Pour ce sujet, il est important de reposer un cadre historique et de passer par des explications des termes dans l’introduction. Nous verrons dans cet article comment analyser la domination des puissances européennes à l’aube de la première guerre mondiale.
Introduction
Le monde de 1913 peut être analysé à l’aune d’un système centre-périphéries décrit par Roger Brunet comme : « Un système dans lequel un noyau donne des impulsions, draine des richesses des périphéries qu’il capitalise à son profit, et y exerce une surveillance politique et économique ». On y trouve en position centrale les grandes puissances européennes, en particulier le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, capables « de faire, de faire faire, d’empêcher de faire, de refuser de faire ». C’est ainsi que le politologue Serge Sur définit la puissance d’un Etat. Mais ces pays sont aussi depuis plus d’un siècle les promoteurs du modèle d’Etat-nation qui porte en lui les germes de rivalités très fortes à l’intérieur de ce noyau central.
Problématique : On peut se demander dans quelle mesure l’hégémonie de l’Europe sur le monde n’est-elle pas menacée en 1913 principalement par l’affirmation de nationalismes de puissance aussi bien au sein du continent européen que dans d’autres continents ?
I- Les puissances européennes contrôlent très largement le monde de 1913
Leur avance industrielle les a dotées d’une maîtrise technologique et d’une capacité économique spectaculaires, dont découle une nette supériorité militaire, qui font de quelques Etats d’Europe occidentale des puissances sans équivalent dans le reste du monde. Ces pays ont conquis d’immenses empires coloniaux, expression de la portée mondiale de leur impérialisme. Enfin ils sont au cœur d’un « première mondialisation », dont ils polarisent les flux.
II-Leur domination est néanmoins confrontée à l’affirmation de puissances périphériques
Les Etats-Unis, grande puissance industrielle, qui entend faire de l’Amérique latine sa chasse-gardée et développe un impérialisme formel et informel. Le Japon, industrialisé sous l’ère Meiji, à l’expansionnisme affirmé en Asie, qui a défait en 1905 l’Empire russe à Port-Arthur.Par contre les empires multi-ethniques comme l’Empire austro-hongrois ou l’Empire ottoman, vastes et peuplés, sont trop affaiblis par les forces nationalistes centrifuges en leur sein pour rivaliser avec les pays d’Europe occidentale. L’immense territoire chinois connaît une forte instabilité politique et la jeune république est soumise aux Etats européens par un impérialisme informel.
III-Et les tensions qui existent entre elles au sujet du partage du monde les affaiblissent
Elles connaissent des rivalités fortes sur le terrain colonial. Elles se craignent mutuellement et se sont engagées dans des systèmes d’alliances concurrents, en particulier parce que l’Allemagne redoute une revanche française sur le conflit de 1870 à l’issue duquel elle avait annexé l’Alsace-Lorraine. Enfin, c’est la « poudrière des Balkans » qui en 1913 attire tous les regards. L’Allemagne y soutient les velléités de l’Autriche-Hongrie sur la Serbie alors que la France et le Royaume-Uni se rangent du côté de la Russie « protectrice des Slaves ».
Conclusion
En 1913, les puissances européennes exercent une domination mondiale indéniable, fondée sur leur avance industrielle, leur suprématie militaire et leur contrôle de vastes empires coloniaux. Cependant, cette hégémonie est loin d’être sans partage. L’émergence de nouvelles puissances industrielles comme les États-Unis et le Japon, ainsi que la montée des nationalismes au sein des empires multi-ethniques, fragilisent cette domination. De plus, les rivalités internes au sein même de l’Europe, exacerbées par la compétition coloniale et les systèmes d’alliances militaires, témoignent des fractures croissantes qui affaiblissent leur contrôle global. À la veille de la Première Guerre mondiale, l’Europe semble encore dominer le monde, mais cette domination est menacée de l’intérieur comme de l’extérieur, préfigurant l’effondrement d’un système centré sur le Vieux Continent.
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