Major Prépa > Grandes Écoles > Témoignage d’Anne : sa double admission à Ulm et HEC après une cube A/L

Le moment des inscriptions aux concours arrive à grands pas. Si tu hésites encore à cocher les écoles de commerce, on t’invite à lire le témoignage d’Anne, qui retrace pour toi son parcours de cube A/L à Henri IV, ayant intégré l’ENS Ulm et HEC. S’engager pour une troisième année de prépa n’est pas rare en khâgne, et les perspectives d’intégration en école de commerce peuvent intéresser plus d’un littéraire !
Salut Anne ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Salut ! Je m’appelle Anne, et je suis cette année en M2 à HEC, tout en achevant ma scolarité à l’ENS Ulm. C’est la fin d’un long parcours ! J’ai intégré ces deux écoles après trois ans de prépa A/L à Henri IV ; suivant la procédure en cas de bi-admission, j’ai commencé mon cursus à Ulm, pour étudier la littérature, la géopolitique et les politiques publiques, avant de joindre HEC directement en M1.
Est-ce que tu envisageais d’intégrer une école de commerce dès ton début en CPGE littéraire ?
Pas du tout ! Je me suis intéressée très jeune à l’étude des humanités, et j’ai vite su que je voulais faire une prépa littéraire : l’exigence de la formation et la diversité des matières m’attiraient beaucoup. Dans cette perspective, j’ai donc passé (avant la réforme) le bac en filière littéraire. C’est lors des portes ouvertes CPGE à Henri IV que j’ai entendu parler de cette passerelle vers les écoles de commerce.
Lors de ma première khâgne, j’ai choisi de passer uniquement le concours d’Ulm, pour optimiser mes chances d’intégration, tout en gardant en tête que je pourrais diversifier mes choix lors d’une khûbe éventuelle. C’est donc seulement lors de ma dernière année de prépa que cette possibilité s’est imposée à moi. Je gardais l’ambition d’intégrer une grande école, et demeurais très incertaine sur mon choix de carrière. Passer la BCE me paraissait être la meilleure solution pour garder ouvertes le plus de portes possible.
Comment as-tu organisé la répartition de ton travail pour gérer la préparation du concours de la BEL et de la BCE ?
J’ai tout d’abord hiérarchisé mes priorités. Étant admissible lors de ma première khâgne, j’avais manqué de peu l’admission, et je savais que l’intégration était théoriquement possible. Mon but premier demeurait Ulm, et je ne voulais pas d’une préparation trop chronophage à la BCE. Beaucoup d’admis à l’ENS passent exclusivement ce concours, et je ne souhaitais donc pas être trop désavantagée.
Une fois ce choix établi, je me suis renseignée sur les épreuves de la BCE, afin de mener une préparation efficace. Je savais que les écrits de la BEL comptaient pour un tiers de la note d’admissibilité de la BCE, et que certaines épreuves portaient sur des programmes communs. Ainsi, une bonne partie de mes révisions se confondaient, et j’avais le sentiment qu’en travaillant Ulm, je travaillais aussi la BCE.
Enfin, je me suis penchée sur les épreuves spécifiques aux écoles de commerce que je voulais tenter, les trois Parisiennes. Henri IV proposait au cours de l’année deux entretiens de personnalités blancs, et un cours ponctuel de méthode pour la contraction et la synthèse de texte ; cela m’a permis de cerner les attendus. Nous avions aussi la possibilité de suivre un cours de presse anglaise, mais comme j’étais à l’aise dans cette langue et que j’étudiais déjà la traduction pour Ulm, j’ai préféré, une fois la méthode comprise, garder un œil régulier sur l’actualité.
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Avec du recul, penses-tu que la prépa littéraire t’a aidée dans ton intégration de HEC ?
Oui, tout à fait ! Une amie de prépa, qui avait intégré HEC lors de mon hypokhâgne, m’avait glissé que les qualités des littéraires étaient souvent prisées lors des concours d’école de commerce. De fait, la clarté et la précision de l’expression, l’énonciation d’une pensée rigoureuse et structurée, la vivacité d’esprit face à une variété de sujets, la capacité à analyser, à problématiser, à synthétiser, sont des atouts indispensables que les littéraires manient souvent avec aisance.
Comme une partie du programme est commune, nous avons moins besoin de connaissances supplémentaires que d’une bonne compréhension de la méthode. Les épreuves sont souvent beaucoup plus courtes que celles de la BEL, et nécessitent donc d’aller directement à l’essentiel. Les examinateurs attendent également des raisonnements concrets, clairs et précis, intégrant une bonne connaissance des enjeux contemporains.
Pour préparer sereinement les épreuves de la BCE quand on est en littéraire, nous te conseillons de consulter notre article consacré à ce sujet.
Penses-tu que passer ta langue ancienne en LV2 à la BCE était une bonne stratégie ?
Ça l’a été pour moi : j’avais abandonné ma LV2 du lycée dès l’hypokhâgne, pour étudier le latin et le grec. Lors de ma khûbe, mes cours d’allemand me semblaient donc assez loin, alors que j’étudiais régulièrement le latin. Par ailleurs, le niveau demandé à Ulm est particulièrement exigeant, et il me paraissait efficace de rentabiliser ce travail pour passer d’autres concours, plutôt que de disperser mes efforts. Je dois avouer avoir déconcerté plus d’un de mes camarades de promo lorsqu’ils ont appris que le latin m’avait aidée à intégrer HEC !
Pour en savoir plus sur le latin en prépa littéraire, cet article te dit tout !
Comment as-tu vécu les écrits de la BCE par rapport à ceux de la BEL ?
Si les écrits de la BEL me semblaient un marathon, ceux de la BCE s’apparentaient plutôt à un sprint. Les épreuves sont plus brèves, et donc moins fatigantes. J’avais quelques jours de répit entre les deux séries, que j’ai principalement passés à me reposer. J’étais vraiment fatiguée après les écrits d’Ulm, aboutissement de longs mois de préparation, et je me disais pour vaincre mes scrupules que je n’aurais pas le temps d’oublier en quelques jours tout ce que j’avais appris depuis le début de l’année.
J’ai veillé à être aussi en forme que possible et à avoir l’esprit clair pour aborder cette deuxième série d’épreuves. Le format de la BCE demande beaucoup de synthèse et de clarté, et peut-être moins d’érudition que celui de l’ENS, et il me paraissait stratégique de ne pas m’y rendre épuisée par les révisions. Je me suis toutefois un peu entraînée aux épreuves spécifiques des écoles de commerce, pour m’assurer de la méthode.
Quelle a été ta stratégie pour gérer à la fois la préparation des oraux d’Ulm et des écoles de commerce ?
Le calendrier de mes oraux se déclinait en trois moments : d’abord la moitié de mes oraux d’Ulm, début juin, puis les oraux des Parisiennes, et enfin, mes trois derniers oraux de l’ENS. Après ma première série d’oraux, auxquels je m’étais d’abord exclusivement consacrée, j’ai alterné entre des révisions de long cours pour mes derniers oraux de l’ENS, qui m’étaient utiles également pour certaines épreuves de la BCE (notamment la culture générale à HEC et le latin), et une préparation plus ponctuelle aux écoles de commerce.
J’ai trouvé une fois de plus que les qualités développées en prépa lettres nous donnaient un véritable avantage compétitif lors d’exercices, comme le triptyque auquel je me suis entraînée pour la première fois la veille de l’épreuve, et permettaient de compenser une préparation un peu hasardeuse. Comme le rythme était très soutenu, je me suis attachée à bien dormir tout au long du mois de juin, afin de garder l’esprit clair et réactif.
L’épreuve qui me semblait la plus difficile était celle d’aptitude logique à HEC ; je n’avais pas fait de maths depuis la seconde, et puisque j’avais décidé de me consacrer surtout à Ulm, je n’avais pas du tout le temps de rattraper le niveau. J’ai revu les fondamentaux quelques jours auparavant, en m’attachant non à performer, mais à limiter les dégâts, et en comptant sur les autres épreuves pour compenser cet échec quasi inévitable.
Et surtout, une fois chaque épreuve achevée, je me forçais à ne plus y penser, plutôt que de m’attarder sur ma performance. Cela demande une certaine discipline mentale, surtout lorsque l’on est convaincu d’avoir fait une présentation catastrophique, mais il faut garder à l’esprit que l’on est souvent mauvais juge de son propre travail, et plus encore lorsqu’on est perfectionniste. Rien n’est jamais joué avant la fin.
Cet article te propose quelques conseils pour préparer au mieux la période des oraux !
Penses-tu qu’il est possible pour un élève issu d’une CPGE littéraire de s’épanouir en école de commerce ?
Il est certain qu’une école de commerce marque un changement total d’environnement. Il peut être difficile de trouver une continuité entre les humanités étudiées en prépa et les matières très concrètes, souvent plus prosaïques, que l’on aborde en école de commerce, et d’y trouver la même stimulation intellectuelle. Toutefois, beaucoup d’écoles proposent des parcours spécifiques qui peuvent attirer des profils littéraires. HEC permet ainsi de suivre en parallèle de la première année une L3 en histoire, philo ou histoire des arts, et propose une majeure Média, Arts et Création en M2, quand l’ESSEC offre un double diplôme avec l’École du Louvre, par exemple.
Par ailleurs, ces écoles sont souvent réputées pour leur fort maillage associatif, qui permet de réunir les étudiants autour d’intérêts communs. On trouve par exemple beaucoup d’associations artistiques autour du théâtre, de la musique ou du cinéma. Il faut garder en tête que ces écoles sont une passerelle, qu’elles peuvent permettre de découvrir une variété de professions. Parmi les anciens prépas littéraires passés par cette formation, j’en connais certains qui passent les concours de la fonction publique, d’autres qui sont devenus juristes, diplomates, qui travaillent pour la culture ou la transition écologique, etc. D’autres encore font de la finance ou du conseil.
Quels conseils pourrais-tu donner aux préparationnaires littéraires qui hésitent à tenter la BCE en parallèle de la BEL ?
Préparer les concours des écoles de commerce en parallèle de la BEL peut être une stratégie intéressante pour les étudiants qui hésitent sur leur avenir, qui ne sont pas certains de vouloir faire de l’enseignement ou de la recherche. Puisque les programmes sont en partie communs, que des révisions pour la BEL peuvent être réinvesties pour la BCE, un effort marginal relativement faible peut produire d’importants bénéfices. Il faut toutefois être conscient que les matières qu’on y étudie sont très éloignées de celles de la prépa et peuvent décevoir les étudiants qui voudraient poursuivre un travail d’érudition, plutôt que de voir l’école comme une finalité, il faut la considérer comme un moyen de s’ouvrir des portes, de dégager pour l’avenir de nombreuses possibilités de carrière.
Si l’on décide de tenter les deux concours, il me semble pertinent d’élaborer une stratégie, pour ne pas disperser ses efforts. Il n’est pas évident de mener de front les deux préparations et il ne faut pas hésiter à prioriser, selon son ambition et ses intérêts, quitte à négliger certains exercices pour mieux performer à d’autres. Il faut alors renoncer au perfectionnisme !