Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous retrouver dans cet épisode de L’Accroche, la série de podcast de Major-Prépa qui décrypte des curiosités historiques ou géographiques pour te donner de supers accroches à intégrer dans tes copies d’ESH, d’HGG et de CG. Pour continuer cette série, je te propose de s’intéresser au nouvel or du capitalisme moderne : les données, outils pour nous transformer en profils et nous influencer dans nos moindres décisions, du simple achat au vote pour les présidentielles.
Un nouvel ordre économique
Shoshana Zuboff décrivait dans l’Obs en octobre 2020 ce qu’elle qualifie d’avènement d’un nouvel ordre mondial capitaliste : l’ère de l’extraction et de l’exploitation des données personnelles par les géants de la Silicon Valley. Ce capitalisme dit de surveillance prolonge un modèle délétère que l’on observe déjà dans d’autres domaines, affirme Zuboff : captation des ressources, concentration du capital entre certaines mains, et mépris pour la régulation et les tentatives de maîtrise du phénomène.
Les données personnelles des utilisateurs des différents services (réseaux sociaux, moteurs de recherche…) sont la nouvelle matière. Zuboff et d’autres spécialistes du sujet qualifient ce nouvel or de “surplus comportemental”, c’est-à-dire ce qui est déduit par les algorithmes de l’expérience humaine en ligne. Des profils sont ainsi construits, et souvent reliés à de véritables personnes physiques grâce à des données précises. Chaque clic, chaque photo, chaque like est un élément de plus qui s’ajoute au profil virtuel d’une précision effrayante que construisent les GAFA.
Les nouveaux capitalismes (Bezos, Zuckerberg, Page) exploitent ces profils et nous mettent, discrètement, sous surveillance rapprochée.
À nouveau capitalisme, nouvelle division du travail
En tant que cibles du recueil de données, nous ne savons en général pas comment, par qui et pourquoi elles sont extraites. Un ordre démocratique et, in fine, existentiel est remis en cause : nous sommes devenus incapables de répondre aux questions essentielles au bon fonctionnement de la démocratie : qui sait ? Qui décide ? Qui décide de qui décide ?
Nous ne savons plus vraiment si Internet est notre outil, ou si nous sommes ses cibles commerciales. Google obtient et revendique des zones de non droit, en colonisant par exemple le milieu politique, et tout devient moyen de transformer les utilisateurs en dollars : même Pokémon Go oriente les joueurs vers des magasins partenaires.
Lire aussi : Faut-il réformer le capitalisme ?
Le capitalisme de surveillance n’est pas un accident mais le résultat d’un processus intentionnel
On évoque souvent le capitalisme en général comme une sorte d’accident, arrivé de nulle part, qui aurait surgit de notre système de production comme un diable de sa boîte. Mais comme le capitalisme de surveillance, le capitalisme en général a été construit intentionnellement à un moment précis de l’histoire selon Zuboff. Certaines personnes, comme Sheryl Sandberg (directrice des opérations de Facebook), sont à l’origine de cet avènement.
Une position tranchée à nuancer
Les bénéficiaires de ce nouveau capitalisme sont également ceux qui en vantent les performances : l’efficacité des systèmes de collecte de données et la capacité des entreprises à les utiliser pour nous influencer est plus incertaine. Quel a été le réel impact de la campagne Cambridge Analytica ?
Face à un système nécessairement imparfait, l’être humain reste mystérieux, et son environnement changeant. Cependant, une inquiétude subsiste : à force de nous transformer en profils et de nous influencer grâce à nos données, va-t-on vers une remise en cause de la nature humaine ?
Cette anecdote peut t’être utile pour introduire ou développer de nombreux sujets sur les GAFA, le recueil de données et les scandales associés, le capitalisme, les ressources (dont les données sont un nouvel élément) et bien d’autres ! Quant à nous, on se retrouve très bientôt dans le prochain épisode !