Les concours approchent à grands pas, et il s’agit désormais de peaufiner tes dissertations à l’aide de détails qui sauront faire de ta copie une excellente copie ! En composition de lettres, l’introduction est l’une des parties, si ce n’est la partie, la plus importante de ton raisonnement. Il faut donc y apporter une attention toute particulière et en maîtriser les spécificités. Cet article te propose donc des conseils afin de briller lors de cette épreuve !

Pourquoi l’introduction en composition de lettres est-elle essentielle ?

Avant de détailler le contenu de l’introduction de la composition de lettres, il convient de préciser deux éléments essentiels. Tout d’abord, il est conseillé, autant que faire se peut, de rédiger l’introduction au brouillon. On ne saurait écrire au fil de plume et donner à lire dès le début un raisonnement décousu, imprécis et maladroit à son correcteur.

L’introduction correspond à ce moment où le correcteur saisira d’emblée si ta copie a compris les enjeux du sujet. Elle donnera également le ton de ton raisonnement et permettra de montrer la finesse de ce dernier.

Afin de ne pas oublier un pan de la citation qui t’est soumise, nous te conseillons de la lire une première fois à la réception du sujet. Puis, de la recopier sur ton brouillon et d’en surligner ensuite les passages et termes/images qui t’ont paru importants.

Les étapes de l’introduction de la composition de lettres

L’accroche

Une accroche qui permet de capter l’attention de ton correcteur prend le plus souvent la forme d’une citation. Il faudra cependant éviter les citations de critique littéraire pour préférer les citations purement littéraires, de préférence tirées d’une des œuvres au programme. Cette citation sera suivie d’une analyse liminaire, afin de la relier au sujet proposé par le jury.

L’analyse de la citation

Il s’agit de la partie centrale de ton introduction. Elle se divise précisément en trois sous-parties.

1/ L’explication de la citation

Dans cette première partie, qui est l’explication de la citation, il est attendu que tu déplies et déploies la citation pour la rendre intelligible, même pour un non-spécialiste de lettres. Cette explication se décline en deux mouvements.

Il convient d’abord de formuler ladite citation pour montrer que tu en as saisi le sens et que tu es capable de l’expliquer de façon claire et efficace avec tes propres mots. En outre, il est nécessaire d’éclairer certains termes plus obscurs ou jargonneux, afin de bien montrer que tu maîtrises le lexique et les images proprement littéraires. Il faut montrer également le lien entre la citation que tu proposes et le sujet, et par la suite, la pertinence de ce choix.

2/ L’émergence d’un paradoxe

Il s’agit d’un petit passage d’une à deux lignes dans lequel tu relèves les manquements, voire les incohérences, ou encore les angles morts du sujet, ainsi que les tensions que celui-ci peut introduire. Pourquoi l’auteur affirme-t-il cette idée ? Pourquoi utilise-t-il telle image ? Un autre positionnement n’est-il pas envisageable ? Peut-on penser le sujet sous un autre angle ? Qu’en dit un autre théoricien ? Qu’en dit l’histoire de la littérature ? Qu’en disent les auteurs au programme ?

Tous ces paradoxes peuvent être formulés sous la forme de questions pour rendre la lecture plus agréable. Veille cependant à ne pas multiplier les questions. Une ou deux, trois maximum, suffisent.

3/ L’antithèse

Dans cette dernière partie explicative, tu développes les manquements que tu as pu constater en analysant le sujet. C’est une partie qu’il ne faut absolument pas négliger puisqu’elle donne un aperçu de la direction que tu vas prendre dans la deuxième partie de ta dissertation.

La problématique

Assure-toi bien de formuler ta problématique sous forme d’une alternative, afin de bien souligner le caractère paradoxal de la citation.

L’annonce de plan

Annonce de plan traditionnel en trois phrases, chacune reliée par un connecteur logique.

Exemple de composition

Voici un exemple d’introduction d’une composition de lettres qui a obtenu la note de 18,5/20 au concours de l’ENS 2021 :

« Dans le prologue de son recueil Les Poèmes saturniens, Verlaine écrit que : « La Force, à présent – ô pitié ! – la Force/C’est l’ouragan, c’est la tempête, c’est la houle. » Il montre ainsi que le lyrisme se pose d’emblée comme lié à une force expressive et à une élévation de la voix qui ne saurait s’enfermer dans une certaine morosité ou modestie. [Accroche] Cela rejoint la réflexion que propose Georges Perros dans ses Papiers Collés III lorsqu’il affirme qu’ « il y a lyrisme dès qu’il y a circulation. Rien de plus lyrique que le sang. D’où, peut-être y a-t-il un lyrisme par homme. Un battement de cœur particulier qui sonne l’heure d’un discours ininterrompu, puisque discontinu ». Le lyrisme manifeste donc la force du langage, donne du relief à l’émotion et, à travers l’image du sang, figure la force vitale du poète. La « circulation » décrite par Georges Perros évoque la profusion expressive dont est capable le lyrisme, et son habileté à ne jamais s’enferme dans une émotion convenue, dans un cadre littéraire certain. La profusion émotionnelle est retranscrite dans le langage lui-même et se manifeste dans des productions littéraires inouïes. Le poète se laisse donc porter par ses envolées lyriques qui ne doivent être bridées. Ainsi n’existe-t-il pas un lyrisme général, mais bien « un lyrisme par homme », car le sujet écrivant est un être singulier avec des émotions qui lui sont propres. La personnification du lyrisme par G. Perros en un « battement de cœur particulier » rappelle la force et la vivacité du langage qui s’exercent presque indépendamment du sujet écrivant. Mais par cette idée de « sonner l’heure », il rappelle aussi la profusion musicale du lyrisme : au sein des mots, on entend battre le cœur du poète et de l’écriture. Le lyrisme ouvre donc la voie à un « discours ininterrompu, puisque discontinu » : il met en forme l’émotion qui surgit spontanément, la déplie et la déploie pour qu’elle ne s’affaiblisse pas. Le lyrisme est donc tout opposé à la mollesse élégiaque. [Explication de la citation] Cependant, la description que fait Georges Perros du lyrisme ne semble couvrir qu’une partie de la réalité : ne peut-on pas dire que l’émotion se cache dans l’atténuation du langage ? Le lyrisme ne se trouve-t-il pas aussi dans une certaine douceur et un quiétisme ? [Paradoxe] En ce sens, on peut dire que le lyrisme est capable de s’arrêter sur l’émotion et de l’approfondir, de la creuser. On pourrait alors évoquer un lyrisme grêle et assourdi (sans pour autant verser dans la mollesse et le sentimentalisme) qui ferait l’expérience des limites du langage, l’empêchant ainsi de devenir ce « discours ininterrompu ». [Antithèse]

Si Georges Perros définit le lyrisme comme une force qui se déplie et se déploie avec intensité, n’y a-t-il pas aussi dans le lyrisme l’expression d’une certaine faiblesse, une atténuation ? [Problématique]

Le lyrisme est d’abord une expression intense et tonique de l’émotion. Toutefois, le propre du lyrisme est également d’atténuer le langage pour approfondir l’émotion. Ainsi est-il possible d’envisager la confrontation du lyrisme avec l’indicible. [Annonce de plan]

Te voilà paré pour réussir cette partie essentielle de la composition ! Pour consulter d’autres exemples détaillés de copies de concours, n’hésite pas à te rendre dans la grange à copies ! Tu peux aussi aller jeter un coup d’œil à cet article sur la méthode de la dissertation littéraire en A/L et B/L !