chine

Alors que le conflit sino-américain se poursuit sous une tonalité différente durant le mandat actuel de Joe Biden, une autre rivalité ancienne et encore actuelle continue de se jouer dans les eaux de l’océan Indien et en Asie, et parfois même au-delà, en Afrique. En effet, nous évoquerons dans cet article le cas de la relation sino-indienne, faite à la fois de nombreuses rivalités (anciennes et plus récentes), mais aussi de coopérations entre ces deux puissances à la fois démographiques, militaires, commerciales, économiques et industrielles.

Analyse, carte et légende

« Partenaires ou rivales » ?

Telle a été la question qui a été posée aux préparationnaires ayant passé l’épreuve de géopolitique d’ECRICOME en 2023. S’il est difficile de trancher radicalement pour l’une ou l’autre des assertions, nous pouvons cependant proposer quelques éléments de réflexion qui permettront d’y voir plus clair. Pour une analyse plus détaillée du sujet, je te renvoie à l’article complet rédigé par nos soins.

Par « partenaires », on entend ici la notion d’associés, de personnes avec qui on s’associe dans certains domaines (économique, géopolitique, militaire, etc.).

Tandis que par « rivales », on entend une situation où « plusieurs personnes prétendent aux mêmes avantages et s’opposent pour les obtenir » (CNTRL), et ce, dans divers domaines (économique, militaire, etc.).

Justification de la problématique

Si la question a été posée, c’est notamment parce qu’il n’y a pas une réponse plus juste que l’autre, surtout lorsque l’on s’intéresse de plus près aux différents domaines dans lesquels il y a encore ou il y a eu des rivalités (économiques, frontalières, etc.) ou des partenariats (terrorisme, organisations, forums, etc.). Et surtout si on s’intéresse aux évolutions économiques et géopolitiques majeures qui touchent cet espace.

Dès lors, il pourrait être intéressant de se demander sur un tel sujet : Alors même que les deux pays ont tout intérêt à être des partenaires dans différents domaines (commerciaux, économiques, industriels, géopolitiques, etc.), pourquoi peinent-ils à l’être durablement ? Doit-on justement y trouver des raisons historiques au maintien de telles rivalités, ou faut-il y voir également l’imbrication de facteurs extérieurs (rivalités de puissances, le rôle des États-Unis, l’Indo-Pacifique comme nouvel espace stratégique, etc.) ?

Commentaire de la carte

Des rivalités territoriales

Alors que la Chine cherche à imposer son hégémonie en Asie, notamment à travers son projet de Belt and Road Initiative, l’Inde peine à maintenir une influence durable sur son voisinage proche et à résister à l’emprise de son voisin chinois. D’où le refus, par exemple, de faire partie du RCEP chinois.

Et ce, sans oublier les velléités territoriales durables qu’entretiennent ces deux puissances depuis 1962, date du premier conflit sino-indien au Tibet/Aksai Chin, remporté par la Chine. S’y ajouteront différents conflits comme au Sikkim en 1967, ou des conflits potentiels rapidement désamorcés (1987, 2013) ou des reprises de velléités à coups de bâton à la frontière en 2022.

Des rivalités économiques et commerciales

Ces rivalités sont également de nature économique et commerciale. L’Inde et la Chine étant respectivement la quatrième et la deuxième puissance économique mondiale.

Pour l’illustrer, nous pouvons prendre l’exemple de l’AAGC (Asia-Africa Growth Corridor) mis en place par l’Inde et le Japon pour contrer la BRI chinoise et sa stratégie du « collier de perles », perçu par l’Inde comme un containment à la chinoise. Par ailleurs, ces rivalités sont aussi de nature militaire, dans un contexte de course à l’armement en Asie, à travers des achats de porte-avions, sous-marins, etc. À cet égard, la Chine a acquis son troisième porte-avion (le Fujian) en 2022, alors que l’Inde n’en est qu’à son premier (le INS Vikrant).

Pourtant, si les deux pays sont opposés dans de nombreux domaines, ils disposent tous les deux de moyens coercitifs pour empêcher une escalade belliqueuse, que ce soit par la possession de l’arme nucléaire (depuis 1998 pour l’Inde, et 1964 pour la Chine), ou par leurs interdépendances économiques.

De même, le maintien de relations bilatérales au sein de forums comme l’OCS ou encore les BRICS témoigne d’une volonté d’apaiser le dialogue en privilégiant la diplomatie sur leurs oppositions. Cela témoigne aussi de la volonté de construire un partenariat, aussi précaire soit-il, dans des domaines comme le terrorisme ou le refus de l’ingérence.

Enfin, il convient de rappeler que ces deux pays ont été porteurs de liens culturels durables, à l’instar du fameux « esprit de Bandung » qu’animait le groupe des « non alignés » durant la guerre froide.

Construction de la légende et de la carte

Sur un tel sujet opposant deux puissances, il est important de faire ressortir au premier abord les deux pays par deux couleurs qui vont capter l’attention de ton correcteur. Ici le jaune et l’orange, mais le rouge aurait pu également être une option.

Quant à la carte, une bonne façon de construire une légende qui soit pertinente et remplie, est de suivre tout simplement le plan de ta dissertation en t’attardant sur tes exemples, tes arguments qui te serviront à dessiner tes figurés. Tout élément, même s’il te paraît futile, peut être cartographiable, à condition de suivre la méthode des figurés. Pas de smileys pour désigner les bonnes ou mauvaises relations entre deux pays, pas de poissons pour désigner les zones de pêche, pas de têtes de mort pour désigner les zones de piraterie, et pitié, pas de petits bonshommes pour désigner des casques bleus ou des indigènes…).

Reste simple et privilégie les figurés ronds, les flèches (brisées, à double sens, de couleurs différentes, de tailles différentes, etc), les carrés, les losanges, les lignes, etc. Rappelle-toi qu’une carte lisible et bien notée est avant tout une carte claire et concise.

Enfin, il est toujours intéressant de s’intéresser à tout élément extérieur. Ici, le rôle des États-Unis qui peut être facilement rallié au QUAD et au jeu ambigu que joue l’Inde en faisant partie à la fois de l’OCS (forum ouvertement anti-occidental) et du QUAD. Ou encore au rôle que joue la Chine en soutenant le Pakistan, pays ouvertement hostile à l’Inde du fait notamment de leurs rivalités historiques au Cachemire et les implications évidentes sur la relation sino-indienne.

Cela permet d’enrichir considérablement la carte. Pense aux organisations et forums auxquels font partie les pays en question et privilégie également des approches multifactorielles (économiques, géopolitiques, militaires, culturelles, démographiques, etc.).

Cartographie

Légende carte

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