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Analyse du sujet 2 de géopolitique ECRICOME 2024
Sommes-nous entrés dans l’ère de la démondialisation ?
I. Fait d’actualité
Février 2024 : La France, en proie à la colère de ses agriculteurs, a montré une ferme opposition à l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur. L’histoire a montré que la théorie des avantages comparatifs de Ricardo est peut-être une chimère. Le commerce est loin de lier “entre elles toutes les nations du monde civilisé par les nœuds communs de l’intérêt, par les relations amicales, et n’en faisant une seule et grande société”. Le libre-échange profite aux industries les plus compétitives, épuisant les secteurs fragiles. Ainsi, le commerce reste basé sur les rapports de force. L’accord commercial UE-Mercosur, signé en 2019, est aujourd’hui dans l’impasse, bloqué par de nombreux États dont la France.
II. Analyse des termes du sujet
Démondialisation
Le terme se comprend en partie grâce à son antonyme, la mondialisation, que l’on peut définir en citant Laurent Carroué : la mondialisation est le “processus historique d’extension progressive du système capitaliste dans l’espace géographique mondial”. Le terme de démondialisation peut s’interpréter de différentes façons : soit on parle d’un retour en arrière, soit d’un changement de direction, c’est-à-dire d’une alternative au modèle globalisé actuel. Le présupposé principal de ce terme est l’existence de limites qui ont été atteintes ou dépassées par le système capitaliste, au point de nécessiter un changement de modèle.
Le terme de démondialisation a été théorisé par le sociologue Walden Bello (Deglobalization, 2002), comme un processus qui ne signe pas la fin du commerce mondial, mais cherche simplement à raccourcir les circuits de production (produire pour des marchés locaux). Aujourd’hui, plutôt qu’alternative à la mondialisation, la démondialisation est plutôt considérée comme sa marche arrière, sur des sujets beaucoup plus larges que celui des circuits de production. La démondialisation se manifeste notamment par la relocalisation, le protectionnisme, le repli, la définanciarisation (régulation et contrôle de la finance mondiale). La notion d’antimonde sera également à mobiliser.
Sommes-nous entrés dans l’ère
Un passé composé qui suggère l’analyse d’un résultat, plutôt que d’une action en cours. Le sujet invite à dresser un bilan objectif, pour répondre à l’affirmative ou à la négative puisque la question est fermée. Toutefois, plutôt que défendre une position tranchée, il est recommandé de peser le pour et le contre, d’ajouter des nuances, de distinguer selon les territoires et les populations, d’identifier les questions sous-jacentes (sommes-nous sortis de l’ère de la mondialisation ?).
Au-delà du oui ou du non, une multiplicité de questions se pose. À supposer que nous soyons entrés dans l’ère de la démondialisation, depuis quand ? Comment ? Pourquoi ? Pour quoi ? Et si nous n’y sommes pas entrés, y entrera-t-on ?
Le nous suggère une universalité, alors que le monde est évidemment marqué par l’inégalité. Peut-on affirmer que tout le monde évolue dans un même paradigme économique, et à la même vitesse ? Certains sont-ils entrés dans une nouvelle ère, tandis que d’autres non ?
Ère (définitions du dictionnaire Larousse) : Période caractérisée par certains faits de civilisation / Toute période marquée par un état particulier.
III. Bornes chronologiques
Aucune borne chronologique n’est mentionnée dans le sujet. Toutefois, le sujet invite à faire un bilan sur le monde d’aujourd’hui au regard du passé (sommes-nous entrés). Il sera essentiel d’expliquer les évolutions de la mondialisation de 1913 à nos jours, et vers la fin de la dissertation, de proposer une ouverture sur l’avenir.
IV. Problématiques possibles
Dans un monde toujours plus connecté où les frontières s’effacent, peut-on vraiment parler de la démondialisation ? Les replis nationaux de ces dernières années constituent-ils un phénomène éphémère, dû au contexte post-pandémique, ou bien sont-ils le signe d’une réelle volonté de trouver des alternatives à un paradigme économique qui s’essoufle ? Parmi les territoires gagnants et perdants de la mondialisation, lesquels organisent la bascule dans une nouvelle ère, et à quel rythme ?
V. Plan suggéré
I. La tendance est à la mondialisation de 1913 à nos jours
II. On observe une demande pour un changement de paradigme, voire un retour en arrière
III. On est entré dans l’ère de la démondialisation sans quitter celle de la mondialisation. Cela crée des fractures, des tensions, à toutes les échelles. Il n’existe pas de modèle unifié.
VI. Quelques concepts et/ou auteurs
- Mondialisation/démondialisation
- Altermondialisme/Anti-mondialisme : rupture avec la mondialisation capitaliste libérale, pour la réguler ou l’enrayer
- Délocalisation/relocalisation
- Antimonde (Roger Brunet)
- Zone grise (espace de dérégulation sociale) : Gaïdz Minassian, Zones grises : quand les États perdent le contrôle (2011)
- NDIT/DIPP (Suzanne Berger)
- “Barriérisation du monde” (Olivier Dollfus) : la mondialisation est paradoxale car elle uniformise les comportements, contracte la planète, mais génère de l’exclusion à toutes les échelles, créant de nouveaux murs et une ségrégation socio-spatiale dans les villes
- “Avantages comparatifs”, David Ricardo : chaque pays doit se spécialiser dans les productions pour lesquelles il possède les avantages les plus importants sur ses concurrents, ce qui entraîne une nouvelle décomposition internationale du travail
- Zones Économiques Spéciales (ZES), zones franches
- Économies d’enclave
- Les “3D” de Henri Bourguinat : Déréglementation, Désintermédiation, Décloisonnement
- “Mondialisation par le bas” (Alain Tarrius)
- Uniformisation du monde / Village planétaire : The World is Flat, Thomas Friedman (2005), ou The Global Village, Marshall Mcluhan (1989)
- Le pouvoir des FTN face aux Etats
- Globalisation financière : elle désigne les aspects financiers de la mondialisation. Theodore Levitt, The Globalization of Markets (1983)
- Interfaces terrestres et maritimes / Hubs / Transport multimodal
- Mise en compétition des territoires selon l’accessibilité, la connectivité, la cognitivité
- Jacob Viner : les zones d’intégration régionale provoquent une distorsion et une création de trafic
- Le retour des frontières, Michel Foucher (2016)
- Le monde en 2035 vu par la CIA, Le paradoxe du progrès (2017)
- Protectionnisme économique et normatif
- Zones de libre-échange
- Le tourisme
- Guerres invisibles : Nos prochains défis géopolitiques, Thomas Gomart (2021)
- Le capitalisme numérique
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