Eva Duarte de Perón, plus connue sous le nom d’Evita, est une figure incontournable de l’histoire argentine. Épouse de Juan Domingo Perón, leader du mouvement péroniste et Président de l’Argentine, Evita est devenue un symbole de justice sociale et d’engagement envers les plus vulnérables. Sa courte vie, marquée par son ascension fulgurante dans le paysage politique et social argentin, témoigne de son impact profond sur le pays. Elle a notamment marqué l’histoire par ses initiatives humanitaires, sa lutte pour les droits des femmes et son rôle central dans le péronisme. Pourtant, sa vie a aussi été empreinte de controverses et de tragédies.
Une philanthrope visionnaire : la Fundación Eva Perón
En 1948, Eva Perón fonde la Fundación Eva Perón, un organisme qui devint rapidement l’épine dorsale de son action sociale. Cette fondation, financée en partie par des contributions volontaires d’entreprises et de syndicats, mais également par des fonds publics, a permis la mise en œuvre de vastes projets en faveur des classes populaires.
Sous la direction d’Evita, la Fondation a construit des hôpitaux, des asiles pour personnes âgées et des écoles modernes, témoignant de son souci de répondre aux besoins fondamentaux des citoyens.
Dans le médical
Les hôpitaux créés par la Fondation représentaient une révolution pour l’époque. Dotés des équipements les plus avancés, ces établissements étaient accessibles gratuitement à une population souvent exclue du système de santé.
L’un des exemples les plus célèbres est l’hôpital polyclinique d’Avellaneda, un complexe qui combinait soins médicaux et formation professionnelle pour les infirmières.
Dans l’éducation
La Fondation a financé la construction d’écoles primaires et secondaires dans les zones rurales et les quartiers pauvres. Des programmes de bourses ont été instaurés pour permettre à des milliers de jeunes issus de familles modestes d’accéder à l’enseignement supérieur.
Cette initiative reflétait la vision d’Evita : faire de l’éducation un levier d’égalité sociale.
Dans le tourisme social
Evita a également été la pionnière du tourisme social, une initiative inédite en Argentine. À travers la Fondation, elle a mis en place des colonies de vacances pour les enfants issus de milieux défavorisés. Ces séjours étaient organisés dans des lieux paradisiaques, tels que la célèbre Ciudad Infantil (Ville des Enfants), un complexe situé à Chapadmalal, au bord de l’océan Atlantique.
Ces vacances, entièrement financées par la Fondation, avaient pour but d’offrir un répit à ces enfants vivant dans des conditions souvent difficiles, tout en leur inculquant des valeurs communautaires.
Dans le logement
La Fondation Eva Perón a également fourni des aides au logement pour les familles les plus pauvres. Elle a financé la construction de maisons et de lotissements, offrant ainsi un toit à des milliers de personnes.
Cette approche intégrée, combinant éducation, santé et logement, montre l’ambition d’Evita de transformer en profondeur la société argentine.
Une femme politique confrontée à la pression et à la maladie
Le rôle politique d’Evita ne s’est pas limité à son action sociale
Rapidement, elle est devenue une figure politique influente, adorée par les classes populaires, mais vivement critiquée par les élites et les opposants au péronisme. Son engagement en faveur des droits des femmes, notamment par la promotion du suffrage féminin en 1947, et son rôle actif au sein du Parti péroniste féminin témoignent de sa détermination à élargir la participation des femmes à la vie politique argentine.
En 1951, une proposition émerge pour qu’Evita se présente à la vice-présidence aux côtés de son mari, Juan Perón, lors des élections de 1952. Soutenue par les syndicats et une grande partie des classes populaires, sa candidature symbolisait un tournant politique pour l’Argentine. Cependant, cette idée a suscité une vive opposition. Les élites militaires, économiques et politiques voyaient en elle une menace à l’ordre établi.
Le jour du renoncement
Le 22 août 1951, un événement marquant a eu lieu : El Día del Renunciamiento. Lors d’un discours retransmis à la radio et suivi par une foule immense, Evita annonce son refus de briguer la vice-présidence. Si elle invoque officiellement son désir de se consacrer pleinement à son rôle social, sa décision est en réalité dictée par des pressions externes.
Dans l’ombre, son état de santé joue également un rôle crucial. Depuis plusieurs mois, elle lutte contre un cancer du col de l’utérus qui affaiblit son corps, rendant improbable l’exercice des responsabilités politiques à un tel niveau.
Cet épisode reflète non seulement les tensions politiques de l’époque, mais aussi le courage et le dévouement d’une femme prête à sacrifier ses ambitions personnelles au nom de la stabilité nationale.
Une mort tragique et un deuil national d’une ampleur inédite
Eva Perón est morte le 26 juillet 1952, à l’âge de 33 ans, des suites de son cancer. Sa disparition plonge l’Argentine dans un deuil national sans précédent. Pendant plusieurs jours, des millions de personnes défilent dans les rues de Buenos Aires pour rendre hommage à celle qu’ils appelaient affectueusement Evita. Le gouvernement décréta une période de deuil officiel, et son corps fut exposé au siège de la Confédération générale du travail (CGT).
Les scènes de désespoir collectif sont saisissantes : des gens s’effondrant en larmes dans les rues, des files d’attente interminables pour voir son cercueil et des hommages spontanés dans tout le pays. Eva Perón avait réussi à incarner l’espoir et la dignité pour les classes populaires. Sa mort marque une rupture émotionnelle profonde pour des millions d’Argentins.
Le corps d’Evita fut embaumé par le Docteur Pedro Ara, qui utilisa une technique innovante pour préserver son apparence. L’objectif était de créer un mausolée où son corps pourrait reposer éternellement. Cependant, ce projet fut interrompu par le coup d’État militaire de 1955, qui renversa Juan Perón.
Sous la dictature civico-militaire, autoproclamée « Révolution libertaire », Evita devient une figure à bannir. Les nouvelles autorités considèrent son culte comme une menace pour leur régime. Son corps est donc enlevé, séquestré et caché pendant 16 ans. Il est transporté clandestinement en Europe, où il demeure dans un cimetière italien sous un faux nom. Ce traitement posthume reflète l’importance symbolique qu’Evita a acquise : même morte, elle continue de représenter une force politique redoutée.
En 1971, après de longues négociations, le corps d’Evita est rendu à Juan Perón, alors en exil en Espagne. Ce n’est qu’en 1976 que sa dépouille est rapatriée en Argentine et placée dans la tombe familiale des Duarte, au cimetière de la Recoleta, où elle repose aujourd’hui.
Conclusion
Eva Perón a été bien plus qu’une simple épouse présidentielle. À travers sa Fondation, elle a transformé des milliers de vies, offrant des opportunités aux plus démunis et posant les bases d’un modèle social plus inclusif. Elle a œuvré également pour les droits des femmes, faisant de leur émancipation un pilier de son héritage. Mais sa vie a été marquée par des luttes, tant personnelles que politiques. Son renoncement à la vice-présidence et sa mort prématurée révèlent à la fois la fragilité humaine et l’ampleur de son influence.
Sa disparition a laissé un vide immense, et l’obsession des régimes militaires à effacer sa mémoire témoigne de l’impact indélébile qu’elle a eu sur l’Argentine. Encore aujourd’hui, Eva Perón reste une icône universelle de justice sociale et de dévouement, une femme qui, malgré sa courte vie, a changé profondément l’histoire de son pays.
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