Le 26 décembre 2017, George Weah né à Monrovia en 1966 est devenu le deuxième président de la République du Libéria à être élu démocratiquement. Il succède à Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue au suffrage universel à la tête d’un pays africain en 2005 et véritable icône sur le continent comme en témoigne son prix Nobel de la paix obtenu en 2011. George Weah est également une icône en Afrique et dans le monde mais pour d’autres raisons : grand joueur de football dans les années 1990, il est le seul joueur africain à avoir obtenu le ballon d’or. Au-delà de ces faits, l’élection de George Weah à la tête du Libéria présente de nombreux intérêts car elle est à la fois rassurante et témoigne du nouveau départ actuel en Afrique de l’ouest.

Son élection est rassurante sur l’état de la vie politique et économique dans son pays et dans la région. Cela fait 12 ans que George Weah se présente en tant que candidat à la présidence et c’est finalement avec persévérance et résilience qu’il arrive au pouvoir suite aux deux mandats d’Ellen Johnson Sirleaf. Durant ces douze années George Weah s’est formé. Il a passé l’équivalent du baccalauréat à 40 ans et suivi un cursus universitaire aux Etats-Unis. Il a ainsi obtenu deux diplômes en management en entreprise et en administration publique en 2011 et 2013. Sa prédécesseur avait elle aussi suivie des études d’économie aux Etats-Unis à l’université du Colorado avant un master à Harvard. On constate donc avec optimisme que des élites africaines parties étudier aux Etats-Unis et faisant ainsi parties du « Brain drain » reviennent aujourd’hui sur leur terre d’origine pour gouverner leur pays. Finalement, c’est la banalité avec laquelle s’est effectuée cette passation de pouvoir qui est encore plus rassurante sur l’état de la démocratie au Libéria. L’Afrique de l’Ouest nous a en effet malheureusement habituée lors des dernières décennies aux passations de pouvoir sanglante, c’est avec joie et optimisme donc qu’il faut considérer l’une des premières passations de pouvoir anodine de cette partie du continent.

La capacité de résilience de la région est ainsi mise en évidence.

Le Libéria notamment a connu il y a encore peu deux guerres civiles (1989-1997 et 1999-2003) au lourd bilan : 150 000 morts, des centaines de milliers de déplacés et un État failli. Toutefois, ce bilan semble avoir été surmonté comme en témoigne en 2010 le remboursement intégral de la dette du pays à hauteur de 4 milliards de dollars, un montant colossal pour un pays de 4 millions d’habitants. Le Libéria est désormais capable d’envisager l’avenir. Le revenu par habitant est passé de 80$ à plus de 700$, l’espérance de vie est désormais de 61 ans enfin, le nombre de représentant de l’ONU présents dans le pays est passé de plus de 16 000 à seulement quelques centaines aujourd’hui ; preuve que le pays est dorénavant capable de se gouverner seul. Normalisation politique et alternance démographique sont les signes du renouveau libérien.

En réalité, c’est toute la région qui se porte bien et qui bénéficie d’un cercle vertueux. En 2015, Alassane Ouatarra a été réélu dès le premier tour sans le moindre conflit, une élection qui contraste avec la précédente qui avait mené à l’intervention des forces françaises pour rétablir la vérité des scrutins face à la résistance de Laurent Gbagbo. La croissance économique ivoirienne est l’une des plus robustes du continent, même la chute des prix du cacao dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial ne représente plus un facteur de déstabilisation du pays. Le Ghana fêtait également en décembre ses 60 ans d’indépendance dans un contexte apaisé et confirme son statut de pays stable de la région. Enfin, même la Sierra-Leone pays également ravagé par les guerres civiles et tristement célèbre pour ses « Blood Diamonds » sort du marasme. Symbole de ce renouveau en Sierra Leone, le diamant de la paix, un diamant de 700 carats est mis en vente par l’Etat, les fonds récoltés serviront au développement du pays.

Dès lors, l’élection de George Weah s’inscrit dans un contexte de renouveau en Afrique de l’Ouest. Cette région qui était jusqu’à présent marquée par de nombreuses guerres civiles (les blood diamonds alimentant les seigneurs de guerre) montre aujourd’hui qu’elle a su faire preuve de résilience. Cette capacité si caractéristique sur le continent est actuellement mise à l’honneur en Afrique de l’Ouest, l’élection de George Weah semble démontrer que le développement en Afrique de l’Ouest est bel et bien relancé.