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Dans cet article, tu retrouveras une analyse de la présence économique, militaire et politique de la France en Afrique. Cette analyse se fait chronologiquement afin que tu retiennes le plus facilement l’évolution de cette relation. Nous partirons de la période précoloniale et finirons aujourd’hui.

La France en Afrique : période de la colonisation

L’histoire de la France en Afrique commence bien évidemment dès 1850, avec la colonisation. Une date à retenir est peut-être 1885, date du discours de Jules Ferry sur les « races inférieures ».

L’Afrique est à l’époque le symbole de la domination de la puissance coloniale française. Son Empire, Afrique comprise, lui permet des débouchés économiques, notamment après la crise de 1929. Le commerce colonial atteint en effet 27 % en 1933 (27 % du commerce extérieur français est effectué avec des pays de son Empire colonial).

Cependant, des premières contestations se font entendre au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Au Maroc, où le parti de l’Istiqlal milite pour un départ de la France dès 1944, mais aussi à Madagascar où une insurrection éclate en 1947. La France refuse alors d’écouter les revendications des indépendantistes. En 1944, à la conférence de Brazzaville, Charles de Gaulle souligne que le lien entre la France et ses colonies (au premier rang desquelles les colonies africaines) est « définitif ».

Les décolonisations et l’héritage de la période coloniale

La décolonisation de l’Afrique française a donc été violente. Après la répression à Madagascar (1947), c’est la longue guerre d’Algérie (1954-62) qui laisse aujourd’hui des traces sur le continent. On peut retenir l’épisode du bombardement de Sakiet Sidi Youssef comme exemple des pratiques violentes de l’armée française pendant la guerre d’Algérie.

Dans ce contexte, Pierre Mendès France (alors président du Conseil des ministres) accorde l’autonomie aux protectorats marocain et tunisien en 1954, lors de son discours de Carthage. Face aux défaites à répétition, la France signe la loi-cadre Defferre pour l’autonomie de l’Afrique noire en 1956 et inscrit l’indépendance des colonies africaines dans la Constitution de 1958.

Après les décolonisations, la relation entre l’ex-métropole coloniale et les ex-colonies reste étroite. La Constitution de 1958, en créant la communauté française, garantit un lien intentionnel entre ces nouveaux États. Ce lien est entretenu minutieusement par Jacques Foccart, secrétaire général de l’Élysée aux affaires africaines et malgaches. Celui que l’on surnommera le Monsieur Françafrique a pris soin de sécuriser le pré carré français en Afrique. Cette période donne lieu à différents scandales, très bien résumés dans cet article de Major-Prépa.

À l’arrivée au pouvoir de Valéry Giscard d’Estaing en 1974, le contexte international est quelque peu différent, on est entré dans la « guerre fraîche ». La France y est plus interventionniste. Au-delà de l’affaire des diamants en Centrafrique, la France n’hésite pas à envoyer son armée défendre ses intérêts économiques au Zaïre, au Tchad, mais aussi en Mauritanie.

Le tournant des années 1990

Deux tournants ont lieu lors de la présidence de Mitterrand. Le premier, en 1990, lors du 16e sommet France-Afrique à La Baule, le Président prononce un discours de rupture où il annonce que la France ne soutiendra en Afrique que les États démocratiques. Et ce, afin de mettre fin à ce que l’on a appelé péjorativement la Françafrique.

Le second, en 1994, au Rwanda. Quatre ans seulement après le discours de La Baule, l’armée française est inquiétée pour ses agissements au Rwanda, où elle aurait supporté les Hutus. L’affaire qui fera couler le plus d’encre est celle du drame de Bisesero, où l’armée française, ayant mis quatre jours à intervenir, aurait pu épargner des milliers de Tutsis.

Suite à ce drame, la France ne peut plus se permettre d’intervenir de manière unilatérale en Afrique. Elle risque de se faire accuser d’ingérence, voire de complicité avec les régimes en place. La relation entre la France et ses ex-colonies est donc mise sur pause, afin d’être redéfinie.

La France en Afrique depuis le début des années 2000

La relation actuelle entre la France et l’Afrique est donc héritière de cette période. La France n’intervient plus de manière unilatérale, mais toujours sous mandat onusien, ou dans le cadre d’une mission de l’Union européenne. C’est le cas avec l’opération EUFOR Tchad/RCA en 2008. En effet, cette opération se conduit avec tous les pays de l’Union européenne, sur décision du Conseil de sécurité de l’ONU.

L’interventionnisme français en Afrique reste, dans les années 2000, timide. Il faut attendre la présidence de François Hollande pour que la France renoue avec les interventions militaires. S’enchaînent alors l’opération Serval au Mali (2013), puis l’opération Barkhane au Sahel (2014) et l’opération Sangaris en République centrafricaine (2013-2016). Serval est une opération unilatérale de l’armée française. Elle a débuté après la rencontre entre François Hollande et le Président nigérien Mahamadou Issoufou.

À l’inverse, l’opération Barkhane (remplaçant l’opération Serval) se fait avec l’aide d’armées étrangères et en partenariat avec les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad). Enfin, l’opération Sangaris se déploie par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. La France n’intervient plus seule en Afrique.

La politique africaine de Macron

Emmanuel Macron a, en arrivant au pouvoir en 2017, l’ambition de redéfinir la relation entre la France et l’Afrique. Il la veut plus horizontale (en rompant avec la relation verticale caractéristique de la Françafrique) et multilatérale (d’où son soutien au G5 Sahel).

Pour la rendre plus horizontale, Emmanuel Macron désire s’adresser moins aux élites des pays africains qu’aux populations de ces derniers. C’est ainsi qu’au sommet « Afrique-France » de 2021, aucun chef d’État africain n’est convié par la Présidence française. À la place, ce sont des entrepreneurs et des personnalités que le gouvernement veut rencontrer, afin de développer davantage de projets de développement locaux.

Pour cela, Emmanuel Macron adopte une perspective libérale fondée sur l’augmentation de l’Aide publique au développement (APD, qu’il veut monter jusqu’au seuil des 0,55 % du PIB) afin de financer des start-up africaines, des nouvelles technologies sur le continent…

Pour la rendre plus multilatérale, Emmanuel Macron a activement soutenu le G5 Sahel, en aidant à son financement grâce à « l’Alliance Sahel ». Cette dernière a pu sécuriser des financements français, allemands, européens, mais aussi de la Banque mondiale.

La présidence Macron a été marquée par de grandes décisions en faveur d’une relation franco-africaine apaisée

On peut citer l’assentiment à la sortie du franc CFA, la reprise des relations avec le Rwanda (avec la parution d’un rapport d’un groupe de recherche pour mettre à jour les responsabilités françaises) et l’approfondissement de la politique de restitution d’œuvres d’art.

Pour autant, force est de constater qu’il demeure impossible pour la France de renoncer aux attributs de la puissance en Afrique. Sa présence militaire reste importante, avec près de 3 100 éléments prépositionnés à Dakar, au Gabon, en Côte d’Ivoire et à Djibouti. Le départ de la France de certains territoires d’intervention (fin de la mission Barkhane au Sahel en 2021) ne se fait jamais de manière spontanée. La France est toujours poussée vers la sortie par les gouvernements locaux.

La montée d’un sentiment antifrançais en Afrique

Les mouvements antifrançais observés au Mali, au Burkina Faso, au Sénégal ou encore au Niger sont avant tout l’expression d’un rejet de la domination d’une puissance extérieure, anciennement coloniale : la France. Ils rappellent les manifestations qui avaient éclaté dans la Haute-Volta de Sankara (actuel Burkina Faso) entre 1983 et 1987, ou encore en Côte d’Ivoire dans les années 2000, sous la présidence de Gbagbo.

Des symboles de la domination française sont pris pour cible, à l’image d’enseignes comme Auchan ou Total. Le drapeau national est réduit en cendres. Il faut souligner le rôle des médias dans cette montée du sentiment antifrançais. Notamment des médias russes, la Russie déployant des trolls et manipulant l’information.

Ainsi, la France perd de son influence sur le continent africain. Non seulement son influence politique s’amenuise, mais son ancrage économique s’évapore progressivement. Si 12 % du commerce africain était réalisé avec la France en 2000, ce ne sont aujourd’hui plus que 7 %.

La « pax gallica » française se voit éclipsée par de nouveaux États faisant preuve de pragmatisme économique. C’est le cas de la Chine (devenue premier partenaire commercial de l’Afrique en 2009 et du Maghreb en 2013), de l’Inde, de la Turquie ou encore du Brésil. Surtout, l’Afrique tend à se réintégrer elle-même : le Maroc et l’Afrique du Sud n’hésitent plus à investir dans des pays africains.

Pour faire face à cette perte d’influence, la France européanise sa politique africaine. On l’a vu militairement et politiquement, mais c’est aussi le cas économiquement. Le New Deal en est la consécration.

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