nouvelles guerres

Dans cet article, nous allons plonger dans le thème incontournable des « nouvelles guerres », un sujet au cœur des enjeux géopolitiques actuels. Il s’agit d’un sujet clé pour analyser les conflits modernes qui peut être très utile dans ton développement, notamment en conclusion ou en dernière sous-partie, pour apporter une perspective contemporaine et percutante à ton argumentation.

Analyse du sujet

Introduction

La fin de la Guerre froide n’a pas permis l’avènement d’un monde en paix, car les conflits majeurs se concentrent désormais dans les pays du Sud. Ces conflits prennent une nouvelle nature, principalement intraétatique (guerres asymétriques) plutôt qu’interétatique, et sont alimentés par des différends ethniques et religieux. Cependant, ils s’enracinent également dans les conséquences de la mondialisation, qui a enrichi les plus riches tout en appauvrissant les plus pauvres. Cela s’accompagne d’une décomposition des États et des sociétés, tout en s’inscrivant dans le cadre de la rivalité des grandes puissances.

Problématique : Pourquoi les guerres asymétriques ont-elles tendance à se développer au XXIe siècle, alors que ce type de conflit n’est pas nouveau ?

N.B. : Mention spéciale à mon professeur de géopolitique qui m’a sans cesse répété qu’une bonne problématique contient un paradoxe et donc qu’il fallait toujours retrouver la locution conjonctive « alors que » dans sa problématique.

I. La nature des conflits a changé

A) La fin de l’équilibre des forces dans le monde

Pendant la Guerre froide, l’équilibre des forces était maintenu grâce à la bipolarisation, rendant les menaces prévisibles. Cependant, en 1991, la fin de cet équilibre a entraîné l’émergence de nouveaux conflits asymétriques. Comme l’expliquent Bertrand Badie et Dominique Vidal dans Nouvelles guerres : comprendre les conflits du XXIe siècle (2016), ces conflits se caractérisent souvent par leur dimension identitaire, comme en Bosnie, et par des revendications territoriales qui conduisent à l’effondrement des États.

Les règles des nouvelles guerres diffèrent de celles des conflits classiques. Les principaux acteurs ne sont plus étatiques, mais souvent non gouvernementaux, et ces guerres impliquent des violences contre les civils ainsi que des actes de vengeance. Lorsqu’une paix est instaurée, cette paix est fragile, car les rancunes restent vives, alimentant un cycle conflictuel.

Un exemple marquant est la crise au Darfour, dans l’ouest du Soudan. En 2003, des rebelles de cette région ont envoyé une milice privée, les Janjawids, qui ont perpétré des massacres ethniques, qualifiés de nettoyage ethnique. En 2019, le Président soudanais a été renversé par un coup d’État et jugé par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité. Cependant, le conflit persiste, car il repose sur des divisions ethniques profondes, les rebelles locaux refusant de se soumettre au pouvoir central.

B) La guerre s’est privatisée

L’intervention de groupes privés, notamment des mercenaires, est une caractéristique des nouvelles guerres. Par exemple, le gouvernement de Gambie a recruté des mercenaires du Libéria pour consolider son pouvoir. Cependant, cette pratique est risquée, car des divergences peuvent survenir entre l’État recruteur et l’entreprise de mercenaires, comme une augmentation des coûts, une prise de contrôle de la région, ou une association avec des firmes transnationales pour s’enrichir.

Ces situations de guerres intraétatiques sont particulièrement complexes, car les acteurs se dispersent. Il y a un pluralisme des revendications, qu’elles soient politiques, religieuses ou économiques. Les conflits ont donc des motivations multiples, rendant les dangers encore plus imprévisibles.

C) La fin de la logique linéaire des conflits

La logique des conflits n’est plus linéaire, car il n’y a pas de fronts définis, comme dans les guerres traditionnelles entre deux États. Les affrontements sont soudains, dispersés, et ciblent souvent les civils. Les groupes armés exercent une pression sur les territoires (racket, contrebande et violences). En réponse, les États ont recours à des bombardements et à des embargos, ce qui, paradoxalement, renforce le pouvoir des seigneurs de guerre, de plus en plus nombreux.

Pour tenter de gérer ces situations, des programmes de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) sont mis en place, comme celui de la MONUSCO en République démocratique du Congo (RDC), qui fournit des kits de réinsertion. Cependant, malgré ces efforts, plus de 130 groupes armés restent actifs en RDC à ce jour.

II. L’essor du terrorisme

A) S’en prendre à l’ordre établi

Au XXe siècle, le développement des explosifs et des médias de masse a permis l’essor du terrorisme, qui s’est décliné sous plusieurs formes :

  • politique : comme dans les années 1970, avec des groupes palestiniens détournant des avions pour faire entendre leurs revendications ;
  • anticapitaliste : illustré par des organisations comme les Brigades rouges en Italie ou Action directe en France, responsable en 1986 de l’exécution de Georges Besse, PDG de Renault ;
  • anarchiste : avec des groupes, tels que la Bande à Bonnot ;
  • sectaire : par exemple, les Yakuzas au Japon, qui mêlent pratiques criminelles et objectifs sectaires.

 

Marc Trévidic, dans Le Roman du terrorisme (2020), souligne que « toute cause, quand ceux qui veulent la défendre estiment qu’ils ont nécessairement raison, peut amener à des excès ».

B) L’islamisme, principal acteur du terrorisme dans le monde aujourd’hui

En 1979, la Révolution chiite en Iran marque le début d’une période de tensions dans la région, qui se poursuit avec la guerre Iran-Irak (1980-1988) et la guerre du Golfe (1990-1991).

Parallèlement, entre 1979 et 1989, la guerre d’Afghanistan conduit à la formation d’Al-Qaïda en 1989. Ce groupe refuse la présence de la coalition en Arabie saoudite, ce qui débouche sur les attentats du 11 septembre 2001. En réponse, les États-Unis interviennent en Afghanistan en 2001, puis en Irak en 2003. Al-Qaïda est affaiblie entre 2003 et 2006, mais laisse place à l’émergence de Daesh en 2006.

Les chiites iraniens, eux, mènent des attentats en Occident, comme ceux de la rue des Rosiers en France en 1982 et de la rue de Rennes en 1986. Al-Qaïda revendique des attaques comme celle contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, tandis que Daesh se distingue par des actes, comme l’attentat du Bataclan, le 13 novembre 2015.

C) Objectifs et stratégies des guerres asymétriques

Les nouvelles guerres asymétriques s’appuient sur la médiatisation des actes, qu’ils soient choquants ou victorieux, pour diviser les opinions et exploiter l’asymétrie des conflits. L’imprévisibilité est un autre levier, grâce à l’effet de surprise et à un fonctionnement en réseau qui favorisent la dissimulation.

Par ailleurs, les partis islamistes, populaires au Proche et Moyen-Orient pour leurs projets sociaux, redonnent une dignité aux populations souvent méprisées par l’Occident (exemple : Parti de la justice et du développement au Maroc). Cependant, leur ascension est souvent entravée par les armées. En 2012, Mohamed Morsi, membre du Parti de la liberté et de la justice et affilié aux Frères musulmans, une organisation islamique, est élu Président en Égypte. Cependant, son gouvernement est renversé par un coup d’État militaire en 2013.

III. Des guerres interminables

A) Les guerres contre les islamistes en Afrique

On résume ici deux exemples : celui de l’Algérie et du Nigéria.

En Algérie, la guerre civile oppose les islamistes du Front islamique du salut (FIS) à l’État. En 1991, le FIS remporte les élections, mais le gouvernement refuse de reconnaître le résultat. Le FIS se transforme alors en Groupe islamique armé (GIA). En 1998, une partie du GIA rejoint le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). En 2007, le GSPC s’allie à Al-Qaïda et devient Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui s’empare de territoires dans le Sahara et le Maghreb. La France intervient au Mali en 2013 pour contrer AQMI.

Au Nigéria, Boko Haram est fondé en 2002 par Mohamed Yusuf, un groupe islamiste farouchement opposé à l’Occident. En 2010, après une insurrection armée, Abubakar Shekau prend la tête du mouvement et s’allie à Al-Qaïda. En 2015, Boko Haram quitte Al-Qaïda pour rejoindre l’État islamique. Le groupe multiplie alors les massacres, attentats et enlèvements dans tout le Sahara, conduisant l’ONU à le désigner comme organisation terroriste.

B) L’État islamique perdure

En 2017, l’État islamique s’effondre en Irak, suivi de son déclin en Syrie en 2019 et de la mort de son leader, Al-Baghdadi. Cependant, l’organisation continue d’exister, opérant dans des territoires dispersés, notamment dans le sud et le nord-ouest de la Syrie, ainsi que dans le désert irakien. Désormais fragmentée, elle ne mène plus d’attaques de grande envergure, mais s’engage dans des actions de guérillas caractéristiques des guerres asymétriques. Un exemple marquant est la décapitation de Samuel Paty en octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine, acte justifié par l’organisation comme une réponse à la laïcité, perçue comme une dépravation.

Selon le rapport de l’inspecteur général des forces américaines en 2020, « l’État islamique poursuit une insurrection de bas niveau en Irak et en Syrie et constitue toujours une menace terroriste ».

C) Des guerres asymétriques aux affrontements hybrides

François Géré, dans De la guerre asymétrique aux affrontements hybrides (2015), explique que la transformation politique des États est à l’origine de la multiplication des guerres asymétriques. La mondialisation renforce le pouvoir des acteurs économiques, affaiblissant la souveraineté des dirigeants et fragilisant les États.

Cette dynamique donne naissance à des affrontements hybrides, où la distinction entre paix et guerre s’efface, créant des situations de conflit floues et une augmentation des actes ponctuels de violence. Ces affrontements hybrides combinent des caractéristiques asymétriques, propres aux guerres non conventionnelles, avec des éléments symétriques, lorsque des rebelles affrontent des armées régulières pendant des périodes limitées.

Conclusion

Les nouvelles guerres sont principalement asymétriques, souvent interétatiques, et naissent généralement de rébellions qui s’appuient sur le terrorisme. Ce dernier agit par surprise, instaure un régime de terreur et vise à discréditer l’État. Depuis la fin de la Guerre froide, les guerres asymétriques se multiplient, devenant fréquemment des conflits privés, dépourvus de logique linéaire et interminables.

Aujourd’hui, ces guerres asymétriques évoluent vers des formes hybrides, combinant des caractéristiques asymétriques et symétriques.

Récapitulatif des références utilisées

Bertrand Badie et Dominique Vidal, Nouvelles guerres : comprendre les conflits du XXIe siècle (2016)
Marc Trévidic, Le Roman du terrorisme (2020) : « Toute cause, quand ceux qui veulent la défendre estiment qu’ils ont nécessairement raison, peut amener à des excès. »
Rapport de l’inspecteur général des forces américaines, 2020 : « L’État islamique poursuit une insurrection de bas niveau en Irak et en Syrie et constitue toujours une menace terroriste. »
François Géré, De la guerre asymétrique aux affrontements hybride, Défense nationale (2015) : démontre que la transformation politique des États explique la multiplication des guerres asymétriques.

 

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