lettres

Dans le cadre du programme de lettres de l’ENS 2024 qui aborde la question de la représentation littéraire, nous te proposons dans cet article un lexique regroupant les principales catégories de l’approche narratologique du récit. Bonne lecture !

Énoncé/Énonciation

On peut analyser le texte comme un produit fini, clos sur lui-même, ou comme le produit d’une énonciation, pris dans un acte de communication.

Discours/Récit

La distinction entre discours et récit est d’abord grammaticale, linguistique, avant d’être narratologique. Le discours renvoie à l’énonciation, c’est-à-dire à la situation de parole (locuteurs je/tu, embrayeurs spatiotemporels hier/demain) qui se réfère au lieu et au moment de l’énonciation ici/maintenant.

Tout au contraire, le récit ne renvoie pas à une situation énonciative marquée. Les pronoms personnels renvoient aux personnes marquées dans l’énoncé (il/elle) et non à la situation d’échange de paroles, et les repères spatiotemporels (la veille, le lendemain, etc.) se construisent aussi par rapport à l’énoncé, et non à l’énonciation.

L’alternance discours/récit dans un texte narratif construit des effets de sens cruciaux.

Fiction/Référent

La fiction est un monde construit par le texte et n’existant que par ses mots, ses phrases, son organisation. De l’autre côté, on trouve ce qu’on appelle le hors-texte, le monde réel. Cette distinction invite toujours à analyser l’univers, l’histoire et les protagonistes à travers des signes linguistiques qui les constituent.

Il faut donc noter que la notion de fiction renvoie à ce qui est textuel (ou pas) et est donc à distinguer des catégories vrai/faux, réel/imaginaire. La fiction (aussi appelée diégèse) renvoie à la mise en scène du récit (univers spatiotemporel, histoire, personnages). La fiction se reconstruit progressivement au fil du texte.

Effet de réel

Roland Barthes désigne ainsi la mise en valeur d’un détail qui, ne présentant pas d’intérêt narratif et ne signifiant rien, produit seulement un effet de fidélité au réel.

Il prend en exemple au début de son article le baromètre de Madame Aubain dans Un cœur simple de Flaubert, détail superflu qui ferait pénétrer le lecteur dans la maison décrite.

Auteur/Narrateur

Le premier désigne l’être humain qui a existé ou existe (hors-texte) et le second renvoie à l’être fictif qui n’existe que dans et par le texte (énonciateur interne). Se joue dans cette distinction la liberté de l’auteur de raconter à travers de multiples identités.

On peut s’appuyer sur les analyses proposées par Gérard Genette pour analyser le narrateur. Genette distingue les voix narratives (qui renvoient aux modes d’implication du narrateur dans le récit) des perspectives narratives (qui renvoient à la question de savoir qui perçoit dans le récit).

Type de narrateur

Étudiant les voix narratives, Genette propose de distinguer deux attitudes narratives : faire raconter par un de ses personnages, ou par un narrateur étranger à l’histoire.

Le narrateur absent de l’histoire est dit hétérodiégétique, tandis que celui qui est pris dans l’histoire est dit homodiégétique. Dans le premier cas, le récit domine sur le discours. Si le narrateur homodiégétique raconte sa propre histoire, on peut le dire autodiégétique.

Fonctions du narrateur

La fonction narrative (fonction de base) : le narrateur raconte et évoque le monde.

La fonction de régie : le narrateur organise et commente éventuellement l’organisation et l’articulation du récit (on peut parler de fonction métanarrative pour le commentaire).

La fonction de communication : le narrateur s’adresse directement au narrataire, afin d’établir ou de maintenir le contact avec lui.

La fonction testimoniale : le narrateur manifeste le degré de certitude ou de distance qu’il a avec l’histoire qu’il raconte. Cette fonction apparaît également lorsque le narrateur exprime ses émotions par rapport à l’histoire (fonction affective), un jugement de valeur (fonction évaluative).

La fonction idéologique : le narrateur interrompt son histoire pour apporter un propos didactique, un savoir général qui concerne son récit (fonction explicative, fonction généralisante).

Narration

Renvoie aux choix techniques et créatifs qui organisent la mise en scène de la fiction, son mode de représentation : type de narrateur, perspective choisie, ordre, rythme… On peut distinguer la narration de la mise en texte qui renvoie aux choix lexicaux, syntaxiques, rhétoriques, stylistiques.

Utiliser le trinôme fiction/narration/mise en texte permet de dépasser dans l’analyse la bipartition fond/forme.

C’est la fin de cet article qui, nous l’espérons, t’aura permis de cerner les grands enjeux de cet ouvrage. Pour lire davantage d’articles sur les prépas littéraires, qu’ils soient académiques, méthodologiques ou sous forme de témoignages, ça se passe ici. Tout au long de l’année, nous t’accompagnons en publiant des ressources, alors reste connecté(e).