Chine

Selon Janet Yellen, secrétaire au Trésor des États-Unis, l’émergence du pôle chinois a conduit à une bimondialisation, soit un monde où la mondialisation se divise en deux blocs distincts, principalement en raison des tensions entre les États-Unis et la Chine. À l’échelle mondiale, l’émergence de la Chine a bouleversé la hiérarchie des puissances et les rapports entre les États. À l’échelle régionale, la Chine souhaite devenir l’hégémon incontesté et faire de cette zone géographique sa chasse gardée. Toutefois, ses voisins réagissent face à cette volonté d’influence excessive, tout comme les États-Unis qui souhaitent eux aussi garder leur influence en Asie du Sud-Est. Ainsi, dans cet article, nous allons nous intéresser aux ambitions de la Chine en mer de Chine méridionale.

Des ambitions chinoises majeures

Des ambitions de projection de sa puissance

La puissance chinoise a toujours conservé certains aspects du hard power : son territoire et sa démographie ont constitué un socle de sa puissance qui n’a jamais disparu. À l’inverse, l’économie et la technologie ont connu une éclipse de 150 ans, avec une croissance exponentielle qui a permis cette émergence aussi rapide.

Aujourd’hui, la Chine propose une nouvelle architecture de gouvernance mondiale qui se forgerait sur les valeurs confucianistes. Elle propose un « leadership facilitateur » et s’oppose à la puissance dominante états-unienne.

Pour ce faire, la Chine a développé de nombreuses bases militaires sur son littoral, comme la base navale de Ningbo dans la province du Zhejiang ou la base navale de Zhanjiang dans la province du Guangdong. Ces bases jouent un rôle clé dans la stratégie maritime de la Chine, en soutenant la flotte de l’Armée populaire de libération.

S’ajoute à cela une volonté de s’imposer, parfois illégalement. En effet, la Chine a modifié sa zone d’identification aérienne en l’élargissant considérablement et en empiétant donc sur la zone d’identification aérienne japonaise. De plus, elle a décrété en 1948 que sa zone maritime s’étendait sur presque toute la mer de Chine méridionale. Elle a nommé cette zone maritime la « ligne des neuf traits », puis l’a enrichie d’un dixième trait en 2013.

Enfin, les « perles chinoises » sont des ports extérieurs qui ont été financés en partie par la Chine, qui constituent une arme d’influence et de projection de la puissance chinoise.

Des ambitions territoriales

Selon Xi Jinping, « la chine pour 2049 doit acquérir une position de leader mondial en matière de puissance et d’influence ». Ainsi, on constate une volonté de replacer la Chine en haut de la hiérarchie car, historiquement, la Chine est l’Empire du Milieu, où ses États voisins lui payaient tribut (un impôt reversé à l’Empire du Milieu).

Dès lors, la Chine a bien compris l’enjeu de projeter sa puissance. La mer de Chine méridionale devient son lieu idéal de projection. Pour ce faire, elle revendique des îles, des îlots et même des parts de territoires.

De plus, elle a mis en place un processus de bastionisation, qui se réfère à la militarisation progressive des îles artificielles et des récifs revendiqués par Pékin. La Chine a construit des infrastructures militaires, telles que des pistes d’atterrissage, des radars, des batteries antiaériennes et des installations portuaires. Ce renforcement vise à consolider le contrôle de Pékin sur cette zone stratégique et à affirmer ses revendications territoriales face aux autres pays riverains et aux puissances occidentales.

Une influence majeure

Un environnement stratégique

L’Asie du Sud-Est est la nouvelle région phare de la mondialisation. Selon Nicolas Baverez, il s’est opéré un « tournant vers l’Asie ». Soit, le cœur de la mondialisation s’est déplacé du pôle occidental au pôle asiatique et c’est en grande partie dû à l’émergence de la Chine, mais aussi aux caractéristiques de cette zone géographique riche.

En effet, les détroits stratégiques (Malacca et Formose) et les ressources (pétrole et minéraux) sont essentiels au commerce maritime mondial. Ainsi, la Chine souhaite capter ces richesses de façon à tirer profit et à déployer sa puissance. C’est pour cette raison qu’elle a élargi sa zone aérienne, sa zone maritime, et qu’elle a des ambitions territoriales qui vont au-delà de ses frontières. Les motivations sont financières, militaires et géopolitiques.

Typologie des relations de la Chine avec ses pays voisins

Dès lors, il est possible de faire une typologie, car les relations que la Chine entretient avec ses voisins dépendent de nombreux facteurs, tels que la proximité territoriale, le potentiel de coopération et les politiques adoptées par les États.

Voici la typologie proposée :

  • États satellites de la Chine : Laos, Cambodge
  • États intermédiaires : Vietnam, Népal
  • États quasi indépendants : Birmanie, Corée du Nord
  • États historiquement dans le bloc états-unien : Indonésie, Philippines, Japon, Thaïlande
  • États en situation de coopétition : Russie, Inde

Une résilience de ses voisins et une présence américaine

Des pays voisins qui réagissent

Les grandes puissances, telles que le Japon, l’Australie et l’Inde, ont mis en place des politiques à l’échelle nationale et des stratégies à l’échelle mondiale pour contenir cette puissance chinoise débordante.

Tout d’abord, cela passe par la mise en place de politiques nationales, comme la politique du 1+1 : si une entreprise japonaise réalise un investissement en Chine (1), elle doit aussi réaliser un investissement dans un autre pays (+1). Cela permet de limiter la prise de puissance économique de la Chine.

Ensuite, à l’échelle mondiale, via des accords bilatéraux avec les États-Unis, mais aussi des partenariats. Par exemple, l’Alliance du Quad est un partenariat stratégique réunissant les États-Unis, l’Inde, le Japon et l’Australie, visant à renforcer la coopération dans la région Indo-Pacifique. Ses principaux objectifs incluent la promotion d’une zone libre et ouverte, en réponse à l’influence croissante de la Chine. Les membres collaborent également sur des questions de sécurité, de cybersécurité, d’infrastructures et de technologies critiques.

De même, on peut évoquer l’Alliance des Five Eyes, qui est un partenariat de renseignement réunissant cinq pays : les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Il vise le partage des informations sur des menaces globales, telles que le terrorisme, la cybersécurité et l’espionnage. Il s’est particulièrement renforcé dans cette région.

Les États-Unis qui répondent

L’ancien hégémon a lui aussi répondu à cette prise de puissance et d’influence de la Chine dans la région.

Tout d’abord en augmentant le nombre de bases militaires chez ses pays alliés, comme au Japon, où l’on en compte désormais 23, avec la base aérienne de Kadena à Okinawa, la plus grande base aérienne américaine en Asie.

La flotte américaine s’ajoute aux bases militaires. La flotte américaine présente en Asie du Sud-Est est principalement la septième Flotte de l’US Navy, qui est la plus grande des flottes déployées des États-Unis. Elle couvre l’Indo-Pacifique, incluant l’Asie du Sud-Est, l’Asie de l’Est et une partie de l’océan Indien. Elle dispose d’environ 50 à 70 navires, 140 avions et 20 000 marins.

Ces dispositifs mis en place montrent le danger que représente la Chine aux yeux des États-Unis et l’importance de contenir ses ambitions d’influence et de prise de pouvoir dans la région.

Comment utiliser cet article dans ta copie

Dans le cadre de l’épreuve de géopolitique des prépas ECG, l’utilisation de cet article sur les ambitions chinoises en mer de Chine méridionale, associé à une carte de la région, peut enrichir ton analyse et démontrer ta compréhension des dynamiques géopolitiques.

Voici quelques conseils pour optimiser cette utilisation. Tu peux utiliser l’article en reprenant les citations ou les exemples qui t’ont paru pertinents, comme la politique du 1+1 par exemple. Il faut savoir les utiliser et les expliquer de façon précise dans ta copie. Tu peux mentionner la « ligne des neuf traits » que la Chine utilise pour revendiquer presque toute la mer de Chine méridionale.

Il faut expliquer comment cette revendication est perçue par ses voisins et par les États-Unis. Par exemple, tu peux écrire : « L’expansion de la zone maritime chinoise, matérialisée par la ligne des neuf traits, démontre non seulement l’aspiration hégémonique de Pékin, mais également la complexité des tensions qui en résultent avec les pays riverains et les États-Unis. »

Conclusion

En somme, les ambitions de la Chine en Asie du Sud-Est soulèvent des enjeux géopolitiques complexes qui redéfinissent les rapports de force dans la région. Alors que Pékin cherche à asseoir son hégémonie par des stratégies de projection de pouvoir et de militarisation, les États-Unis et leurs alliés intensifient leurs efforts pour contrer cette dynamique.

Cette confrontation ne se limite pas aux frontières maritimes, mais touche également des questions économiques et diplomatiques. À l’avenir, la manière dont ces tensions évolueront pourrait influencer non seulement la stabilité de l’Indo-Pacifique, mais aussi le cadre de la gouvernance mondiale.

Dans ce contexte, la coopération entre nations et le respect des normes internationales seront cruciaux pour éviter un conflit ouvert et promouvoir un équilibre durable.

 

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