border crisis

La frontière des États-Unis a toujours été un point sensible dans le dialogue politique et une source de crises récurrentes. Si les administrations républicaines ont souvent tendance à mener une stratégie de répression intense, en déportant les migrants ou en construisant les murs, qu’en est-il des démocrates ?

Les frontières, un élément crisogène interne historique

Les États-Unis ont deux frontières terrestres principales, une avec le Canada et une avec le Mexique. C’est la frontière avec le Mexique qui est la seule source de crises et de discordes au sein du continent nord-américain.

Un point historique

Depuis des décennies, l’immigration et la frontière entre les États-Unis et le Mexique ont été au cœur des débats politiques. Ces dernières années, cette question a été exacerbée par ce que beaucoup appellent la « crise frontalière ». 

Les racines de cette crise remontent aux années 1980 et 1990. Les États-Unis ont connu une augmentation significative de l’immigration en provenance d’Amérique centrale, en grande partie en raison de conflits politiques, de troubles économiques et de la violence généralisée. Ces flux migratoires ont été alimentés par des politiques de guerre civile et de guerre contre la drogue menées par les États-Unis en Amérique centrale, ainsi que par des facteurs socioéconomiques comme la pauvreté et le chômage. Cette période a été marquée par des mouvements de population massifs, avec des milliers de personnes fuyant leur pays d’origine pour chercher refuge et sécurité aux États-Unis.

Au tournant du XXIe siècle, la question de l’immigration est devenue un sujet de débat politique brûlant aux États-Unis. La réforme de l’immigration est devenue une priorité pour de nombreux politiques, mais les divergences d’opinions sur la manière de gérer les flux migratoires ont souvent paralysé le processus législatif.

Quelles sont les causes de la border crisis ?

Alors que cette crise a souvent été exploitée à des fins politiques, elle représente avant tout un défi humanitaire complexe, qui exige une réponse sérieuse et nuancée.

La crise frontalière a été alimentée par divers facteurs, notamment les conditions économiques et politiques instables dans les pays d’Amérique centrale, la violence des gangs, les catastrophes naturelles et les politiques migratoires restrictives des administrations américaines précédentes.

Ces facteurs ont conduit à une augmentation significative du nombre de migrants qui cherchent désespérément refuge et sécurité.

Une crise de nouvelle envergure

La crise frontalière a pris une dimension nouvelle et alarmante, avec l’augmentation spectaculaire du nombre de familles et d’enfants non accompagnés arrivant aux frontières américaines à partir de 2014. Ces migrants ont été confrontés à un système d’immigration américain débordé et souvent inadéquat pour répondre à leurs besoins.

Les politiques de l’administration Obama, telles que l’expansion des centres de détention et le renforcement des patrouilles frontalières, ont été critiquées pour leur brutalité et leur inhumanité. Tandis que l’administration Trump a mis en œuvre une politique de « tolérance zéro », qui a conduit à la séparation forcée des familles et à des conditions de détention déplorables.

Toutefois, l’administration Biden doit faire face à une crise d’une nouvelle envergure. Effectivement, la crise migratoire est traditionnellement associée aux régions frontalières, mais elle se déporte désormais dans les villes démocrates et en ayant des répercussions. Par exemple, l’envoi de migrants devant la Maison-Blanche par un Southern gouverneur attire l’attention de l’administration démocrate quant à l’urgence de cette situation et ce problème politique majeur.

La réponse des démocrates face à la border crisis

Des mesures, toujours des mesures

En ce qui concerne la situation actuelle à la frontière, les démocrates ont plaidé en faveur d’une approche plus humaine et compatissante. Ils ont critiqué la politique de « tolérance zéro » de l’administration précédente, qui a entraîné la séparation brutale des familles et des conditions inhumaines dans les centres de détention. Les démocrates ont appelé à une réforme du système d’immigration garantissant le traitement équitable et la dignité des migrants, tout en protégeant la sécurité nationale.

Tout d’abord, ils ont souligné l’importance de traiter les causes profondes de la migration, notamment la pauvreté, la violence et l’instabilité politique dans les pays d’origine des migrants. C’est pour cela que Biden s’est invité au Mexique chez AMLO pour lui indiquer un plan à suivre, assez strict, pour réduire la violence au Mexique. Toutefois, les ambitions de son confrère, si elles sont identiques, n’utilisent pas la force pour redresser l’indice de sécurité. 

En outre, les démocrates ont mis l’accent sur la nécessité de renforcer les infrastructures et les ressources aux frontières pour traiter efficacement les flux migratoires. Cela comprend l’augmentation des effectifs et des ressources pour les services de douane et de protection des frontières, ainsi que l’amélioration des installations de traitement et d’hébergement des migrants.

Qui ne sont pas toujours utiles

Cependant, face aux flux de migrants qui arrivent chaque jour, malgré les mesures mises en place, une majeure partie d’entre eux sont éparpillés sur le territoire et arrivent dans les blue cities. Le Parti démocrate est donc confronté au mécontentement de son propre électorat. Mais la plus grande interrogation de cette administration reste tout de même l’utilisation des fonds alloués à la construction du mur qui ne construiront finalement « que » des barrières dans la vallée du Rio Grande.

La réponse démocrate n’est toujours pas claire, voire fâcheuse… surtout avec l’arrivée des campagnes intenses pour les élections de cette année. Le parti peut-il assumer de perdre des électeurs à cause de secrets, de budgets ou d’une mauvaise communication ? Cette crise frontalière reflète en d’autres termes le mandat Biden et les défis à relever pour garder la Maison-Blanche en novembre prochain.

Si tu souhaites écouter un podcast sur la crise frontalière, je t’invite à cliquer ici.