mondialisation

Tu trouveras dans cet article une analyse complète et détaillée du sujet suivant : « L’inscription dans la mondialisation est-elle une voie de développement pour les États africains et leur société ? » Ce sujet demande de prendre en compte de nombreux facteurs et d’avoir une réflexion assez poussée sur ce qu’on entend précisément par « insertion dans la mondialisation » et « voie de développement ».

Définir les bornes du sujet et trouver des pistes de réflexion

Cette étape, comme tu dois le savoir, est cruciale dans l’analyse d’un sujet. Elle permet d’abord de bien comprendre le sens du sujet et de voir où est-ce que tu peux aller dans ta réflexion et jusqu’où. Mais la définition des bornes du sujet permet surtout d’éviter le fameux hors sujet, puisque c’est là où tu vas définir les « bornes », donc les « limites » du sujet.

Ici, le sujet fait ressortir trois grands mouvements :

  • L’inscription dans la mondialisation
  • Une voie de développement
  • Les États africains et leur société

Il est important de procéder à un « découpage » du sujet comme ici puisque c’est ça qui te permettra de voir ce dont tu dois parler ou non. Pour cela, tu as juste à repérer les mots ou les groupes de mots les plus importants, ceux qui guident le sujet. Il peut y en avoir deux, comme trois ou cinq, cela dépendra du sujet.

Par exemple, pour le sujet ESCP 2014, « L’Afrique subsaharienne est-elle à l’écart du monde ? », on peut repérer deux grands mouvements :

  • L’Afrique subsaharienne : ici, très important de définir précisément l’espace géographique pour ne pas parler de pays qui sont hors Afrique subsaharienne au fil de ta dissertation (type Égypte ou Maroc).
  • Être à l’écart du monde : ici, essayer de comprendre concrètement ce que signifie « être à l’écart du monde », comment l’Afrique subsaharienne peut-elle être perçue comme cela, qu’est-ce qui fait qu’elle puisse être à l’écart du monde, quels sont les facteurs qui l’écartent du monde… Et, à l’inverse, chercher des éléments qui montrent qu’elle est insérée et qu’elle participe aux échanges.

Si on revient au sujet, il faut désormais trouver des pistes de réflexion pour chaque borne. C’est-à-dire mettre à l’écrit en premier ce à quoi nous fait penser cette borne (une inscription voulue, contrôlée, dominée ? un développement économique, social, politique ?), et ensuite trouver des idées qui sont en lien.

L’inscription dans la mondialisation

Deux termes importants à décortiquer : inscription et mondialisation.

Inscription 

Ici, on pourrait penser à quatre pistes de réflexion.

  • Premièrement, dans ce type de sujet, il est indispensable de faire apparaître de la profondeur historique dans tes paragraphes (tu pourrais par exemple consacrer la première sous-partie de ta première grande partie à cela). En effet, la forme de l’inscription des États africains dans la mondialisation diffère selon la mondialisation dont on parle, donc de l’époque. Ainsi, il est clair que l’inscription des États africains dans la première mondialisation (au XVIe siècle) était fondée sur le commerce triangulaire, tandis qu’au XIXe siècle et dans les années 1980, cette inscription s’est faite via une domination. Le fait de mettre de la profondeur historique te permet donc de trouver des éléments de réflexion pertinents et de te poser les bonnes questions : l’inscription des États africains dans la mondialisation est-elle voulue ? contrôlée ? ou se fait-elle par une quelconque domination ?
  • Ensuite, on peut se demander s’il n’y a qu’une seule manière pour un État de s’inscrire dans la mondialisation ou s’il y en a plusieurs. Par exemple, cette inscription pourrait passer par les importations/exportations, par les matières premières, par le facteur travail, par le territoire, etc.
  • Par ailleurs, il serait intéressant de faire une analyse multiscalaire. C’est une bonne technique pour faire ta troisième partie, puisque cela te permet de raisonner à différentes échelles et donc d’élargir ton domaine de réflexion. En effet, l’inscription des États peut aussi bien être individuelle (A) que régionale (B) ou continentale (C).
  • Finalement, il faut s’interroger sur les facteurs qui permettraient aux États africains de s’insérer dans la mondialisation. L’Afrique subsaharienne a effectivement des éléments qui pourraient lui permettre de s’inscrire : une puissance démographique des plus importantes, des ressources énergétiques et des matières premières abondantes, ou encore la possibilité de s’appuyer sur de grandes puissances africaines (Afrique du Sud, Angola ou Côte d’Ivoire, par exemple).

Mondialisation 

D’abord il faut impérativement donner une définition claire et précise de la mondialisation en introduction, et si possible une citation. Il y en a beaucoup, donc pas de panique, le but est d’en avoir une que tu connais vraiment bien, car elle pourra t’être utile dans beaucoup de sujets et notamment en colles.

À titre personnel, j’utilisais celle de Suzanne Berger, dans son ouvrage Notre première mondialisation, qui définit la mondialisation comme étant :

« Une série de mutations dans l’économie internationale qui tendent à créer un seul marché mondial pour les biens, les services et le capital. »

Pour traiter ce sujet, il faut également faire ressortir les différents types de mondialisation. De quelle mondialisation parle-t-on exactement ? La mondialisation économique, financière, religieuse ? Ou encore la mondialisation grise (qui ici a une place centrale) ? Il conviendra donc de traiter ces différentes possibilités, qui permettront d’étayer ta réflexion.

Une voie de développement

Ici, il te faudra définir aussi en introduction ou au cours de ta dissertation le terme de développement. Le développement est un « processus socioéconomique qui permet l’amélioration des conditions de vie et de la qualité de vie des populations » (Stéphanie Beucher).

On peut aussi bien parler de développement économique, social, que politique ou culturel. Il faut travailler sur chaque terme et réfléchir à ce qu’il en ressort. Ici, le développement politique, par exemple, est fondamental puisque les États africains sont marqués par de fortes instabilités politiques. 

Enfin, on peut réfléchir sur le « une » dans « une voie de développement ». La mondialisation est une voie parmi d’autres.

Les États africains et leur société

Pas de difficultés ici, on notera qu’on doit parler des États africains dans leur ensemble, le sujet ne se restreint pas à l’Afrique subsaharienne. Donc, on pourra mentionner aussi bien le Kenya que la Tunisie ou la Somalie.

Élaborer le plan

La deuxième étape est de trier tes idées et d’élaborer ton plan. Je te propose ici deux types de plans différents.

Un type de plan avec un exemple d’analyse multiscalaire en troisième partie

I – L’Afrique, un territoire avec des avantages comparatifs importants

A) La mise en compétition des espaces par la mondialisation

B) Un espace géographique assis sur des ressources exceptionnelles 

C) Et qui peut s’appuyer sur ses grandes puissances africaines émergentes qui vont tirer le territoire et l’intégrer dans la mondialisation

II – Des avantages comparatifs qui permettent une inscription, mais qui ne servent pas au développement

A) Difficile transition vers l’indépendance d’un point de vue politique

B) Des tensions et conflits qui minent le continent (avec un maintien de la subordination aujourd’hui à de nouveaux acteurs)

C) Une mondialisation non contrôlée : la mondialisation grise

III – Doit amener à une réaffirmation nécessaire des systèmes pour tirer profit et en faire une voie de développement – Les solutions pour que cette insertion soit une voie de développement intéressante

A) Échelle nationale : objectif de mettre fin à la corruption et aux inégalités territoriales pour permettre le développement

B) Échelle régionale : objectif de s’unir pour jouer sur la régionalisation

C) Échelle internationale : objectif de remodeler la mondialisation, de faire en sorte qu’elle soit plus positive pour l’Afrique par exemple

Un type de plan plus détaillé 

I – Une Afrique périphérique et dominée dans la mondialisation 

A) Une inscription forcée et contrainte dans la mondialisation (c’est ici qu’il faut mettre en valeur la profondeur historique)

  • Première mondialisation (dès le XVIe siècle) : notamment via le « commerce triangulaire », un commerce transatlantique qui reliait l’Europe, l’Afrique et les États-Unis
  • Deuxième mondialisation : le processus de colonisation a contraint les États africains à s’inscrire dans la mondialisation
  • Troisième mondialisation : il faut prendre en compte ici les plans d’ajustements structurels (PAS) et la malédiction des matières premières à laquelle sont confrontés de nombreux États africains

B) Des spécialisations perverses dans la mondialisation

  • Spécialisation perverse : spécialisation qui se traduit par une détérioration des termes de l’échange et donc par une impossible industrialisation (Bhagwati)
  • Économies extractives : F. Cooper parle d’État portier pour expliquer la malédiction des matières premières (paradoxalement, plus un État est riche en matières premières en Afrique, plus il est marqué par l’instabilité ou par le maldéveloppement). Ces matières premières peuvent se traduire par :
    • une conflictualité pour les contrôler
    • une façon pour les élites au pouvoir d’en tirer une richesse qui n’est ensuite pas redistribuée et qui bloque le développement économique, social et politique
  • Insertion dans la DIT
  • Agriculture : spécialisation perverse et position faible dans les exportations qui les caractérisent le plus

C) Son inscription dans la mondialisation grise déstabilise et empêche le développement

  • Place importante de l’informel en Afrique
  • L’Afrique devient un relais pour les flux de drogue entre l’Amérique latine et l’Europe (Sénégal, Nigeria et Mali deviennent des plaques tournantes redistribuant la cocaïne latino-américaine vers les pays d’Europe)
  • Les flux de migrants participent de cette mondialisation informelle africaine
  • L’Afrique contribue au financement des groupes armés, donc nourrit la conflictualité (exemple des diamants de sang, trafic d’armes, exploitations criminelles notamment au Mali…)
  • Tout cela affaiblit l’État (exemple de la Guinée-Bissau qui devient un « narco-État ») et pose des menaces sur de plus en plus d’États (Abidjan tend à devenir un pôle d’éclatement des routes de la cocaïne)

II – Un sous-continent qui tente de tirer profit de la mondialisation pour se développer 

A) Les IDE : vecteurs d’industrialisation

  • 40 % des IDE en Afrique ciblent spécifiquement les ressources minières et énergétiques 
  • En 2020, la France reste le premier investisseur en Afrique subsaharienne en stock d’IDE, devant la Chine et les États-Unis (actions de Total ou Eramet pour les matières premières, d’Orange, de la Société Générale, ou encore de Carrefour, car on a des marchés émergents en Afrique)
  • Par exemple, le Nigeria a le principal marché domestique d’Afrique subsaharienne, ce qui fait qu’il attire des IDE pour desservir son marché : Stellantis procède à des assemblages de voitures au Nigeria
  • L’Éthiopie reçoit des IDE chinois notamment dans le textile. 

B) Une tentative de régionalisation et l’utilisation de sa position géographique pour se développer

  • Deuxième région au monde où le commerce intrarégional est le plus faible : 18 %
  • Régionalisation institutionnelle : deux zones franc CFA, CEDEAO, East African community ou ZLECAf (concrétisation d’un projet d’union douanière à l’échelle continentale sur le modèle européen)
  • Régionalisation effective : par exemple, depuis 2010, un gazoduc relie le Nigeria à toute l’Afrique guinéenne

 

C) Des matières premières et des ressources énergétiques abondantes

  • Afrique subsaharienne représente 12 % des réserves prouvées de pétrole et de gaz 
  • Scandale géologique
  • Certains États africains font partie des mieux placés sur les énergies solaires, et donc attirent plus les puissances extérieures. Exemple de l’Égypte avec son parc solaire « Benban »

III – Un continent qui subit les recompositions de la mondialisation et empêche le développement

A) Le rôle croissant des FTN

  • Aborder le fait qu’on a des extractions sans transformations et impacts réels sur les États africains et leur société, et surtout qui profitent à une seule minorité. On a des économies extractives avec une concentration des élites dans quelques villes littorales négligeant la quasi-totalité du pays.

B) L’Afrique, un théâtre des nouvelles rivalités

  • Parler des conflits patents dans certaines régions, des guerres civiles internationalisées qui sont en lien avec la mondialisation :
    • la guerre au Mali qui remonte à 2002 et qui est accentuée par l’influence des Frères musulmans égyptiens ou du Tablighi pakistanais
    • l’insurrection islamiste en 2009 au Nigeria de Boko Haram, lequel se rattache à l’État islamique en 2016 dans le cadre des liens transnationaux liés à la mondialisation antioccidentale
  • Facteur qui déstabilise les sociétés et donc empêche le développement

C) Une nouvelle forme de mondialisation : la mondialisation religieuse

  • Un certain nombre de conflits opposent des ethnies de religions différentes sur une ligne de fracture entre chrétiens et musulmans
  • Aborder ici la question de la diffusion de la mouvance islamiste

Voilà, j’espère que cet article t’aura aidé(e) à comprendre les enjeux découlant de ce sujet et qu’il t’aura guidé(e) sur comment bien décortiquer un sujet afin d’éviter de tomber dans le hors-sujet.

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