innovation

Ce sujet, très fréquent à l’oral, est désormais un incontournable, même à l’écrit, car il fait écho à tous les sujets des quatre modules du programme. Il est donc essentiel d’en connaître les thèses et les concepts, afin d’alimenter au mieux sa copie (souvent en prospective) ou bien son sujet oral.

Perspective historique

Le premier grand basculement se déroule avec les Grandes découvertes, accélérées au profit de l’Occident. On assiste alors à un gain en production à partir du XIXe siècle. Cela a alors eu un rôle dans les rapports de force.

Les révolutions industrielles sont en effet synonymes de révolutions techniques, qui ont induit des révolutions agricoles ou encore des progrès dans les industries mécaniques et chimiques, et qui ont eu un effet en chaîne sur les autres secteurs. On parle donc plutôt d’Âge industriel. Les révolutions se superposent, mais ne se remplacent pas.

  • Première : machine à vapeur de James Watt (1769), charbon, métallurgie, sidérurgie
  • Deuxième : années 1970-80 : pétrole, électricité, chimie
  • Troisième : à partir de 1945, nucléaire, génétique, numérique

Aujourd’hui, les enjeux technologiques sont au cœur de la puissance (Chine, États-Unis, Russie : Poutine 2017, « celui qui deviendra leader en IA deviendra le maître du monde »).

Thèse importante

Joseph Schumpeter, Théorie de l’évolution économique : la croissance économique s’explique par le progrès technique et c’est son irrégularité qui justifie l’irrégularité de la croissance. Il dit que le capitalisme est un « processus de déconstruction créatrice ».

Il distingue :

  • invention : la découverte d’un produit nouveau ou d’une technique ou d’un procédé nouveau ;
  • innovation : l’application d’une invention par un processus de fabrication. Selon l’économiste, les innovations surviennent en « grappes » sous l’effet de la consommation, du transport et de l’organisation industrielle.

La recherche et le développement

Les recherches

Il faut distinguer deux types de recherches. Premièrement, la recherche fondamentale, qui vise à solutionner des problèmes concrets et avoir une application directe par des travaux expérimentaux. Par exemple, les recherches industrielles sur un marché donné. Deuxièmement, la recherche et le développement (R&D), visant à regrouper les dépenses de la recherche fondamentale ou de l’innovation pour assurer sa faisabilité industrielle.

Ensuite, le budget est indicateur de la capacité d’un État à jouer un rôle dans la compétition mondiale. En quelques chiffres : 10 pays réalisent 75 % de la recherche mondiale (haute technologie) et, en 2020, le budget numéro un est celui des États-Unis, avec 580 milliards de dollars (2e Chine, 3e Japon, 7e France avec 2,2 % du PIB consacré).

On peut également distinguer la recherche publique par le CNRS ou encore le CNES, qui comptabilisent à eux deux 100 000 chercheurs, de la recherche privée réalisée par des entreprises privées pour des nouvelles techniques spécifiques.

Les brevets

Un brevet est une protection de l’innovation technique. À noter que certains sont sujets à débat, comme celui à propos de la levée provisoire avec la Covid en 2021.

Il existe un brevet spécifique, le Brevet européen à effet unitaire, qui date de 2013, qui est une coopération renforcée excluant Croatie et Espagne et permettant par une seule demande à l’OEB (Office européen des brevets) d’obtenir une protection de l’innovation en question dans 25 États membres de l’Union européenne.

Les entreprises de la haute technologie

Ce sont des entreprises à haute valeur ajoutée définie par le poids des dépenses. On constate que la véritable innovation technologique est disruptive pour les entreprises, car elle implique une rupture sur celles qui font le pari de miser sur des produits susceptibles de changer la nature de la demande des usages.

Les principales notions liées sont :

  • la start-up : jeune entreprise innovante avec une forte croissante de son activité ;
  • la licorne : entreprise de création, non cotée en Bourse, mais valorisée à au moins un milliard de dollars ;
  • le concept du techno-globalisme : réseaux d’alliance de recherche entre entreprises.

Innovation et capitalisme

Quelques concepts clés

« Capitalisme » : Jeremy Rifkin, L’Âge de l’accès, 2005 : mise en évidence d’une nouvelle culture, c’est l’âge de l’accès. Les marchés laissent la place aux réseaux entre les biens, les vendeurs, les services et les utilisateurs. On constate des aspects positifs sur l’économie, mais on déplore une exploitation des données par le marketing.

« Capitalisme de surveillance » : Shoshana Zuboff, The Age of Surveillance Capitalism, 2018, met en évidence les sources de profit de l’industrie numérique qui exploite les données personnelles et vend aux annonceurs des prédictions pour une meilleure publicité et un meilleur ciblage.

Loi de Moore : 1965, Gordon Moore (un des fondateurs de Intel), développe la puissance des circuits des microprocesseurs.

Internet, vers la révolution numérique

  • Internet : réseau à vocation universelle visant à relier les ordinateurs et à transmettre les informations numériques par transmission de données. Origine : Arpanet en 1969 à l’Université de LA (militaire au départ).
  • Darkweb : partie du cyberespace qui contient des ressources numériques non accessibles aux moteurs de recherche classiques, très verrouillés, trafics en tous genres (armes, drogues), mais peut aussi avoir des effets positifs (anonymat). Ex. en 2019 : le site Wall Street Market fermé par la police allemande. Cela permet à presque 1MI de clients de se fournir en drogues, en faux papiers auprès de 4 500 commerçants.
  • Réseaux sociaux : mutation politique et géopolitique majeure de ces dernières années influant sur la stabilité politique. Ex. : rôle dans les Printemps arabes, les élections américaines, la structuration des forces d’opposition à un régime autoritaire.
  • Big Data : processus globaux de collecte de données -> x 80 entre 2005-2016 et x 2 tous les deux ans maintenant.

GAFAM vs BATX

Les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) contribuent au messianisme américain, extraterritorialité, à l’expansion de la culture, véhiculent des valeurs, sont de véritables instruments de puissance (Facebook = trois milliards d’utilisateurs actifs).

Les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi)

La Chine, c’est 850 millions d’internautes en 2020 (22 millions en 2000) : le pouvoir cherche à contrôler, le pays est pionnier dans de nombreux domaines (paiement par smartphone ou reconnaissance faciale par exemple, Made in China 2025).

  • Huawei est devenu l’interlocuteur indispensable dans le développement de la 4G et la recherche de la 5G, basé à Shenzhen. Fondé en 1987, le géant est le premier équipementier de réseaux mobiles et en plus d’être l’entreprise chinoise la plus internationalisée, elle est la première firme mondiale pour le dépôt de brevets.
  • La Grande muraille numérique : désigne la fermeture du cyberespace chinois par un pare-feu et son contrôle par le pouvoir politique forme un « bouclier doré ».
  • Loi chinoise 2017 sur le renseignement : impose de coopérer avec les services de renseignements chinois et de ne pas communiquer sur les échanges, le parti dispose d’un droit de regard sur les décisions du conseil d’administration = reprise en main.

L’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle consiste à mettre en œuvre un certain nombre de techniques pour permettre aux machines d’acquérir une sorte d’intelligence réelle. C’est une sorte de prolongement de la révolution numérique, spécialisée et autonome.

  • AlphaGo : programme ayant battu le champion du monde de jeu chinois de Go + IA pour chinois = occasion d’effacer le siècle de la honte.
  • Smart cities = villes connectées, de l’avenir, où l’IA pourra réguler le trafic automobile, optimiser la consommation énergétique et garantir la sécurité des biens et des personnes.

Territoires de l’innovation, qui sont les gagnants et les perdants ?

Typologie des territoires

  • Technopoles : territoires qui réunissent en périphérie urbaine des centres universitaires et de recherche et des entreprises travaillant sur des technologies innovantes. On y retrouve une synergie des acteurs, qui constituent un environnement favorable à l’éclosion d’entreprises. En France, elles ont fleuri, mais ne sont pas véritablement des pôles d’innovation efficaces, elles sont des coquilles relativement vides.
  • Clusters : territoires regroupant des entreprises distinctes mais reliées entre elles et appartenant à un même secteur d’activité, à une même filière. Comme les incubateurs d’entreprises, par exemple.

Impacts sur les territoires

Le cyberespace comporte trois composantes majeures :

  • les données numériques : isolées, elles ont peu d’intérêt, traitées par des algorithmes, recoupées, croisées, elles acquièrent une grande valeur ;
  • un maillage des réseaux : gros consommateurs d’énergie ;
  • les applicateurs, logiciels, plateformes numériques : the winner takes it all.

Fracture numérique (terme des années 2000) : désigne l’inégalité entre les territoires ou entre les individus. En France, par exemple, en 2019, 15 % de la population n’a pas utilisé Internet. Cela met en jeu l’illettrisme, l’illectronisme…

Neutralité du Net : il garantit le libre accès de tous aux réseaux. Il peut parfois être mis en danger, abrogé en 2018 par Trump aux États-Unis par exemple.

Des réseaux numériques polarisés

Les câbles sous-marins : ces satellites représentent 1 % des échanges de données, 99 % par les câbles. Ils sont moins chers, plus rapides.

En 2019, 4 500 câbles représentaient 30 fois le tour de la Terre. En chiffres, 10 milliards de transactions numériques y passent au fond des mers. La sécurité représente aussi un intérêt vital.

La technologie comme outil de puissance

La Chine

  • Le plan Made in Chine 2025 lancé en 2015 : par exemple, pour la robotique, l’objectif est de répondre à 70 % des besoins du pays en 2025, contre 30 % en 2015. L’objectif est de bien servir les intérêts nationaux et de ne pas/plus attendre l’étranger.
  • 5G : il y a des normes définissant la capacité d’Internet mobile à transporter de données en quantité et en rapidité. Le but étant d’augmenter la vitesse de connexion et de servir d’interface entre les objets connectés.

Université et brain drain

On compte 5,5 millions d’étudiants internationaux dans le monde. Les premiers pays d’accueil sont les États-Unis, la Chine loin derrière.

Le classement de Shanghai est un classement des universités du monde, dont les critères sont basés sur le potentiel de recherche, beaucoup plus que l’enseignement. Ainsi, les 20 premières en 2021 comptent 16 américaines, trois britanniques et seulement une française (Paris-Saclay en 13e).