En cette année 2024, la Russie reste au centre du jeu international, tandis que les relations se tendent sur son propre territoire. Retour sur l’actualité en Russie de ce début d’année.
Affaires internationales, un sujet clé de l’actualité en Russie
Une guerre en Ukraine qui perdure
Alors que la guerre en Ukraine entre dans sa deuxième année, la Russie continue sa campagne, malgré la stagnation de ses positions. Dans son adresse annuelle à la Nation du 29 février, le Président russe Vladimir Poutine a mis l’accent sur les récentes victoires russes, permettant de considérables avancées sur le territoire ukrainien. Ce dernier joue en effet sur la position faible de l’armée ukrainienne, dont le moral est en berne, tandis que les munitions viennent à manquer. On peut citer, comme exemple, le territoire occupé du Donetsk, où les troupes ukrainiennes ont subi une défaite de taille en perdant la ville d’Avdiïvka. Une victoire symbolique pour le camp russe, mais au prix de pertes significatives.
Si l’Ukraine est la principale victime des attaques, la Russie est aussi touchée sur son territoire. Par exemple, la ville de Belgorod, située à 35 km du front, est régulièrement bombardée par l’Ukraine, mais aussi par la Russie, car elle est située dans une région où les combats font rage. D’autre part, pour fournir son armée, la Russie continue de recruter de nombreux prisonniers pour les envoyer sur le front. On estime aujourd’hui que près de 150 000 soldats proviennent de prison ou ont choisi de combattre plutôt que de purger leurs peines. En effet, désormais, les charges peuvent être abandonnées avant la condamnation, en échange d’un contrat avec l’armée.
Un axe anti-occidental qui se renforce
La Russie continue l’expansion de son influence en dehors de sa zone de prédilection, en s’affirmant comme un acteur incontournable en Afrique, remplaçant l’influence occidentale, héritée de la colonisation. Le 28 février 2024, les chefs de la diplomatie russe et malien, Sergueï Lavrov et son homologue Abdoulaye Diop, se sont rencontrés au Mali, autour de la thématique de la sécurité. Il faut en effet rappeler que le Mali est en proie à une menace terroriste élevée, qui s’est étendue sur l’ensemble de son territoire, visant à la fois la population civile et le pouvoir en place.
La Russie aujourd’hui s’est donc substituée aux troupes françaises qui, avant leur départ en 2022, opéraient des opérations de sécurité sur le territoire malien via l’opération Barkhane. Cette coopération consiste en la formation de soldats maliens par des instructeurs russes, ainsi qu’en la livraison de matériel militaire. Au niveau de la population, près de neuf Maliens sur dix estiment avoir confiance en la Russie pour aider à combattre l’insécurité et le terrorisme.
La Russie continue de renforcer ses relations avec l’Afrique et de reconstruire son influence, après la dissolution de Wagner, au travers d’Africa Corps. C’est notamment le cas au Niger, où le gouvernement a cessé ses relations avec la France et les États-Unis pour se lier avec le gouvernement russe. Les premiers soldats russes sont arrivés début avril, de même que le matériel militaire. La Russie s’est engagée auprès de Niamey à installer un système de défense antiaérienne pour permettre au pays de mieux contrôler ce dernier, selon les médias nigériens.
Cette arrivée est l’étape finale d’un rapprochement qui avait débuté début mars avec un entretien téléphonique entre Vladimir Poutine et le général Abdourahamane Tiani, qui a pris le pouvoir en juillet 2023 à la suite d’un putsch qui avait renversé le Président d’alors, Mohamed Bazoum.
Seconde Guerre mondiale et commémoration
Concernant ses relations géopolitiques avec le reste du monde, on peut noter que la Russie reste conviée à de grands événements internationaux, comme le démontre son invitation à commémorer le 80e anniversaire du débarquement en Normandie.
Ici, c’est bien la Russie qui est conviée et non pas son Président Vladimir Poutine qui, en raison de la guerre en Ukraine, n’a pas été invité par la Mission Libération qui organise les célébrations.
La politique intérieure au centre de l’actualité en Russie
L’opposition toujours plus en danger
S’il y a bien un fait à retenir dans l’actualité russophone, c’est celui de la mort de l’opposant Alexeï Navalny, le 16 février, dans une colonie pénitentiaire du Grand Nord russe. Ce dernier était emprisonné depuis son retour d’Allemagne, où il était resté en convalescence après son empoisonnement par les services secrets russes. Son décès illustre tristement la répression accrue des opposants au pouvoir russe, qui s’est intensifiée avec le début de la guerre en Ukraine. Dans un discours à Munich, sa veuve, Ioulia Navalnaïa, accuse directement le Président russe de l’assassinat de son mari, tout en demandant aux Européens de lutter contre ce dernier. Les funérailles d’Alexeï Navalny ont eu lieu le 1er mars, dans la capitale russe.
La répression de l’opposition a fait l’actualité en Russie, notamment avec l’arrestation de journalistes. Récemment, deux journalistes ont été arrêtés : Sergueï Kareline et Konstatin Gabov. Ces derniers sont des collaborateurs d’Alexeï Navalny et ont notamment participé à ses vidéos. Ils sont accusés d’extrémisme par la justice. Ils ne sont néanmoins pas les seuls à avoir été arrêtés par les autorités russes. Depuis le début de la guerre en Ukraine, nombre de journalistes ayant collaboré avec des agences de presse étrangères sont considérés comme « agents de l’étranger », et sont ainsi menacés par les autorités.
Vie politique : des élections sans surprise
En mars, l’actualité en Russie a été marquée par les élections présidentielles. Sans surprise, c’est Vladimir Poutine qui a remporté l’élection, avec près de 87 % des voix. Cette dernière a été vite condamnée par les gouvernements occidentaux, qui jugeaient le scrutin non libre et antidémocratique. La Chine et l’Iran ont néanmoins félicité Vladimir Poutine pour sa réélection. Si ces élections sont loin d’illustrer un régime démocratique, au vu du manque d’opposants au Président élu, il convient de noter que l’opposition a trouvé une manière de se faire entendre, en répondant à l’appel des proches d’Alexeï Navalny à aller voter à midi.
Si l’issue du scrutin était connue d’avance, Vladimir Poutine ayant modifié la Constitution afin de briguer un nouveau mandat, il n’empêche que certains ont tenté de proposer une alternative au Président russe, au pouvoir depuis 1999. On peut citer notamment l’opposant Boris Nadejdine, ancien député, qui avait recueilli le nombre de signatures nécessaires à sa campagne. Ce dernier se faisait remarquer par sa position contre la guerre en Ukraine. Néanmoins, sa candidature fut de courte durée, car rejetée par la Commission électorale, qui affirme avoir trouvé des irrégularités dans ses signatures. Malgré un appel, le recours de Boris Nadejdine a été rejeté. Ainsi, trois candidats se retrouveront face à Vladimir Poutine : Nikolaï Kharitonov (Parti communiste), Leonid Sloutski (Parti libéral-démocrate) et Vladislav Davankov (Parti des Nouvelles personnes).
Autrement, les autorités russes, via la Commission électorale centrale, ont aussi convié un panel d’experts étrangers, de près de 1 000 personnes, pour assurer le bon fonctionnement démocratique des élections auprès de la Communauté internationale.
Attentats de Moscou
Le 22 mars, Moscou a été touchée par un attentat visant une salle de concert, le Crocus City Hall, et faisant un bilan de près de 143 victimes. L’organisme à l’origine de cet acte est l’État islamique au Khorassan, une filiale de l’État islamique en Afghanistan, et dont faisaient partie les quatre terroristes tadjiks, qui ont été arrêtés peu de temps après.
Ces derniers ont comparu devant le tribunal, en présentant de nombreux signes de maltraitance. Un d’eux étant même à peine conscient durant son audience. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier depuis vingt ans sur le sol russe. Ce dernier a d’ailleurs provoqué une vague de haine envers les ressortissants musulmans venant d’Asie centrale.
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