Il peut parfois arriver de tomber sur des sujets orignaux et hors-du-commun en ESH. C’est pourquoi Major-Prépa a eu l’idée de créer cette série d’articles dans laquelle nous allons analyser certains sujets surprenants en ESH. Les sujets que nous traiterons ensemble sont volontairement larges, le but n’est pas tant de traiter un sujet en particulier mais plutôt d’aborder des thèmes au programme qui font rarement l’objet de sujets mais dont on ne peut pas dire pour autant qu’ils ne tomberont jamais. Le premier sujet de cette série portera donc sur la thématique de la “guerre” en économie.
Economie et guerre : une thématique d’actualité
Comme tu peux t’en douter, je n’ai pas choisi ce thème par hasard. Avec le repli des nations sur elles-mêmes, la guerre commerciale sino-américaine et les différentes menaces qui pèsent sur la coopération internationale, la thématique de la “guerre” a refait surface ces dernières années en économie et pourrait très bien faire l’objet d’un sujet (la thématique a été par exemple abordée dans le sujet ESSEC de 2016, La guerre des monnaies).
Comment aborder cette thématique ?
Tout d’abord il est important de savoir de quoi nous parlons. La guerre économique est un terme générique qui englobe beaucoup d’éléments et peut avoir plusieurs sens comme le fait de mener une action militaire à des fins économiques (cf guerre russo-japonaise début XXe ou bien encore installer une colonie manu-militari) ou bien de mettre l’économie au service de la guerre (cf WW1 & WW2).
La guerre économique désigne donc un conflit entre des économies concurrentes au travers des actions étatiques, c’est la logique mercantiliste au sens premier du terme. A noter que la guerre commerciale que l’on a souvent l’habitude d’entendre n’est qu’un aspect de la guerre économique, c’est par exemple la guerre tarifaire entre les USA et la Chine ou bien encore la guerre des monnaies qui correspond au protectionnisme monétaire (cf années 30).
Si un sujet sur cette thématique tombe, il sera plus que pertinent d’illustrer tes raisonnements avec des guerres ayant eu lieu depuis la première révolution industrielle (French Wars, les deux guerres mondiales, la guerre du Vietnam…). Attention aussi à bien analyser toutes les dimensions du sujet et à ne pas tomber dans le piège de l’ambiguïté du mot “guerre” qui peut soit être un terme trop vague, soit être trop étroit.
Le premier sens de causalité : “le capitalisme porte en lui la guerre” (Jean Jaurès)
La première approche d’un tel sujet serait de montrer comme l’économie conduit à la guerre. Ce point là est difficile à traiter puisqu’il n’y a pas de réelle causalité entre les deux notions dans ce sens. Cependant, on peut analyser cette corrélation par les approches conflictuelles du capitalisme dans une logique marxiste.
La phrase de Jean Jaurès dans son discours du 7 mars 1895 résume bien l’idée : “Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée dormante porte l’orage”. Le capitalisme, de par ses multiples contradictions (se référer à l’analyse qu’à fait Marx de l’économie) mène forcément à une polarisation de la société entre la classe bourgeoise d’un côté et les prolétaires de l’autre, prolétaires qui finissent par s’organiser en lutte ne supportant plus leurs conditions de travail harassantes.
Le second sens de causalité : que font les guerres à l’économie ?
Cette approche est nettement plus facile à aborder d’un point de vue purement économique. La guerre au sens de conflit armé peut avoir de multiples conséquences sur l’économie en général : arrêt de la croissance, perte démographique donc de main d’oeuvre, stimulation de l’innovation, endettement public, inflation, chômage (crise de reconversion), interventionnisme de l’État (ie l’État reprend les commandes de l’économie)…
Dans une analyse plutôt régulationniste, on peut dire que la guerre a aussi une influence sur le mode de production capitaliste en lui-même. Par exemple, le Première Guerre mondiale a favorisé la diffusion du modèle taylorien et fordien dont le fonctionnement s’inspire grandement des stratégies militaires existantes. La seconde guerre mondiale a quant à elle permis la diffusion du concept d’État-providence.
Le visage actuel de la guerre économique
Dans un monde ou la paix semble s’être installée durablement, on pourrait naturellement se dire que ces thématiques ne sont plus d’actualité et donc que ce type de sujet ne pourrait pas tomber aux concours. Pourtant, la guerre est toujours bel et bien présente en économie mais sous une forme nettement différente de celle que l’on vient de voir.
En effet, lorsque l’on parle de guerre économique aujourd’hui on veut bien souvent parler de guerre commerciale. La guerre commerciale passe principalement par le canal de la manipulation des droits de douanes et la manipulation des taux de change. C’est une logique dite “néo-mercantiliste” qui règne aujourd’hui sur le monde économique, logique qui s’est accélérée avec le mandat de Trump. Les nations s’accusent les unes les autres de ne pas jouer le jeu du libre-échange et de profiter de certaines failles du système (comme par exemple le statut avantageux de pays émergent qui est encore conféré à la Chine alors que dans les faits elle n’a plus ce statut depuis quelques années maintenant). Cette guerre commerciale engendre un risque de repli des nations et donc de non-coopération dans lequel les pays cherchent à gagner en autonomie dans tous les domaines (technologie (cf 5G), approvisionnement des ressources, production à l’échelle nationale dans une moindre mesure…). La guerre au Congo afin de s’accaparer les ressources permettant de fabriquer nos appareils électroniques est une belle illustration du visage actuel de la guerre économique.
Conclusion
Nous avons donc vu ensemble tout ce dont tu as besoin pour aborder un sujet traitant de la guerre économique au sens large. Comme dit précédemment cette thématique tombe rarement aux concours mais ce n’est pas pour autant que l’on peut exclure la possibilité qu’un sujet aborde ces questions. Le terme de guerre économique peut être assez déroutant de prime abord mais en essayant de le définir correctement et en creusant un peu dans tes connaissances personnelles, tu peux largement briller le jour J et avoir une bonne note.