Les relations entre l’Allemagne et la Turquie sont aujourd’hui bien moins enflammées qu’auparavant, mais elles n’ont pas toujours été paisibles. Si l’image stéréotypée des Döner Kebabs, bien implantés à Berlin, tend à démontrer une bonne intégration des Turcs et que nos connaissances globales font ressortir une ambiance générale plutôt bonne entre les deux pays, il n’en a pas toujours été ainsi.
Ici, on va te proposer quelques pistes de réflexion sur les relations entre l’Allemagne et la Turquie, mais bien entendu, il est impossible de recouvrir en un seul article l’ensemble des connaissances à apporter sur le sujet. Tu peux cependant te concentrer dessus pour commencer, car il résume en quelques points clés ce qu’il y a d’indispensable à savoir !
1. Le putsch de 2016
Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, un putsch a lieu en Turquie, ce dernier échoue et déclenche une répression sévère, ordonnée par le président Erdogan. Dans ce contexte, de nombreux ressortissants allemands, en particulier issus du milieu journalistique, sont arrêtés en Turquie. Tandis que cette dernière reproche à l’Allemagne son manque de solidarité, Berlin conseille à ses touristes de ne pas voyager en Turquie et stoppe pour un temps ses exportations d’armement vers le pays.
Parmi ces victimes, Yücel, un journaliste de double nationalité turque et allemande ayant couvert la répression, se voit arrêté pour propagande terroriste et est emprisonné en Turquie pendant un an à compter du 14 février 2017. Suite à cela, les relations entre la Turquie, dont le président accuse l’Allemagne de « pratiques nazies », et cette dernière, qui critique vivement les purges, sont violemment mises à mal. Certains soupçonnent même le gouvernement turc de se servir de Yücel comme jouet pour une campagne électorale. Sa libération le 16 février 2018 permettra d’apaiser pendant un temps les relations germano-turques.
2. Les relations de la Turquie avec l’Union européenne
Depuis 2017, la chancelière allemande Angela Merkel souhaite ainsi mettre un terme aux négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. La diplomatie allemande recherchant traditionnellement l’apaisement, l’Allemagne attend de la Turquie que celle-ci fasse des efforts pour améliorer d’elle-même leurs relations compliquées, notamment sur la question des droits de l’homme. Par ailleurs, il est très compliqué pour l’Allemagne de cesser toute relation avec la Turquie, celle-ci apportant une aide précieuse dans la lutte contre le terrorisme et étant fortement liée à la gestion de la crise des migrants.
Depuis 2017, la Turquie cherche également à apaiser les tensions en reprenant le dialogue avec l’Union européenne. Elle a notamment besoin d’une aide financière de cette dernière depuis que sa monnaie a atteint le plus faible taux de son histoire. Cette aide pourrait lui être apportée par l’Allemagne et la Turquie a compris, depuis que les relations turco-américaines se sont dégradées, qu’elle ne pouvait se fâcher à la fois avec les Américains et les Européens.
3. La visite du président Erdogan à Berlin en 2018
Afin de retrouver un semblant d’apaisement, le président turc Recep Tayyip Erdogan se rend à Berlin en septembre 2018 pour sa première visite d’État en Allemagne depuis son élection en 2014. Mais si la volonté de la Turquie d’apaiser les tensions peut être admirablement soulignée par ces deux jours de visite, l’Allemagne montre de son côté quelques réticences à effacer aussi facilement leurs différends. Ainsi, la chancelière Angela Merkel était absente, prétextant des raisons d’agenda. Plusieurs manifestations, dans lesquelles étaient présents de nombreux Kurdes, ont également lieu à Berlin et Cologne contre la venue du président turc en Allemagne. « Erdogan Not Welcome » était le slogan de l’indignation allemande et kurde face au président qui ne respecte pas les droits de l’homme.
Aujourd’hui encore, l’image du président Erdogan ne fait pas l’unanimité en Allemagne. Elle a beaucoup de mal à être bien perçue par la population allemande et kurde, tandis que de nombreux Turcs lui sont favorables.
4. La question des réfugiés
L’Allemagne et la Turquie s’entendent cependant sur la question des réfugiés, s’opposant ainsi à ce que de nouveaux réfugiés syriens franchissent les frontières de leur pays respectif. La Turquie s’inquiète d’une nouvelle vague de réfugiés syriens, tandis que l’Allemagne s’oppose à ce que ceux ayant été refusés en Turquie viennent s’installer sur son territoire.
Lire aussi : La question des réfugiés en France et en Europe.
5. L’intégration des Turcs, une diaspora impressionnante
Depuis la convention sur le recrutement de main-d’œuvre signée le 30 octobre 1961 à Bad Godesberg pendant le « Wirtschaftswunder », les Turcs sont de plus en plus nombreux en Allemagne. On distingue ainsi les citoyens turcs vivant en Allemagne, les citoyens allemands d’origine turque ayant au moins un parent turc et les minorités turques provenant d’autres pays, essentiellement de Grèce et de Bulgarie. La population turque en Allemagne est estimée à quatre millions de personnes environ et la population turque d’origine allemande en Turquie à 1,2 million de personnes.
Le turc est la deuxième langue la plus parlée en Allemagne après l’allemand, montrant ainsi l’importance de cette communauté. La culture turque est également très présente dans le pays, à la fois par les restaurants, épiceries, maisons de thé et mosquées, ainsi que par toutes les traditions religieuses et culturelles que les Turcs ont apportées. La cuisine turque est emblématique en Allemagne : elle se retrouve à la fois dans les restaurants de kebabs populaires tels que les Döner Kebabs, mais également dans des restaurants de cuisine plus traditionnelle ainsi que dans les épiceries et marchés de plein air, que les Turcs ont ouvert depuis les années 1970.
Concernant la religion, les Turcs d’Allemagne sont majoritairement musulmans.
6. Racisme
Si leur intégration paraît plutôt bonne au vu de la culture turque implantée en Allemagne, il n’en demeure pas moins des actes de racisme envers les Turcs venus s’installer dans ce pays. Ainsi, le mouvement antiraciste #MeTwo, lancé sur Twitter en 2018 suite à l’affaire Mesut Özil, permet à tous les Turcs victimes de racisme de raconter leur quotidien et de dénoncer ces pratiques. Par exemple, de nombreuses personnes se sont vues refuser un travail ou un bail pour un appartement parce que leur nom ne sonnait pas allemand.
L’affaire Mesut Özil est un exemple très concret du racisme quotidien en Allemagne : après avoir pris une photo avec le président Erdogan en mai 2018, le joueur a été très vivement critiqué sur les réseaux sociaux et a été victime de nombreux propos racistes. Le président de la Fédération de Football allemande n’ayant pas pris sa défense, Özil lança alors le mouvement #MeTwo pour dénoncer le racisme envers les immigrés d’origine turque installés en Allemagne.
7. Personnalités turques
L’Allemagne, en tant que pays européen disposant d’une vaste diaspora turque, compte également parmi sa population des célébrités turques. Ainsi, dans le domaine sportif, le joueur de football Mesut Özil, à la renommée internationale, mais également des personnalités politiques comme le député Cem Özdemir et dans le domaine artistique, le réalisateur Fatih Akin ou le chanteur bien connu Tarkan.
On espère que tu t’y retrouves mieux à présent sur les relations compliquées qu’entretiennent l’Allemagne et la Turquie ! 😉
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