Les élections américaines de 2024 se tiendront en novembre prochain et la bataille pour la Maison-Blanche s’avère rude et intense entre républicains et démocrates. Pour l’instant, les deux candidats qui s’affronteront sont le Président sortant, Joe Biden, et l’ancien Président, Donald Trump.
Bilan du mandat Biden
Le mandat Biden a été, par plusieurs épisodes, challengeant : la crise sanitaire, la polarisation extrême, les crises frontalières, la géopolitique mondiale…
La crise sanitaire et économique
L’une des priorités majeures de l’administration Biden a été la lutte contre la pandémie de Covid-19. Biden a lancé un plan agressif de vaccination visant à administrer des millions de doses de vaccin dans tout le pays. Grâce à ses efforts, le taux de vaccination a considérablement augmenté, ce qui a contribué à ralentir la propagation du virus et à sauver des vies. En effet, face à un taux d’obésité conséquent, les personnes fragiles face au virus se faisaient nombreuses, et la vaccination était donc un des points clés. Mais la crise sanitaire a posé un défi économique de taille.
Face aux ravages économiques causés par la pandémie, l’administration Biden a également mis en œuvre un vaste plan de relance économique, l’American Rescue Plan, d’un montant de 1 900 milliards de dollars. Le plan de sauvetage américain, adopté en mars 2021, a injecté des milliards de dollars dans l’économie, fournissant une aide directe aux ménages, aux petites entreprises, aux États et aux gouvernements locaux. Ces mesures ont contribué à stimuler la croissance économique et à réduire le chômage. Bien que les effets à long terme restent à voir.
Politique étrangère et intérieure
Sur la scène internationale, l’administration Biden a cherché à rétablir les alliances traditionnelles des États-Unis tout en adoptant une approche plus agressive vis-à-vis des puissances révisionnistes comme la Chine et la Russie. Le retrait des troupes américaines d’Afghanistan a été l’une des décisions les plus controversées de sa présidence, suscitant des critiques sur la manière dont elle a été gérée.
Dans le même temps, Biden a fait pression pour un retour des États-Unis dans l’accord sur le nucléaire iranien. Biden a essayé de rétablir la liaison avec l’Europe, mais la signature de l’IRA (Inflation Reduction Act) interroge sur la réelle nature des relations transatlantiques. Il a aussi tenu à retourner dans les accords de Paris.
Concernant la politique intérieure du pays, Biden n’a pas pu contester la décision de la Cour suprême de révoquer Roe v. Wade, qui accordait le droit à l’avortement dans tous les États-Unis. Aujourd’hui, plusieurs États, dont le Texas, ont décidé d’interdire et de punir l’avortement. A contrario, ces mêmes États militent pour l’autorisation du port d’arme, qui provoque pourtant encore de nombreuses fusillades dans tout le pays.
Quel programme pour Trump aux élections américaines de 2024 ?
Si Trump devait se présenter pour les élections présidentielles de 2024, il utilisera sûrement les mêmes thèmes qui ont été centraux dans sa campagne de 2016 et sa présidence de 2017 à 2021. Cela pourrait inclure un conservatisme en politique intérieure et étrangère, jusqu’à du populisme économique.
Conservatisme politique
Trump est un fervent défenseur des politiques conservatrices, notamment en matière de réduction des impôts, de déréglementation et de nominations judiciaires conservatrices. Ses nominations de juges à la Cour suprême lui ont permis de renverser Roe v. Wade et d’empêcher toute discussion sur une meilleure régulation des armes à feu, car ce droit figure dans la Constitution.
Les idées rigides sur l’immigration resteront un point central de son programme pour les élections américaines. Trump a entamé la construction d’un mur entre le Mexique et les États-Unis à la frontière et compte bien reprendre là où il en était. Il a pour objectif de renvoyer les migrants sud-américains de l’autre côté de la frontière afin de « favoriser » son peuple. Il a aussi enlevé certains programmes qui permettaient le regroupement familial. Ces idées sont d’autant plus populaires qu’il y a eu de nombreux soucis d’immigration avec Biden, qui s’est rendu avec Kamala Harris plusieurs fois dans les pays concernés, ou lorsqu’ils reçoivent des bus de migrants provenant des régions frontalières.
Trump a aussi adopté une approche unilatérale et nationaliste en matière de politique étrangère. Il a mis l’accent sur la défense des intérêts américains et le retrait d’organisations et d’accords internationaux qu’il considérait comme désavantageux pour les États-Unis. Il s’est retiré des accords de Paris et pourrait le refaire. De même pour les accords sur le nucléaire iranien. Il envisage aussi une lutte commerciale féroce contre la Chine, qui passera aussi par l’interdiction de TikTok pour réduire l’influence du soft power chinois sur le sol.
Populisme économique
Trump a souvent mis l’accent sur sa volonté de défendre les travailleurs américains et de renégocier les accords commerciaux qu’il jugeait injustes envers les États-Unis. Son ancien slogan, « Make America great again », prouve cette volonté de favoriser le peuple américain. On pourra donc assister à une renégociation des échanges internationaux et à un retour au protectionnisme du côté international. À l’échelle nationale, il promet une redynamisation du marché de l’emploi et une baisse de l’inflation qui n’a fait que grimper sous Biden.
Bien évidemment, il pourrait également mettre l’accent sur sa critique de l’administration Biden et du Parti démocrate, ainsi que sur la défense de son propre bilan en tant que Président.
Encore président à 85 ans : quel impact sur les élections américaines ?
Pour l’instant, les sondages annoncent Donald Trump vainqueur des prochaines élections américaines contre Joe Biden, si tous les deux sont investis par leur parti, ce qui semble être le cas. D’après une enquête publiée par le New York Times, Donald Trump gagnerait l’élection avec 48 % des voix des électeurs, contre 43 % pour Joe Biden.
Selon les sondages, près de 60 % des Américains désapprouvent la gestion de l’économie par le président Biden. En revanche, les cotes de Donald Trump sur les questions économiques sont considérablement meilleures. Cette disparité dans les perceptions ne présage rien de bon pour les chances de Biden de remporter l’élection présidentielle. D’autant plus que les électeurs considèrent l’économie comme le problème le plus important auquel le pays est confronté.
Cependant, l’économie américaine connaît une amélioration rapide. L’inflation diminue, la croissance est solide, le marché boursier est en plein essor et, si les investisseurs ont raison, la Réserve fédérale réduira les taux d’intérêt d’un point de pourcentage avant que les électeurs ne se rendent aux urnes.
Trois leçons émergent des études portant sur la relation entre la fortune économique et les résultats des élections américaines : les opinions sur l’économie comptent beaucoup, les électeurs détestent l’inflation et ont une mémoire courte. Plusieurs politicologues argumentent que les Américains « votent en fonction de ce qu’ils ressentent sur le moment » et « oublient ou ignorent comment ils se sont sentis tout au long du mandat de l’incumbent ». Une bonne chose pour Biden, qui pourra se contenter des meilleurs résultats économiques à venir, notamment avec la chute de l’inflation.
Toutefois, une étude de Ray Fair, de Yale, suggère que la réalité pourrait être plus compliquée. Selon lui, les élections présidentielles sont mieux prédites par un modèle incluant l’inflation sur l’ensemble du mandat du parti au pouvoir, même si la croissance économique récente a une importance particulière. Ainsi, Biden peut toujours espérer remporter l’élection malgré son âge.
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