Tu trouveras dans cet article l’analyse du sujet d’ESH ESCP 2021. Quels étaient les points importants à placer dans sa dissertation ? Découvre-le maintenant ! Bien que l’épreuve se situe à la fin des concours BCE, elle n’est pas à traiter à la légère, car elle reste très importantes pour les candidats de la filière ECE. Si tu n’as pas encore vu le sujet, tu peux le trouver ici.
Mais tu peux aussi retrouver toutes les informations des concours BCE sur notre rubrique dédiée Inside Concours BCE 2021. Plus que jamais, Major-Prépa t’accompagne tout au long des concours. Retrouve le Live Inside Concours à midi et à 18h30 tout au long des concours BCE. Le lien de l’Inside Concours de ce jour :
L’analyse du sujet ESH ESCP 2021 :
Un monde sans inflation
Le sujet, en quelques mots, nous propose une réalité alternative : un monde sans inflation.
On peut définir l’inflation comme la hausse générale et durable des prix dans une région donnée et qui se traduit par une perte de pouvoir d’achat de la monnaie. Dans la zone euro, l’inflation c’est la hausse des prix à la consommation, mesurée par l’« indice des prix à la consommation harmonisé » (IPCH).
Cette notion est débattue depuis de nombreuses années par les économistes, qui cherchent à la fois à analyser ses causes et ses conséquences. En effet, c’est une notion importante car, comme le chômage, elle a des conséquences sur l’économie réelle.
Trois interprétations alternatives s’offrent à nous :
- Un monde où la notion même d’inflation n’existerait pas : cela serait difficile à imaginer tant la notion d’inflation est liée à la monnaie. Il faudrait alors imaginer un monde sans monnaie, ce qui n’est sans doute pas le but de l’exercice.
- Un monde où l’inflation serait à zéro, tout le temps : un monde où la politique monétaire serait telle qu’elle arriverait à neutraliser complètement l’inflation, voire la rendre négative, ou une situation dans laquelle l’inflation serait structurellement basse.
- Enfin, un monde dans lequel une inflation très faible sur une longue période de temps ferait dire que l’inflation a disparu, peut-être définitivement, dans une région ou de façon globale.
C’est cette dernière piste qu’il me semble intéressant d’explorer. En effet, depuis 2008, l’inflation n’est guère montée au-dessus de 2%, voire de 1% depuis 2013 si on exclut 2018, quand les taux étaient à deux chiffres dans les années 1980. « Où est passée l’inflation ? » ont titré de nombreux journaux alors que l’économie se relevait de la crise des subprimes. « Un monde sans inflation », c’était d’ailleurs un titre des Echos en 2014. C’est aussi le cas aux Etats-Unis ou encore au Japon, et en 2014 seulement une douzaine de pays avaient une inflation supérieure à 10%. Il faut donc insister sur le fait que c’est un phénomène global, qui marque une rupture forte avec le XXème siècle.
Il sera sans doute intéressant de mobiliser de nombreuses théories économiques, tout en les mêlant avec des faits historiques et la connaissance des politiques monétaires européennes et américaines :
- Première théories de la monnaie au XVIe siècle, Loi de Gresham, effondrement du système de Law, mercantilisme, équation d’Irving Fisher, équation de Cambridge, Courbe de Phillips, théories monétaristes (Friedman et les anticipations adaptatives, influence sur la politique monétaire), théories keynésiennes (Keynes, Okun, IS/LM), théories de Lucas sur les anticipations rationnelles etc.
- Périodes de d’hyperinflation (en Allemagne, au Venezuela, au Zimbabwe), de stagflation, de désinflation… en allant de la découverte d’or dans les colonies au XVIème siècle à la crise de 2008, en passant par la crise de 1929 et les chocs pétroliers
- Objectif de stabilité des prix de la BCE et de la FED (moins restrictif), politiques de quantitative easing, politique de relance monétaire européenne
Autour de ce sujet, on pourrait se poser diverses questions :
- Pourquoi un monde sans inflation ? Pourquoi l’inflation a-t-elle « disparu » malgré des politiques monétaires accommodantes ?
- Un monde sans inflation est-il souhaitable ? Y avait-il des avantages à l’inflation ?
- Quelles sont les conséquences d’un monde sans inflation ? Les banques centrales ont-elles un sens alors que leur but principal était la maitrise de l’inflation ?
- Comment repenser les politiques économiques dans un monde sans inflation ? Notamment repenser l’opposition entre monétaristes et keynésiens
- Sommes-nous vraiment dans un monde sans inflation de façon durable ou bien est-ce seulement une phase, tout comme les phases de forte inflation ?
En somme, on sent une inquiétude face à une situation que l’on connait peut tant elle diffère du passé. Il serait alors peut-être intéressant de se demander : pourquoi la perspective d’un monde sans inflation est-elle perturbante pour les économistes ?
Disclaimer
Attention, petite pause avant de te présenter l’approche à laquelle j’ai pensé. Si tu as un plan totalement différent, une approche différente, une problématique différente, pas de panique ! Ce plan est issu de la réflexion d’une personne sur ce sujet, qui a eu des professeurs et un parcours sans doute différents du tien. Mais si cela t’intéresse, le voici :
I – Les causes de cette situation sont floues et les analyses du XXe s’appliquent avec plus de difficulté
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Les analyses traditionnelles des causes de l’inflation…
- L’inflation a toujours fait partie de l’histoire et…
- …les économistes ont cherché à l’expliquer (l’inflation par les coûts, l’inflation par la monnaie, l’inflation importée, causes structurelles…)
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… et peinent à expliquer la non inflation actuelle (taux directeurs et inflation découplés)
- La création de monnaie à la suite de la crise de 2008 (quantitative easing, forte baisse des taux d’intérêt et maintien bas) aurait du relancer la croissance et l’inflation
- Mais elle n’a pas eu d’effet inflationniste sur l’économie, tout en relançant la croissance de certaines économies, depuis maintenant 5 ans
-
Et les causes de cette situation sont encore floues
- Des causes conjoncturelles ? Croissance faible, chômage et peu de progression des salaires, bas prix des matières premiè..
- Des causes structurelles ? Commerce international, vieillissement de la population (pas de volonté de dévalorisation de l’épargne), fortes dettes publiques, capacités de production non utilisées,
II- Les conséquences de cette situation sur l’économie sont assez inconnues même si elle était le rêve des monétaristes
- L’objectif des monétaristes était une stabilité des prix et pour cela, il était nécessaire d’avoir une politique monétaire stricte, aux mains des banques centrales
- La situation est paradoxale d’un point de vue économique. L’inflation peut avoir des effets bénéfiques sur la croissance surtout dans sa relation avec les taux d’intérêt (ménages encouragés à consommer, emprunt plus facile). Or, aujourd’hui l’inflation est faible et les taux d’intérêts sont bas (ce qui est positif pour Keynes ET Friedman), mais la croissance ne reprend pas et le chômage reste haut, par ex en France
- Où se cache alors l’inflation ? Y aura-t-il un retour de bâton et l’explosion d’une bulle (marchés financiers très actifs, fortes dettes publiques, forte création monétaire). Cette situation fait peser une incertitude sur le futur (un nouveau type de crise ?). On pourrait ici citer Minsky et sa notion de « moment de Minsky », où la situation se retourne.
III- Comment s’adapter au mieux à ce nouveau monde ?
- Pour commencer, cette situation est surtout paradoxale dans les économies développées (politiques de la FED et de la BCE), d’autres pays connaissent encore une inflation « normale » au regard du XXe siècle. Il s’agira de trouver d’autres moyens de relancer l’économie que la baisse des taux directeurs qui semble être une voie bloquées. Pire, les agents se sont habitués à des taux bas et réagiraient mal à une hausse dans un contexte de croissance extrêmement fragile. Faut-il compter sur les dépenses publiques ? Sur l’innovation ? Faut-il adopter des mesures plutôt structurelles ? Comment lutter contre le chômage ?
- La modération de la création de monnaie afin d’éviter une crise, en réfléchissant à la régulation financière (De confiance ? Financière ? Economique ?). En effet, la création de monnaie finance des déficits qui alimentent inexorablement les dettes publiques, d’autant plus avec la dette covid. Faudra t-il annuler les dettes ? Où va donc cet argent, où est-il placé, comment est-il utilisé ?
- Repenser le rôle des Banques Centrales dans le cas d’une disparition effective de l’inflation, ainsi que les règles de la BCE : quel nouveau rôle ?