Le 23 août dernier, Evgueni Prigojine, le chef de la milice Wagner, décède dans un accident d’avion. Deux mois après la tentative de coup d’État avortée, cet événement pose la question du futur de l’organisation jusqu’ici importante pour l’armée russe. Dans cet article, Major-Prépa te propose une rapide présentation de l’organisation et une explication sur le possible futur de cette milice.
Qu’est-ce que Wagner ?
Créé en 2014, ce groupe comptait 25 000 mercenaires avant la mort du chef Evgueni Prigojine. La milice a souvent été utilisée par le Kremlin pour défendre secrètement les intérêts russes dans des conflits. C’est le cas en Crimée, mais aussi au Mali ou encore en Syrie. Wagner peut être considéré comme l’armée secrète de Moscou.
De plus, les militaires de Wagner sont parfois des anciens détenus. Ils agissent donc avec violence et pillent les ressources. En effet, en Centrafrique, ils sont accusés d’effectuer des pillages dans les mines d’or et de diamants.
Qui est Prigojine ?
Prigojine est longtemps resté dans l’ombre. En effet, avant la guerre en Ukraine, il n’apparaît pas en public. Dans les années 1980, Prigojine passe neuf ans en prison. Il fait ensuite fortune dans les années 1990 et 2000 dans la restauration et l’hôtellerie. Cela lui vaut d’être connu comme le cuisinier de Poutine.
C’est sans doute cet argent qui est utilisé pour créer Wagner. En 2020, sa fortune est estimée à plus de 200 millions d’euros. Ses activités lui ont permis d’être un proche de Vladimir Poutine, faisant prospérer ses affaires.
La division entre Poutine et Prigojine
La guerre en Ukraine origine de la scission
Lors du déclenchement de la guerre en Ukraine, Wagner n’a plus besoin de cacher sa présence dans le Donbass. Dès lors, l’organisation recrute plus de 13 000 prisonniers pour appuyer les forces du Kremlin. Néanmoins, des tensions apparaissent rapidement. En effet, à de multiples reprises, Prigojine diffuse des vidéos se mettant en scène devant des cadavres pour accuser les dirigeants de l’armée de ne pas fournir suffisamment de munitions et de renforts.
Se montrant protecteur de ses hommes et déterminé à gagner la guerre, il gagne de plus en plus de crédit. Cela le pousse à marcher vers Moscou en juin dernier avant d’avorter sa tentative de rébellion contre l’état-major afin de négocier avec Poutine en Biélorussie. Si Prigojine et aucun membre de Wagner ne sont condamnés, la rupture entre Poutine et son cuisinier semble actée.
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Une mort douteuse
Il est probable que cette rupture ait provoqué cet accident douteux d’avion non loin de Moscou. Cet événement emporte d’une part la vie de Prigojine, mais aussi celui de son bras droit et d’autres membres importants de l’organisation.
Ce sont les trois premiers dans la hiérarchie qui meurent dans cet accident, la milice est décapitée.
Quel futur pour l’organisation ?
Une mainmise du Kremlin de plus en plus forte
Prigojine avait accaparé énormément de pouvoir, sans nul doute que maintenant aucun homme ne pourra prétendre à en avoir autant en Russie. Néanmoins, ce n’est pas pour autant la fin de l’organisation.
Wagner est d’abord fondamentale pour Poutine, car elle permet de défendre les intérêts du pays dans le monde, alors que l’armée est mobilisée en Ukraine. De plus, elle dispose de 25 000 mercenaires, ce qui en temps de guerre peut correspondre à une importante division de l’armée.
Il faut donc s’attendre à voir d’autres oligarques et fidèles de Poutine récupérer des parts de Wagner.
Une intégration à d’autres milices ?
Des sociétés militaires privées sous le contrôle du ministère de la Défense russe ont commencé à recruter des membres de Wagner pour poursuivre des opérations à l’étranger. Parmi elles, Convoy, créé par le chef de l’administration d’occupation russe en Crimée, Sergueï Axionov. Ces sociétés tentent de reproduire les mêmes activités que Wagner.
Cette intégration à d’autres milices ou à l’armée russe a débuté depuis la crise entre Poutine et Prigojine en juin dernier. Néanmoins, bon nombre de soldats sont des fidèles de Prigojine. Ceux qui souhaitent rester fidèles à la vision de celui-ci risqueront donc de rester en Biélorussie.
Un nouveau chef pour l’organisation
Anton Oliegovitch Yelizarov, quatrième dans la hiérarchie chez Wagner avant le crash d’avion, serait le nouveau chef de la milice. C’est aussi un ancien de l’armée russe, qui a obtenu le titre de héros de la Russie. Viré de l’armée pour une histoire de fraude dans une affaire immobilière, écopant de trois ans de prison avec sursis. Il entre en 2016 chez Wagner et combat en Syrie. Récemment, il combattait en Ukraine.
Cependant, l’ex-militaire n’a pas été clairement élu chef de l’organisation, mais s’est autoproclamé leader sur Telegram en se basant sur des instructions qui auraient été transmises par Prigojine.
De plus, depuis juillet dernier, des informations circulent disant que Poutine souhaiterait qu’Andreï Troshev prenne la tête de la milice. C’est un ex-militaire et fidèle de Poutine. Il est membre fondateur et directeur exécutif de Wagner. Il aurait d’ailleurs averti Poutine de la tentative de rébellion.
Le groupe Wagner gardera-t-il son efficacité dans le monde ?
Un problème se pose pour les activités de la milice. En effet, la présence de Wagner en Afrique était possible, car Prigojine entretenait des relations avec des politiques africains. Dès lors, selon Ulrich Bounat, chercheur à l’Institute for the Study of War, à terme, la Russie pourra perdre du terrain en Afrique.
En effet, seulement les autres sociétés comme Convoy peuvent perpétuer les actions de Wagner du fait de la guerre en Ukraine. Néanmoins, reprendre les activités de l’organisation semble compliqué, car il s’agit de relation complexe entre Prigojine et les dirigeants africains. À cela s’ajoute, toujours selon Ulrich Bounat, une capacité qu’avait Prigojine à utiliser des activités particulières pour en financer d’autres. C’est donc bien Prigojine qui a fait l’ADN de Wagner.
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Conclusion
Si Wagner peut rester autonome, le plus probable pour l’organisation est qu’elle soit intégrée directement à d’autres milices ou qu’elle soit contrôlée directement par des dirigeants russes. En effet, après la rébellion de juin dernier, Poutine ne laissera plus jamais un homme prendre autant de pouvoir en Russie.
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