations turques, kurdes et arméniennes. Plus tard, la Deuxième Guerre mondiale amplifiera ce mouvement de migrations massives, comme ce fut le cas des populations juives vers Israël.

Des moments importants relatifs à l’immigration

Au niveau mondial, la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 affirme la liberté de circulation et de résidence et le droit de quitter son pays d’origine. Ce qui semble paradoxal, étant donné qu’il n’y a aucune obligation d’accueil par le pays récepteur. Cette Déclaration fonctionne comme un appel à un droit à l’immigration, selon Catherine Wihtol de Wenden. En 1951, la Convention de Genève définit le statut de réfugié (étranger qui a quitté son pays d’origine pour cause de persécution). Ce qui permet aux réfugiés d’obtenir un statut légal. 

Depuis le XXe siècle, les migrations se sont mondialisées avec des flux qui ont triplé depuis les années 1970 (77 millions de migrants en 1975, 120 millions en 1999, 150 millions au début des années 2000, 266 millions en 2018, soit 3,5 % de la population mondiale). Et cette hypermobilité est aujourd’hui symbole de modernité. Bien que les flux migratoires évoluent au gré de l’histoire, ceux-ci ne sont pas récents et marquent le lien intrinsèque entre mobilité et humanité. 

Le cas des migrations environnementales : un phénomène nouveau

Le terme de « migrant » est une dénomination large qui regroupe de nombreuses sous-catégories à distinguer (apatride, étranger, expatrié, demandeur d’asile, déplacé, réfugié…). La multitude de ces sous-catégories reflète la complexité de ce terme, qui évolue constamment au gré des facteurs économiques, sociaux, politiques, voire environnementaux.

En effet, on parle depuis quelques années de « réfugié environnemental » ou de « migrant climatique », car dans un contexte de dérèglement climatique, il existe des personnes qui, pour des raisons de changements soudains ou progressifs dans l’environnement affectant négativement leur vie ou leurs conditions de vie, sont forcées de quitter leur lieu de résidence habituel. Aujourd’hui, le terme de « réfugié climatique » n’est pas juridiquement valable, car il n’est pas reconnu dans la Convention de Genève de 1951.

Ces migrations sont un phénomène complexe et difficile à quantifier

On compterait aujourd’hui 45 millions de réfugiés environnementaux et, en 2018, la Banque mondiale prédisait 143 millions de réfugiés climatiques d’ici 2050. À titre d’exemple, selon un rapport du GIEC de 2014, une augmentation de 50 centimètres du niveau des mers pourrait provoquer à la fin du XXIsiècle le déplacement de 72 millions de personnes.

Ce phénomène tend à prendre de l’ampleur dans les années à venir. Or, actuellement, les systèmes juridiques ne sont pas aptes à gérer ces déplacements. Il devient donc nécessaire aujourd’hui de mettre en place des politiques de coopération internationale afin de renforcer la résilience des populations vulnérables aux effets du changement climatique. En 2010, l’accord de Cancún (COP16 au Mexique) a reconnu le déplacement de population comme étant parfois une conséquence du changement climatique. Cependant, il n’a pas officiellement reconnu les migrants environnementaux. 

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