crises

Le monde va-t-il de plus en plus mal ? Les crises dans le monde semblent être de plus en plus récurrentes si l’on regarde le monde avec une échelle temporelle très large… La crise des subprimes de 2007-2008 puis la crise de la Covid-19 à la décennie qui suit montrent que les crises se multiplient. Je te propose dans cet article de te donner un large aperçu de la géopolitique des crises. Un sujet de plus en plus actuel et dont la probabilité de tomber aux concours de HGGMC de prépa ECG ne fait qu’augmenter chaque année.

Les crises dans le monde à l’origine du basculement des équilibres mondiaux 

Les crises dans le monde sont de véritables catalyseurs des dynamiques mondiales, qui déstabilisent puis restabilisent des équilibres mondiaux. Pour mieux appréhender la géopolitique des crises, il convient d’abord d’exposer la définition d’une crise que l’on doit à Antonio Gramsci dans ses Cahiers de prison : « La crise consiste dans le fait que l’ancien [monde] meurt et que le nouveau ne peut pas naître. » En d’autres termes, les crises mondiales marquent des transitions entre deux ordres mondiaux. Elles permettent de passer d’un équilibre mondial ancien à un tout nouveau, et de le stabiliser pour quelques années, voire décennies.

Les crises dans le monde sont donc des ruptures entre deux continuités. Afin d’analyser pertinemment le terme crise dans ton introduction, en plus de la définition d’Antonio Gramsci, tu peux également ajouter que l’on peut faire un parallèle avec le domaine de la médecine : la crise vient d’une maladie, ce qui suppose donc d’expliquer les raisons de la maladie. Tu dois chercher les déséquilibres qui ont produit la ou les crises en question, ce qui te permettra d’expliquer aisément pourquoi il y a eu un basculement d’équilibre/d’ordre mondial. N’oublie jamais que la crise entraîne de fait un changement de paradigme. Tout un univers de pensée se retrouve ébranlé par cette géopolitique des crises.

Les grandes crises mondiales des années 1970 : une réponse à la mondialisation ?

Les années 1970-1980 ont constitué deux décennies de rupture. Elles sont incontournables si l’on veut mieux appréhender la géopolitique des crises actuelles. Au-delà des crises dans le monde, l’analyse la plus pertinente à relever avec la mondialisation est la suivante : la (troisième) mondialisation telle qu’elle se met en place dans les années 1970/1980 est en fait une réponse aux multiples crises géopolitiques qui surviennent. 

En 1971, le « coup de Nixon » provoque une crise monétaire qui s’accompagne de fait d’un changement de paradigme environnemental. Il s’agit plus précisément d’un passage d’une monnaie fixe à une monnaie flottante avec la fin des accords Bretton Woods (et donc de la convertibilité or en dollar « as good as gold »). La déstabilisation de cet équilibre monétaire est non sans conséquences puisqu’elle troque une grande dérégulation financière puis annonce la fin du keynésianisme (ancien équilibre économique mondial) et amorce le monétarisme (nouvel équilibre économique mondial) ; c’est-à-dire le passage d’une économie fondée autour de la demande à une économie fondée autour de l’offre.

En 1972, le rapport Meadows alerte vivement sur la crise environnementale à venir, et provoque ce faisant un changement de paradigme environnemental. Ce rapport met principalement en lumière le fait que la croissance infinie est impossible dans un monde fini.

En 1973, le premier choc pétrolier crée un véritable changement de paradigme énergétique. On passe de ce fait dans un monde centré sur une énergie (le pétrole) peu chère à une énergie très chère (attention, cela n’est plus forcément vrai de nos jours). 

C’est ainsi que les années 1970 débutent par trois crises dans le monde qui sont en fait trois changements de paradigmes. La mondialisation n’en est que la conséquence, une réorganisation du monde (voire un équilibre mondial, comme le prouve le basculement de la DIT à la DIPP) destinée à réguler les déséquilibres causés par ces crises géopolitiques.

Les crises géopolitiques sont synonymes de changement d’époque

La crise de 1929 est en fait une conséquence à la fois de la Première Guerre mondiale, des règles déflationnistes de l’étalon-or et du passage du leadership de la puissance britannique à la puissance américaine. Ce faisant, sur ce monde s’en greffe un autre : celui d’un ordre mondial mutualisé.

Comme vu plus haut, la crise de 1970 marque la remise en question du modèle fordiste et de la régulation monopolistique (dirigés par le modèle des « Trente Glorieuses ») et ouvre la voie à l’ère de la dérégulation dictée par les « 3D » de Henri Bourguinat, manifestations très visibles de la troisième mondialisation.

Les crises dans le monde qui ont lieu à la fin du XXᵉ siècle, début XXIᵉ siècle (à l’instar de la bulle spéculative japonaise, etc.) sont provoquées par le régime d’accumulation financière produit par les anciennes crises de 1970. Elles mettent en place un nouveau changement de paradigme puisqu’elles marquent la fin d’un monde où les économies croyaient qu’elles pouvaient fonctionner sans autres règles que celles du marché.

La crise économique post-subprimes, après 2007-2008, a provoqué quant à elle une mobilisation croissante des sociétés civiles (en plus de tout l’engouement de l’économie et des finances mondiales). Ce qui a poussé à maintes reprises le G20 à agir pour pallier la multiplication des méthodes d’optimisation et d’évasion fiscale (et des paradis fiscaux).

Enfin, la crise de la Covid-19 est peut-être l’une des plus virulentes crises dans le monde ces derniers temps. Elle a révélé principalement la très grande désindustrialisation des pays développés et leur très forte dépendance aux pays émergents. Mais elle prévoit également la stabilisation d’un nouvel équilibre mondial qui serait post-américain. Les États-Unis ayant montré à maintes reprises lors de cette crise mondiale leur volonté d’arrêter de se porter comme garant du monde.

La France, exemple d’un pays qui a dû s’adapter en conséquence à cette géopolitique des crises de 1970-1980

Ce paragraphe pourra t’aider à rédiger une belle étude de cas sur la France pour un sujet autour des crises dans le monde dans ta dissertation de HGGMC. En effet, la France est un pays qui a eu beaucoup de mal à s’adapter lors des décennies 1970-1980 pour répondre aux crises que le monde traversait.

Les plans de relance keynésiens sous Valery-Giscard d’Estaing ne fonctionnaient plus à cause d’un contexte d’interdépendances des économies du monde. Cependant, le mois de mai 1981 marque l’arrivée de la gauche au pouvoir (Mitterrand) pour la première fois de la Vᵉ république. Cela provoque de fait une rupture majeure, car on observe la mise en place d’une politique économique contracyclique. Les plans de relance sont désormais structurels et non conjoncturels comme l’étaient les précédents. Ils sont donc durables. C’est en l’occurrence la « politique de la rigueur budgétaire » ou le fameux « tournant de la rigueur » de Pierre Mauroy.

Ainsi, au regard de la géopolitique des crises, la France bascule économiquement d’une politique keynésienne (désormais caduque au regard des précédentes crises dans le monde) à une politique plutôt monétariste (dont Milton Friedman est la figure de proue).

Une multiplication de plus en plus vive des crises dans le monde

Avant de comprendre le réel engouement des crises ces dernières décennies, il convient de dresser un historique des crises dans le monde pour comprendre à quel point elles se sont multipliées à travers les siècles puis les décennies.

D’antan, les crises dans le monde se produisaient de manière assez irrégulière, et de façon très espacée dans le temps. En fait, les crises étaient surtout ponctuelles avant le XXᵉ siècle. On se rappelle par exemple de la crise de la tulipe aux Pays-Bas qui avait créé une folie spéculative.

Le krach de Wall Street en 1929 n’était que les prémices de la multiplication des crises à venir. En effet, l’interdépendance accrue causée par la mondialisation transforme toute crise en crise systémique (c’est-à-dire que la crise se retrouve au centre du système international, et donc le bouscule en profondeur et dans tous les secteurs). De fait, la mondialisation change la nature et les modes de diffusion des crises.

C’est pourquoi les crises se sont multipliées considérablement après les années 1970 à l’instar du deuxième choc pétrolier (1979), de la crise de la dette du Mexique (1982), des crises asiatiques (1989-1990 et 1997), de la crise Tequila au Mexique (1994), de la crise du réal au Brésil et du rouble en Russie (1998), de la crise Tango en Argentine (1998-2001) de la bulle spéculative Internet (2000-2001), etc.

De fait, la pérennité de la mondialisation est interrogée par les crises au point que certains considèrent la mondialisation comme une menace intrinsèquement porteuse de crises et appellent à une autre mondialisation, voire à une « démondialisation » (Walden Bello).

J’espère que mes analyses et mes exemples sur les crises dans le monde te permettront d’exceller sur un sujet possible à venir sur la géopolitique des crises. Tu peux te renseigner davantage sur des crises bilatérales comme la crise des sous-marins entre la France et l’Australie !