Équateur

En quelques jours seulement, l’Équateur a été chamboulé par des événements de violence inédits, symptomatiques de l’augmentation incontrôlée du pouvoir des groupes armés dans le pays. La prise d’otages en direct d’un plateau télévisé dans la ville de Guayaquil le 9 janvier a animé une grande partie des médias. Cela a alors mis la lumière sur la crise d’insécurité que subit l’Équateur. Voici un récapitulatif des faits ainsi que certains éléments de compréhension de ces événements.

Récapitulatif des faits

Le 7 janvier, Adolfo Macías, le chef de gang de Los Choneros et ennemi numéro 1 du pays, s’évade de prison, ainsi qu’un autre chef de gang de Los Lobos, Fabricio Colôn Pico. Suite à cela, des émeutes ont commencé dans les prisons avec des prises d’otages de plus d’une centaine de gardiens et du personnel de prison, dont certains ont été assassinés.

Par ailleurs, les violences ont augmenté dans les rues, et en particulier dans la ville de Guayaquil. Le 9 janvier, un groupe armé a fait irruption sur le plateau d’une chaîne de télévision populaire dans le pays et a détenu en otages les employés présents. L’intervention de la police peu de temps plus tard permet d’arrêter les terroristes sans qu’aucun n’otage ne soit tué. L’université de Guayaquil a également fait l’objet d’une tentative de prise d’otages par un groupe armé.

Le Président récemment élu, Daniel Noboa, a déclaré un état d’exception de 60 jours pour rétablir l’ordre et essayer de retrouver notamment Adolfo Macías, surnommé Fito. Selon les mots du Président, l’Équateur vit un « conflit armé intérieur ».

Un contexte d’augmentation effrénée de la violence

Ces événements surgissent dans un contexte où l’Équateur subit un état d’insécurité sans précédent dû à l’essor des narcotrafiquants dans le pays.

Pour comprendre pourquoi l’Équateur est devenu le pays le plus violent d’Amérique latine, je t’invite à lire cet article.

En 2023, il a battu un record historique d’homicides avec 7 878 morts, selon BBC News Mundo. L’argent obtenu par le trafic permet à ces groupes d’infiltrer les organismes de pouvoir du pays.

La réaction du gouvernement

Les forces de l’ordre ont arrêté 329 personnes après cette vague de violence, selon El País. Le Président équatorien a déclaré un état d’exception qui lui permettrait d’avoir plus de marges d’action pour rétablir l’ordre. Il a également classé 22 groupes comme terroristes, ce qui implique une intervention militaire plus importante.

Le 23 novembre 2023, Daniel Noboa est devenu le nouveau Président de l’Équateur. Il oriente son programme principalement sur les problématiques économiques et de sécurité et a promis de réformer profondément le système carcéral. Mais celui-ci fait face à plusieurs difficultés, notamment l’absence de ministère de l’Intérieur, élément clé pour la sécurité. Il envisage de mettre en place un référendum pour que la population puisse accepter l’imposition de mesures plus strictes pour lutter contre les cartels.

L’Équateur est donc en proie à un fléau endémique en Amérique latine qui affecte tous les domaines de la société. La réponse de Noboa, si elle est forte, pourrait avoir comme conséquence une restriction des libertés fondamentales. Et le spectre de la méthode Bukele se fait de plus en plus fort dans le pays.