Dans La Territorialisation : proposition pour la compréhension du phénomène par une entrée systémique, le géographe Raymond Woessner met en avant la position gagnante des métropoles dans la mondialisation. « Face à la mondialisation, des régions qui perdent ne parviennent plus à se maintenir. À l’inverse, de nouveaux entrants apparaissent, à l’image des métropoles fondées sur le bing bang des activités financières ou encore sur l’économie de connaissance. » En plus de tenir une position gagnante dans la mondialisation, les métropoles sont le symbole de ce phénomène. Mais la métropolisation présente de nombreux enjeux que nous allons étudier dans cet article.
Introduction
Une métropole est un « ensemble urbain de grande importance qui exerce des fonctions de commandement, d’organisation et d’impulsion sur une région et qui permet son intégration avec le reste du monde » (Géoconfluences).
Les métropoles sont des lieux de concentration des populations et de pouvoir. Elles entretiennent un lien très étroit avec le phénomène de mondialisation que l’on étudiera dans cet article.
La métropole : un espace gagnant de la mondialisation
Si l’on reprend la définition d’Olivier Dollfus, la mondialisation se caractérise par un « échange généralisé entre les différentes parties de la planète, l’espace mondial étant alors l’espace de transaction de l’humanité ». Ainsi, l’avènement de la mondialisation dans les années 1980 va mettre en relation le monde et créer des interdépendances, mais aussi mettre en concurrence des territoires et les hiérarchiser.
Les métropoles sont des grandes villes qui exercent des fonctions de commandement. Elles concentrent les flux financiers et commerciaux, mais également les flux humains (immigration, tourisme) grâce aux infrastructures de transport. Ce qui explique leur attractivité. Plus de la moitié de la population mondiale vit en ville et vers 2030, ce chiffre atteindra les 75 %. On compte aujourd’hui 28 villes de plus de 10 millions d’habitants, alors qu’on n’en comptait que 10 en 1990.
Aussi, les métropoles concentrent les pouvoirs politiques avec les sièges d’organisations internationales (ONU et FMI à New York, Banque mondiale à Washington, OMC à Genève…), les pouvoirs économiques, en accueillant les sièges sociaux des FTN, les pouvoirs financiers et culturels grâce à leur patrimoine.
Les métropoles : reflet d’une mondialisation présentant de nombreux défis
Nous avons vu que la mondialisation met en concurrence, hiérarchise et crée des interdépendances. C’est le cas des métropoles qui fonctionnent en réseau et se concurrencent pour polariser l’espace mondial. Elles sont même hiérarchisées. C’est pour cela que l’on peut affirmer que les métropoles sont la traduction spatiale du phénomène de mondialisation.
Les métropoles occupent une position centrale dans les réseaux et sont plus dépendantes les unes des autres que du reste de leur territoire. Cette « grappe » de villes mondiales a été regroupée par Olivier Dollfus sous le terme d’archipel mégalopolitain mondial. Ces villes dirigent le monde, sont interdépendantes les unes des autres et s’exonèrent de leur environnement immédiat. On peut inclure dans ce groupe la « BosWash », la mégalopole japonaise « Tokaido » et la mégalopole européenne qui s’étend de Londres à Milan en ajoutant Paris.
La concurrence et les stratégies des métropoles
Bien qu’elles fonctionnent en réseau, les métropoles sont en concurrence et développent donc des stratégies pour mettre en valeur leur territoire et être attractives, notamment dans le domaine économique et politique.
Pour cela, elles mettent en avant leurs projets urbains et culturels (musées, centres commerciaux, stades…) qui les démarqueront. Ce fut le cas de plusieurs projets : Burj Khalifa à Dubaï, ou le Louvre Abou Dhabi. Elles mettent également en place des événements sportifs ou culturels pour attirer les visiteurs (Jeux olympiques, Exposition universelle…).
Aujourd’hui, la durabilité devient un critère central et les villes mettent en place des objectifs de développement durable de plus en plus nombreux (lutte contre la pollution, espaces verts, isolation des bâtiments…). Cette concurrence s’explique par le fait que les métropoles sont hiérarchisées. Elles le sont selon plusieurs critères : population, richesse, capacité d’influence… Quatre villes se démarquent des autres : New York, Tokyo, Londres et Paris. De nombreux classements existent. Celui du GaWC se base sur la puissance, la centralité et la connectivité. Il classe les villes mondiales dans des catégories (Alpha, Beta, Gamma) au sommet desquelles on trouve Londres et New York.
Les déséquilibres
La métropole, illustrant les phénomènes liés à la mondialisation, met également en lumière ses déséquilibres. La mondialisation a renforcé les inégalités à grande échelle et celles-ci sont visibles au sein des métropoles mondiales qui ont connu ce que Manuel Castells appelle une « dualisation sociale » (La Question urbaine). C’est-à-dire que ce sont les populations les plus riches qui concentrent la majorité des richesses.
On retrouve également une forme de ségrégation dans l’aménagement des métropoles, avec des centres comme les quartiers d’affaires et les centres périphériques, où l’on trouve les pôles technologiques, des universités, etc., face auxquels des périphéries sont en marge et concentrent la pauvreté. Les banlieues dans les pays développés en sont l’exemple.
Dans les pays en développement, face à une croissance urbaine en explosion, les bidonvilles se multiplient. Ce défi sera majeur à l’avenir, car l’essentiel de la croissance démographique lors des 30 prochaines années se fera dans les villes du Sud, selon l’ONU. Cette croissance urbaine dans le Sud est propice au développement de l’emploi informel et à la dégradation des terres. Ce qui expose les populations aux catastrophes naturelles.
Étude de cas
Les villes au cœur de la lutte contre le réchauffement climatique
La croissance urbaine est un des phénomènes majeurs du XXIe siècle, on devrait compter près de 63 % de la population mondiale qui vivra en ville en 2030. Dès lors, cette croissance met la ville au cœur des enjeux environnementaux. Cette croissance urbaine entraîne un étalement urbain qui dévore les terres arables et dégrade l’environnement.
Aux États-Unis, le coût de l’étalement urbain s’élève à 400 milliards de dollars, soit 2,5 % de leur PIB par an. En 2005, les villes se sont unies pour agir contre le dérèglement climatique en rejoignant l’alliance Cities Climate Leadership Group (C40). À travers cette alliance, les villes se détachent de leurs États respectifs et mènent leurs propres politiques. Ceci illustre ce que Pierre Veltz appelle une « économie d’archipel », c’est-à-dire que les villes sont davantage dépendantes les unes des autres que de leurs propres périphéries.
Ainsi, des politiques de décarbonisation des villes, nécessitant une collaboration étroite entre les différents secteurs du bâtiment, de l’énergie et des transports, se mettent en place. Par exemple, la ville de Londres s’est imposée comme leader dans les efforts de réduction des émissions de carbone. Le maire, Sadiq Khan, a ramené à 2030 l’objectif de la ville de devenir neutre en carbone.
Le sujet des métropoles est au cœur du module 2 et n’est jamais tombé au concours. Il pourrait facilement être relié à d’autres problématiques telles que la mondialisation ou le développement durable. N’hésite pas à jeter un coup d’œil aux notions clés sur les villes qui te permettront de te démarquer sur une copie et à consulter toutes nos ressources de géopolitique.