Dans le cadre du programme de philosophie du concours A/L et LSH 2025, nous te proposons une distinction conceptuelle de la notion de « mal moral », qui te sera utile pour tes copies de philosophie !
Le mal moral : une fatalité ou une responsabilité ?
Dès lors que l’on évoque la notion de mal, une tension surgit entre l’ordre de la nécessité et celui du libre arbitre.
Sommes-nous condamnés à reproduire inlassablement les affres du mal, ou pouvons-nous véritablement y opposer une résistance ? Plus encore, le mal moral, distinct du mal physique et du mal métaphysique, interroge directement la responsabilité humaine.
Définition du mal
Le mal moral se distingue du simple accident ou de la fatalité : il ne résulte pas d’une contrainte extérieure, mais d’une action volontaire, d’un choix fait en conscience. Voler, trahir, mentir : ce sont autant de manifestations d’une propension humaine à la transgression des normes éthiques.
Pour autant, le mal moral ne se limite pas aux actes individuels. Il prend une dimension systémique lorsqu’il devient institutionnalisé, légitimé par des discours ou des structures sociales oppressives. Dans Les Misérables de Victor Hugo, l’oppression sociale et judiciaire dont est victime Jean Valjean illustre cette institutionnalisation du mal, qui dépasse la simple responsabilité individuelle.
Une fatalité anthropologique ?
De nombreux penseurs ont vu dans le mal une donnée intrinsèque à la condition humaine. Kant parle ainsi d’une « disposition mauvaise » enracinée en nous, qui nous incline vers l’égoïsme au détriment de la loi morale. Schopenhauer, plus pessimiste encore, y voit l’expression du vouloir-vivre, une force aveugle et destructrice qui pousse les êtres à se nuire mutuellement.
Ainsi, le mal moral ne serait pas une simple aberration, mais une composante fondamentale de notre nature. Cette vision trouve un écho dans Macbeth de Shakespeare, où l’ambition démesurée du protagoniste le pousse à commettre des atrocités et souligne la fragilité de l’homme face à ses propres penchants destructeurs.
Une responsabilité inaliénable
Pourtant, envisager le mal moral comme une fatalité serait faire l’impasse sur la possibilité même de la morale. La philosophie de la responsabilité, défendue par Levinas, insiste sur notre devoir de répondre à l’autre, de sortir de notre égoïsme pour reconnaître l’altérité.
De même, Arendt analyse la banalité du mal comme l’effet d’une démission de la pensée : ne pas questionner l’ordre établi, ne pas assumer ses choix, c’est ouvrir la voie aux pires exactions. Lutter contre le mal moral revient donc à cultiver une vigilance éthique, à refuser la passivité et la soumission aux structures aliénantes.
Ce principe est illustré par Le Procès de Kafka, où le personnage de Joseph K. subit un système oppressif auquel il ne parvient jamais vraiment à s’opposer, mettant en lumière le danger de l’inaction.
Le combat éthique : une exigence permanente
Si le mal moral naît de nos choix, il ne disparaît jamais totalement. Il exige une lutte constante, un effort de lucidité et d’intégrité. La culture, l’éducation, la philosophie sont autant d’outils pour endiguer cette propension à l’indifférence et à la violence. Car, si le mal peut être une tendance naturelle, il n’est jamais une fatalité absolue. Il est, avant tout, une responsabilité.
C’est ce que rappelle Dostoïevski dans Les Frères Karamazov, où Ivan Karamazov questionne l’existence du mal et la responsabilité humaine face à l’injustice, et suggère ainsi que chacun porte une part de responsabilité dans l’ordre moral du monde.
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