La géopolitique ESSEC est une épreuve emblématique du concours de la BCE pour les prépas ECS. C’est en effet la première épreuve du concours BCE 2021, qui compte pour un coefficient 5 et 6 respectivement à l’EDHEC et à l’ESSEC ! Que la géopo soit ton point fort, ou que tu souhaites te rassurer sur le contenu de ta copie, retrouve ci-dessous notre analyse du sujet de Géopolitique ESSEC 2021. Tu peux retrouver le sujet de géopo ESSEC 2021 ici !
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L’analyse du sujet
Ce sujet est particulièrement intéressant. Il mélange des éléments assez classiques comme la notion de puissance et des éléments sur lesquels les candidats étaient sans doute moins préparés. A savoir la partie concernant l’espace aérien et l’espace numérique. Bref, il fallait garder son sang-froid pour réussir ce sujet.
Accroche : On pouvait penser dans l’actualité très récente à l’arrivée de Thomas Pesquet et de trois autres astronautes dans la station spatiale internationale. Si cette initiative conjointe est louable, elle fait pâle figure face à tous les conflits inter-Etats pour les espaces communs.
Analyse des termes du sujet :
Espaces communs : difficile à définir sans tomber dans l’évidence. Ici on parle d’un espace accessible à tous, qui répond au critère de non-exclusion.
Maîtrise : ce terme pouvait être sujet à réflexion. Personnellement, je comprends par maîtrise la capacité d’exercer son influence sur ce territoire et d’en exploiter les ressources. Cette notion inclut évidemment, comme la notion de puissance, de considérer en permanence les rapports de force entre les différents acteurs.
Puissance : sur ce sujet, à priori tous les candidats étaient préparés à définir correctement ce terme. On peut penser à la définition de Serge Sur qui définit la puissance comme « la capacité de faire, de faire faire, d’empêcher de faire et de refuser de faire ». Bien sûr, on pouvait y ajouter la distinction Soft Power Hard Power de Joseph Nye ou d’autres définitions de la puissance.
Extra-atmosphérique : ici on retrouvera toutes les questions liées à la conquête de l’espace.
Dimension historique : depuis 1945, il faudra noter que cette lutte pour la maîtrise des espaces communs a connu plusieurs temps. D’une lutte entre deux blocs jusque dans les années 80, elle a pris une toute nouvelle tournure à l’approche du 21ème siècle, où les acteurs sont nombreux et les horizons de plus en plus ouverts dans la course à l’espace et dans la dimension numérique du sujet également. A titre d’exemple, l’Inde a envoyé plus de 100 satellites dans l’espace en 2017 et la Chine a une politique des plus volontaristes dans la course pour l’espace.
Il fallait aussi bien savoir cadrer la réflexion avec des dates clés : la conférence de Montego Bay, le premier homme dans l’espace ou le premier homme sur la lune par exemple. Evidemment, cette liste est non exhaustive.
Les Espaces communs, des richesses convoitées :
Pour tous ses espaces, il était important de noter combien outre l’aspect de simple contrôle du territoire, tous ses territoires sont déterminants pour les États car ils permettent d’exploiter des ressources (halieutiques par exemple), et de faire briller l’État en question (voir l’impact sur le soft power américain des premiers pas sur la lune). En somme, tous ces espaces communs sont des ressources stratégiques. Ressource stratégique s’il en est, l’espace numérique prend une importance croissante et n’était pas à omettre dans ce sujet. Par exemple, les câbles sous-marins qui permettent l’utilisation d’internet sont une ressource stratégique clé. « La bataille pour la suprématie se joue au fond des océans », titrait les Echos en 2019. 99% des flux intercontinentaux y transitent, et ces flux sont très polarisés, notamment vers les États-Unis : 80% du trafic internet réalisé en France transite par les États-Unis. Ainsi la maîtrise des espaces communs est un outil géopolitique sérieux pour exercer une pression sur les autres pays et contrôler des flux de données. L’économie de la connaissance liée à toutes ces données était un des points clés de ce sujet.
Des espaces à l’origine de bien des conflits :
Il fallait bien savoir montrer à quel point la lutte pour les espaces communs est conflictuelle. On pourra penser pour la dimension maritime du sujet à la lutte infernale pour les Zones Économiques Exclusives. En particulier, une étude de cas sur les îles des Spratleys et plus largement sur la volonté de la Chine d’étendre sa souveraineté sur 80% de la mer de Chine méridionale sera la bienvenue. Ici, on peut aussi évoquer les efforts de la Russie depuis plusieurs années pour s’approprier les richesses du pôle nord, notamment par un coup médiatique qui l’avait vu planter un drapeau russe en titane à 4000 mètres sous l’océan Arctique. Les règles de ces espaces communs étant parfois peu claires, les États font preuve d’un volontarisme qui tend à être belliqueux.
C’était ici aussi l’occasion d’évoquer les efforts de régulation pour tous ces espaces communs. Le principe de Liberté d’exploration et d’utilisation de l’espace de 1967, les zones économiques exclusives. En indiquant ces efforts de régulation, on pouvait souligner les faiblesses de la communauté internationale par la même occasion, et le grand flou de la régulation pour la plupart de ces espaces communs.
Une grande polarisation dans la maîtrise des espaces communs :
Comme dans la mondialisation, il était important d’observer combien la maîtrise des espaces communs est l’apanage de quelques-uns qui viennent appuyer leur puissance grâce à ceux-ci. La Chine dans les îles de mer de Chine orientale a tendance à écarter tous ses concurrents par exemple, comme la Russie écarte la Norvège dans la conquête de l’Arctique ou les Etats-Unis écarte le reste du monde dans la conquête de l’espace numérique et des données.
Enfin, on pouvait penser à évoquer les initiatives conjointes des Etats dans la maîtrise de ces espaces communs, par exemple la station spatiale internationale. Il fallait toutefois nuancer l’impact de celles-ci.
Les écueils à éviter :
Il fallait surtout bien penser à aborder tous les aspects du sujet. Pas besoin d’être devin pour savoir que les candidats qui ont su utiliser des exemples pertinents sur toutes les dimensions du sujet (maritime, aérien, extra-atmosphérique, numérique) se différencieront du flot des copies.
Ne pas territorialiser le sujet. Ces espaces communs, il fallait les nommer, dans des exemples concrets qui viennent montrer votre maîtrise en profondeur du sujet.
Ne pas traiter l’intégralité de la période. « Depuis 1945 » signifie bien qu’il fallait traiter toute la période historique et comme toujours, les copies qui ont su traiter toutes les facettes du sujet seront récompensées.
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