La géopolitique ESSEC est l’une des épreuves les plus emblématiques du concours de la BCE pour les prépas ECS. C’est le coup d’envoi de la BCE 2022 qui compte pour un coefficient 5 et 6 respectivement à l’EDHEC et à l’ESSEC ! Que la géopo soit ton point fort, ou que tu souhaites te rassurer sur le contenu de ta copie, retrouve ci-dessous notre analyse du sujet de Géopolitique ESSEC 2022. Tu peux retrouver le sujet de géopo ESSEC 2022 ici !
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L’analyse du sujet de géopolitique ESSEC 2022
Sujet : Le contrôle des routes stratégiques depuis 1913, vecteur de domination des Etats dans le monde
Actualité et lien avec le sujet
Plus de 3 000 migrants tentant de rejoindre l’Europe sont morts en mer en 2021, deux fois plus qu’en 2020, a indiqué vendredi 29 avril l’ONU qui veut des “alternatives” à ces fuites désespérées et dangereuses.
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, la pandémie de Covid-19 et les fermetures de frontières qui en ont découlé ont eu un impact sur les flux migratoires, de nombreux réfugiés et migrants se tournant vers des passeurs pour tenter, dans des conditions toujours plus inhumaines, de rejoindre malgré tout l’Europe.
Définitions et analyse des termes
Contrôle : le terme est polysémique, puisque le premier sens nous amène à penser à une surveillance, une vérification, alors que le sens davantage géopolitique indique une mainmise, une manipulation, voire une domination d’un acteur sur un tiers.
Routes : le pluriel du terme renvoie à une pluralité de routes, qu’elle soit visible ou invisible, reconnue ou contestée, empruntée ou non. Le terme laisse pense en premier lieu aux routes commerciales qui relie les Etats du monde entier tant par voie terrestre que voie maritime. Mais il est bon de penser aux routes spatiales. De même, il fallait penser aux flux migratoires qui s’accélèrent au gré du développement de nouvelles routes. Enfin, le concept d’ « antiroute » tel que l’évoque le géographe Roger Brunet semble aussi central pour évoquer les routes de la mondialisation grise.
Stratégiques : caractère de ce qui est du ressort de la stratégie, définie par Liddell Hart comme étant la « coordination de toutes les ressources de la nation en vue de l’atteinte de ses objectifs ».
Vecteur : tout ce qui véhicule un message ou une information, ce qui est à l’origine, la cause d’un certain nombre d’effets, ici en l’occurrence d’une position de domination.
Domination : provient du latin « dominus » signifiant le maître, le propriétaire de sa maison, en d’autres termes, il s’agit de l’action d’un acteur qui dirige et qui veille sur sa propriété, ses biens, ici à l’instar des Etats. A noter qu’il faut caractériser cette domination : si elle est unilatérale, dans ce cas il s’agira d’hégémonie, sinon, multilatérale, il s’agira d’un leadership étatique. Qui dit domination dit qu’il existe au sein de l’équilibre des puissances au minimum un dominant et un dominé, voire un ou des dominateurs qui cherchent à s’imposer sur la sphère internationale ou à passer d’une position de dominé à dominant ou encore l’inverse ! Bref, le terme laisse place à bon nombre d’analyses des relations entre Etats.
Etat : reprendre la définition de Max Weber dans Le Savant et la Politique : autorité souveraine en charge de la gestion politique et administrative (gouvernement) d’une population sur un territoire (la nation) délimité par des frontières qui exerce le « monopole de la violence légitime ». Il conviendra de caractériser ces Etats dans la copie, à savoir s’ils sont des Etats Providence, Etat de droit, Etat nation, Etat failli ou en déliquescence, etc. Assiste-t-on à un « Etat importé » comme le souligne Bertrand Badie dans L’Etat importé : l’occidentalisation de l’ordre politique, ou encore à un « retour des Etats » selon Michel Guénaire ? Est-ce que « l’Etat-nation est devenu trop petit pour les grands problèmes et trop grand pour les petits problèmes » comme s’en lamente Daniel Bell ?
Bornes historiques et géographiques
Depuis 1913 : ici la borne est classico-classique, puisqu’elle fait référence à la date qui concerne le début du programme d’HGGMC en prépa ESC/ECG. Mais on pouvait penser à la California Alien Land Law de 1913 qui interdisait aux “étrangers inéligibles à la citoyenneté” de posséder des terres agricoles ou de les louer à long terme, mais autorisait les baux d’une durée maximale de trois ans. Cette loi a affecté les agriculteurs immigrés chinois, indiens, japonais et coréens en Californie.
Autre idée : la Grande émigration transatlantique (1870-1914) : on estime qu’entre 1881 et 1914, environ 38 millions de migrants se sont dirigés vers les Amériques, la plupart provenant de l’Europe. Malgré l’attrait important exercé par l’Argentine et le Brésil — qui reçoivent environ un quart de l’ensemble de ce mouvement — une majorité prépondérante se dirige vers l’Amérique du Nord, où les États-Unis constituent de loin la destination privilégiée
Dans le monde : ici la borne géographique est très large et suppose de traiter le sujet à l’échelle planétaire, ce qui n’empêche pas le candidat d’effectuer un raisonnement multiscalaire, comme un zoom ou un dézoom de l’échelle mondiale à l’échelle locale et étudier ainsi de plus près les différents pans des stratégies mises en place par les Etats sur divers territoires.
Problématiques possibles
Quel est le rôle des Etats dans la construction, l’érection, le développement et l’aménagement des routes mondiales ?
En quoi les routes sont-elles devenues des acteurs majeurs dans la stratégie des Etats ? de domination interétatique ?
Faut-il craindre une perte de contrôle totale des Etats sur ces routes ?
Proposition de plan
I – Historiquement, l’apparition et le contrôle progressif des routes étatiques puis mondiales ont permis une domination stratégique des Etats sur les autres acteurs
II – Cependant, le développement stratégique de ces mêmes routes échappe de plus en plus au contrôle des Etats, déstabilisant l’équilibre de domination étatique
III – En fait, on assiste aujourd’hui à une stratégie de domination contrôlée des routes et antiroutes sur les Etats
Concepts à mobiliser
- Constat de Roger Brunet sur les « antimondes » et les « antiroutes » ou « la partie du monde mal connue et qui tient à le rester, qui se présente à la fois comme le négatif du monde et son double indispensable » dans Les Mots de la Géographie.
- Reprendre l’expression d’« autoroutes de l’information » selon Al Gore qui parle de l’essor des nouvelles technologies.
- « Les aéroports dessineront le développement urbain et l’implantation des entreprises au XXIème siècle, comme l’ont fait les autoroutes au XXème, les chemins de fer au XIXème et les ports au XVIIIème siècle » John Kasarda
- « Le Pacifique jouera le rôle joué maintenant par l’Océan Atlantique et au Moyen-Age par la Méditerranée : le rôle de la grande route maritime du trafic mondial » selon Karl Marx : en 1980, le commerce transpacifique a dépassé les échanges transatlantiques.
- Nouveaux critères de valorisation des territoires : accessibilité, connectivité et cognitivité.
- Typologie de l’aménagement des territoires : national, la planification régionale (régions, massifs, littoraux), l’urbanisme (agglomération, quartiers, villes), composition urbaine (semis urbain) et l’architecture (bâtiment)
- « Angles morts de la mondialisation » : états en marge par enclavement sans accès à la mer : Bolivie, Mongolie/cercle vicieux de la piraterie (Golfe de Guinée, mer de Chine, détroit de Malacca) /présence de la mafia qui dissuade les investisseurs ou de la corruption (Brésil…)
- « Isotropie » : caractère d’un flux qui peut prendre n’importe quelle direction (flux immatériels)
- « Anisotropie » : caractère d’un flux qui suit un axe orienté (flux matériels)
- Transports maritimes comme les conteneurs créés en 1956 par Mc Lean (caisse de dimension standardisée qui permet d’éviter la rupture de charge (charger/décharger) et porte-conteneurs en 1959 ou « épine dorsale de la mondialisation » d’après Antoine Frémont dans Le Monde en boîte : Conteneurisation et Mondialisation, car chute des coûts de transport, € d’échelle et conteneurisation.
- « Hubs and spokes » : réseaux de fret maritime, réseau en étoile autour d’un nœud géographique dans lequel s’effectuent des correspondances.
- Rapport étroit entre pays d’immigration et croissance économique : remises, remesas, remittances.
- Bassin émetteur (Inde, Mexique, Russie et Chine), bassin récepteur (USA, Arabie Saoudite, Allemagne et Russie) et pays de transit : espaces de « subversion de territorialité »
- Migrations internes : autant de migrants chinois à l’intérieur du pays que de migrants internationaux
- Apatrides : Rohingyas, Kurdes ou les Bidounes
- « Sans papiers » : surnommées les « Ni…ni » : ni régularisables (travail instable, liens familiaux déchirés), ni expulsables car venant de pays en guerre.
- « Transmigrant » : installation dans la mobilité comme mode de vie : nomadisme
- « La globalisation humaine » dans La question migratoire au XXIème siècle de Catherine Withol de Wenden : « le XXIème siècle s’ouvre sur une aire de migrations mondialisées ».
- Réfugiés climatiques : 1 personne chaque seconde quitte son habitation à la suite d’une catastrophe naturelle !
- « Diaspora » selon Michel Bruneau : dispersion d’une population : sous la contrainte, chaînes migratoires, intégration sans assimilation (conservation de l’identité culturelle), développement des échanges matériels et immatériels
- Construction d’Etats par l’immigration : des USA (12% de sa population), l’Australie (prisonniers britanniques), de la France (9%), aux EAU comme à Dubaï (95% de la population étrangère).
- Pour Alain Tarrius dans La Mondialisation par le bas, il existe un courant transnational de personnes et de marchandises qui impliquent des quantités relativement faibles de capital et des transactions peu institutionnalisées, informelles, parfois « semi-légales » ou « illégales », qui sont souvent associées aux pays en voie de développement, mais qui sont cependant présentes sur tout le globe.
- Migration pendulaire : déplacement domicile-lieu de travail : au Japon, les salariés habitent en moyenne à 200km de leur lieu de travail en raison du prix de l’immobilier : pollution, congestion anti développement durable…
- « Push and pull factors » : facteurs poussant à émigrer : les premiers contraignent, les seconds attirent
- Afrique : 1ère cause de mortalité : accidents de la route d’où le développement nécessaire de routes goudronnées pour remplacer les pistes.
- Sahara : terre d’échange depuis l’Antiquité : routes caravanières de dromadaires, oasis, villes étapes comme Tombouctou, Gao, Agadès, s’est érigée en barrière depuis l’Antiquité ce qui a réduit les échanges transsahariens, puis les indépendances ont permis la reconquête du désert au détriment des littoraux des années 60 à 90 avec la découverte de champs d’hydrocarbures et le début du tourisme (Ghât, Tamanrasset).
- Mise en valeur du territoire : barrages comme Itaipu, route Transamazonienne au Brésil.
- Manifestations des Ponchos Rojos contre la route de Tipnis en Bolivie, contestations contre la construction de barrages au Brésil.
- Pourtant des espaces aux potentialités importantes : routes favorisant l’essor de la contrebande, périphéries dissidentes : régions productrices de coca : zones légales encadrées par l’Etat pour la consommation traditionnelle et zones destinées à la production illicite : le Chapare en Bolivie : 80% de la production mondiale destinée à la transformation en cocaïne.
- Interreg : programme européen visant la coopération entre les régions européennes, financé par le FEDER (programme PHARE pour le développement de la Pologne et la Hongrie comme la construction d’autoroutes)
- Arctique : routes maritimes du Nord-Est russe et Nord-Ouest canadien leur profite pour leur commerce (20% de ses exportations, route plus chère que le canal de Suez et Panama) et projet d’une route transpolaire mais question de la sécurisation face au risque des icebergs
- 2013 : arrivée de Xi Jinping au pouvoir : Nouvelles Routes de la Soie terrestres et maritimes, réseau ferroviaire développé et ouvertures de 11 zones franches. Une politique de projection vers l’extérieur : développement de Pékin, Shanghai et Guangzhou. Spécialisation industrielle : Delta de la Rivière des Perles, Yangzi, Pékin/Tianjin/Hebei. Aéroport international de Beijing-Daxin pour désengorger celui de Pékin, terminal le plus grand du monde, avec objectif de devenir le 1er aéroport mondial. Port en eau profonde de Yangshan, prolongement de celui de Shanghai grâce au pont de Donghai.
Axes terrestres : Pékin/Europe de l’Ouest par le Transsibérien, Europe à Shanghai par le Xinjiang et la Pologne (Astana, Moscou, Duisbourg, Rotterdam), Europe à Shanghai par l’Iran et la Turquie (Almaty, Téhéran, Istanbul).
Versant maritime : Afrique de l’Est : Kenya, Djibouti, Ethiopie. - Guerre des câbles sous-marins : explosion du trafic de l’Internet mobile : infrastructures dans le ciel : satellites et sur mer et sous la mer : kilomètres de câbles enfouis : vulnérables et guerres d’influence : Marea : 1er câble déployé par Microsoft et Facebook entre Virginia Beach et Bilbao ! 6400 km : 160 térabits de données par seconde, le plus puissant des 430 câbles sous-marins mondiaux, en fibre optique : les ¾ du trafic Internet. Le 1er câble est posé en 1851 entre Douvres et le Cap Gris-Nez : télégraphe : communication entre les bourses de Londres et Paris.
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