Lire des bonnes copies est très utile pour s’améliorer et mieux comprendre les attendus du concours. On te propose de lire une copie de SES, notée 17/20 à la BCE en 2023, sur le sujet : « Peut-on gouverner par les incitations ? » Tu trouveras la copie en cliquant sur ce lien et le rapport de jury sur celui-ci. Elle fait douze pages, ce qui est assez court pour une copie de SES, mais il s’agit d’une longueur normale compte tenu de la durée de l’épreuve, plus courte que celle des Écoles normales supérieures (4 heures au lieu de 6). Une des principales difficultés de ce concours est justement de s’habituer à un format différent !
Les qualités de la copie
Cette copie possède évidemment beaucoup de qualités, qui justifient la note attribuée.
L’introduction prend ainsi le temps de définir les termes du sujet en s’appuyant sur des références précises (Musgrave, Frey, Bacache-Beauvallet), en le problématisant. Note que les articles et ouvrages cités sont toujours datés. Leur titre accompagne quasi systématiquement le nom de l’auteur.
Le plan est explicite et clair :
- I : les incitations orientent efficacement les choix des agents ;
- II : elles peuvent avoir des effets pervers ;
- III : une gouvernance efficace ne peut pas uniquement s’appuyer sur des mécanismes incitatifs.
Indiquer la numérotation des parties (I, II, III) et des sous-parties (A, B, C) au début de chaque partie, comme le fait cette copie, permet de clarifier le propos d’une copie de SES.
De plus, la progression est logique et mobilise la plupart des références attendues (Becker, Frey, Roth, Bacache-Beauvallet, Sunstein et Thaler). Remarque enfin la présence d’une représentation graphique. Les jurys de SES les valorisent, à condition qu’elles soient correctes !
Une copie imparfaite
Tu peux cependant constater qu’elle comporte un certain nombre de défauts. On peut ainsi avoir une très bonne note en faisant une copie loin d’être parfaite.
On peut, par exemple, reprocher la définition réductrice du mot gouverner. L’auteur de la copie écrit ainsi que « gouverner, c’est mettre en place un ensemble de mesures permettant l’administration d’un ensemble assez large ». C’est relativement flou. Il mentionne bien l’existence d’une « gouvernance d’entreprise », sans développer cet aspect dans le corps de la copie.
« Le terme gouverner, certes très ouvert, a lui aussi été en général bien défini, mais parfois limité à une dimension de prise de décision dans le cadre de politiques publiques ; une réflexion sur la fonction de préférence étatique (versus fonction de préférence individuelle), posant ainsi la question de l’agrégation des fonctions de comportement des agents, pouvait par exemple également être sollicitée. Plus généralement, trop peu de candidats ont mis en évidence les différentes facettes du concept de gouverner, à savoir le gouvernement, au sens des sciences politiques principalement, et la gouvernance ; or cela permettait d’enrichir l’analyse dans deux directions : la différence entre l’incitation d’une part et la contrainte ou l’obligation d’autre part, et la sociologie des organisations à travers la gouvernance d’entreprise. » (rapport de jury)
Cette absence de réflexion sur ce terme crée ainsi un déséquilibre entre économie et sociologie dans le traitement du sujet. Il faut citer à la fois de l’économie ou de la sociologie, mais tu n’as pas besoin de respecter un équilibre parfait. Par contre, on aurait ici pu développer un peu l’aspect sociologique. Granovetter, Weber ou Durkheim ou Bourdieu auraient été bienvenus !
De fait, la troisième partie devient un peu « fourre-tout », sans vraie évolution par rapport à la deuxième partie. Même si elle apporte des références intéressantes. Le jury a sans doute sanctionné cela dans la note finale.
Ces quelques défauts n’enlèvent cependant rien aux grandes qualités de cette copie !
D’autres copies sont disponibles dans notre grange à copies. N’hésite pas non plus à consulter notre rubrique dédiée aux prépas littéraires, dans laquelle tu trouveras de nombreuses ressources utiles pour préparer les concours.