croissance

Dans cet article, on va décrypter un sujet d’oral HEC 2023 : « La croissance et la décroissance : deux visions économiques depuis le début des années 2000 ». La difficulté de ce sujet est qu’il ressemble plus à un sujet d’économie qu’à un sujet de géopolitique. Mais rassure-toi, si j’ai réussi à décrocher une bonne note (17/20) avec un sujet pareil, toi aussi tu en es capable !

Comment aborder le sujet ?

Évidemment, lorsque le jury m’a donné le sujet, j’ai été très déconcerté. Je me rappelle même avoir demandé : « Il s’agit bien d’un oral de géopolitique, n’est-ce pas ? », devant les visages impassibles des jurys. Face à un tel sujet, il est essentiel de se demander : « Qu’est-ce que les examinateurs attendent de moi ? »

Alors, très vite, j’ai compris que même si j’avais bien étudié la géopolitique ces deux dernières années, cette école de commerce attendait de voir si j’avais quand même des notions d’économie. Heureusement pour moi, le programme de HGGMC aborde différents sujets économiques : les crises économiques, la géoéconomie, les guerres économiques, etc. Sans oublier le suivi de l’actualité et la lecture d’articles.

N’hésite pas à jeter un coup d’œil à nos articles économiques qui ne sont pas réservés aux ESH :

 

Le jury attend donc de voir si le candidat est capable de structurer une pensée problématisée avec les quelques connaissances qu’il a sur l’économie. C’est ce qu’on va voir ensemble !

Commentaires sur le brouillon

Tu trouveras ci-dessous mon authentique brouillon pour cet oral 2023. On va analyser ce que j’ai écrit, partie par partie. Tu retrouveras d’ailleurs à la fin de cet article un récapitulatif des références (livres, citations) que j’ai utilisées.

N.B. Mention spéciale à mon professeur de géopolitique qui voulait qu’on place trois entreprises, trois livres et trois citations (datées) à chaque khôlle, d’où les O1, C2, etc. 

Brouillon

Brouillon

Analyse du sujet

Introduction

En introduction, on n’oublie pas de définir les termes clés, si possible à l’aide d’une référence :

  • Croissance : François Perroux, L’Économie du XXe siècle, 1961 : « Augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une nation : le produit global net en termes réels. »
  • Décroissance : recherche d’une diminution de la croissance dans l’optique d’un impact durable.

 

N.B. Pour la décroissance, c’est tout ce que j’avais comme définition le jour de l’épreuve, pour te préparer encore mieux, n’hésite pas à lire notre article sur la décroissance.

Problématique : Comment se confrontent les deux visions économiques, croissance et décroissance, alors que celles-ci sont opposées et admettent chacune des revers ?

I. L’économie au début des années 2000 recherche la croissance

A) La croissance, un pilier d’une économie saine

Ici, j’ai avancé que la recherche de la croissance favorisait la circulation de l’économie, l’augmentation du niveau de vie, etc. C’est par ailleurs ce qui a permis les reconstructions d’après-guerre. Ainsi, jusqu’à présent, la croissance a été perçue comme un remède.

B) Une vision qui conforte l’idée de paix

La référence de Montesquieu qui va suivre m’a souvent aidé à compléter mes plans de sujet. Dans De l’esprit des lois (1748), Montesquieu montre que le commerce et la croissance sont favorables à la prospérité économique, sociale, et donc à la paix.

J’ai ensuite appuyé ma sous-partie par une autre référence pour montrer que la recherche de croissance, c’est la recherche d’une économie stable. Dans L’Irak, un siècle de faillite (2021), Adel Bakawan montre que si l’Irak est riche en pétrole, le pays n’a pas pu s’insérer pleinement dans la mondialisation en raison des crises, de la corruption, etc. Il est alors possible d’avoir un pays riche sans croissance en raison de ses instabilités.

C) D’où l’avènement d’une géoéconomie pour une recherche commune de croissance

Ici, j’introduis un terme clé, celui de géoéconomie. Donc, je le définis à l’aide d’une référence : Edward Luttwak, From Geopolitics to Geo-economics. Logic of Conflict and Grammar of Commerce, 1990 : « L’analyse des stratégies économiques diligentées par les États pour défendre leurs intérêts. »

On soutient ici qu’il existe des rivalités de pouvoir pour obtenir des parts de marché, des contrats, etc., puisque chaque acteur cherche à obtenir une mainmise sur son économie afin de favoriser la croissance de son pays.

Transition : Or, cette croissance effrénée n’est pas sans limites.

II. Or, cette vision admet des limites, d’où la notion de décroissance

A) La croissance effrénée mène aux crises économiques

Je liste des crises économiques en respectant la période du sujet (« La croissance et la décroissance : deux visions économiques depuis le début des années 2000 ») : crise internet (2000), crise des subprimes (2008), crise de la dette publique (années 2010), etc.

J’en ai profité pour ajouter une citation de Joseph Stiglitz, La Grande désillusion, 2002 : « Aujourd’hui, la mondialisation, ça ne marche pas. Ça ne marche pas pour les pauvres du monde. Ça ne marche pas pour l’environnement. Ça ne marche pas pour la stabilité de l’économie mondiale. »

Attention cependant à ne pas confondre mondialisation et croissance, il faut bien l’amener à l’oral.

B) Une croissance aux conséquences environnementales…

L’augmentation de la croissance engendre une augmentation de la production, de la consommation et donc des émissions de CO2, d’où l’avènement de groupes tels que le Club de Rome et son rapport Halte à la croissance (The Limits To Growth) qui dénonce l’impact écologique de la croissance.

C) … d’où la naissance de la décroissance

Je n’ai introduit ici que rapidement la notion de décroissance (manque de connaissance sur le sujet le jour de l’épreuve), mais suffisamment pour en faire une sous-partie. Comme quoi tout est possible !

Transition : Mais un tel processus est risqué pour l’économie.

III. L’économie recherche donc le compromis

A) La notion de croissance verte

J’introduis dans cette sous-partie la notion de développement durable et les différents accords multinationaux qui visent à limiter les impacts écologiques de la croissance (Accords de Paris lors de la COP21 de 2015, Accords Escazú en 2018, etc.).

N.B. Si la question environnementale en Amérique latine t’intéresse, tu peux lire notre article ici.

J’en profite pour caler mes trois entreprises. La notion de croissance verte n’est pas contradictoire puisque certaines entreprises font des énergies vertes leur business et favorisent la croissance : Vikram Solar (panneaux solaires, Inde), JA Solar (panneaux solaires, Chine) ou encore Goldwind (13 % des parts de marché mondial de l’éolien, Chine).

D’où ma citation : Xi Jinping, novembre 2005 : « Des eaux vertes et des collines verdoyantes donneront des montagnes d’or et d’argent. » Une citation que j’adore et qui m’a souvent servi ! Elle permet de montrer que la recherche de croissance verte, de transition écologique, est perçue par la Chine comme une source de richesse et de croissance. Il s’agit bien là d’un enjeu stratégique.

B) Résoudre les limites de la vision actuelle de la croissance

Cette sous-partie me permet d’introduire un schéma, c’est l’occasion de se démarquer à l’oral. La « Smiling Curve » de Stan Shih (et non pas S. Smith comme sur mon brouillon…) montre les inégalités de distribution des richesses dans le cycle de production d’un produit. Ainsi, les dynamiques de croissance ne profitent qu’à un faible nombre.

C) Or, cette nouvelle vision attise également des tensions

Enfin, le compromis croissance-décroissance est très recherché, mais est source de guerres économiques. En témoignent les conflits entre l’Argentine et la Bolivie qui contrôle 60 % du lithium et attire avec elle les plus grandes firmes mondiales s’intéressant à ce secteur de la transition écologique. Les visions économiques s’adaptent donc avec la géopolitique et la géoéconomie.

Conclusion

Ainsi, la croissance s’est révélée être jusqu’à aujourd’hui un remède, puis elle est devenue responsable de nombreuses crises, d’où la naissance de la notion de décroissance. Cependant, cette nouvelle vision pose problème, car elle se traduit par un ralentissement de l’économie et a de lourdes conséquences. Aujourd’hui, le compromis semble être la croissance verte, même si celle-ci attise également des tensions.

Récapitulatif des références utilisées

François Perroux, L’Économie du XXe siècle, 1961 : « Augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une nation : le produit global net en termes réels »

Montesquieu, De l’Esprit des lois, 1748

Adel Bakawan, L’Irak, un siècle de faillite, 2021

Edward Luttwak, From Geopolitics to Geo-economics. Logic of Conflict and Grammar of Commerce, 1990 : « L’analyse des stratégies économiques diligentées par les États pour défendre leurs intérêts. »

Joseph Stiglitz, La Grande désillusion, 2002 : « Aujourd’hui, la mondialisation, ça ne marche pas. Ça ne marche pas pour les pauvres du monde. Ça ne marche pas pour l’environnement. Ça ne marche pas pour la stabilité de l’économie mondiale. »

Club de Rome, The Limits To Growth, 1972

Xi Jinping, novembre 2005 : « Des eaux vertes et des collines verdoyantes donneront des montagnes d’or et d’argent. »

 

N’hésite pas à consulter toutes nos ressources de géopolitique !