Le 15 août 2022, les derniers soldats français ont quitté le Mali, marquant la fin de l’opération Barkhane. Le même jour, dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité de l’ONU, la junte malienne accusait le gouvernement français de soutenir des groupes djihadistes.
Je te propose ici de retracer l’histoire de l’opération Barkhane jusqu’au départ définitif de la France du Mali.
Les débuts de l’opération Barkhane
L’opération Barkhane est une opération militaire de l’armée française lancée le 1er août 2014 qui remplace les opérations Épervier et Serval. Son objectif est de lutter contre les groupes djihadistes présents au Sahel, notamment ceux affiliés à Al-Qaida et à Daech.
En 2014, 3 000 soldats français sont envoyés sur le terrain, ils sont plus de 5 000 en 2020. L’opération Barkhane s’effectue en partenariat avec les États de la région, en particulier via le groupe G5 Sahel. Ce dernier est constitué du Mali, du Niger, du Burkina Faso, du Tchad et de la Mauritanie. De plus, dès 2018, la France reçoit le soutien de certains pays de l’Union européenne (Royaume-Uni, Danemark, Suède, République tchèque, Estonie), qui envoient des hommes et des hélicoptères. Les États-Unis participent également à l’opération en fournissant à la France des renseignements.
La fin de l’opération Barkhane
En juin 2021, après un coup d’État au Mali de la junte militaire, Emmanuel Macron suspend sa coopération avec l’armée malienne, puis annonce la fin de l’opération Barkhane « en tant qu’opération extérieure ». Attention, cela ne signifie pas un désengagement total de la France dans la région, mais plutôt un redéploiement des soldats, notamment vers le Niger, et une redéfinition des missions de l’armée française.
Pour en savoir plus sur la redéfinition de la stratégie française en Afrique de l’Ouest, tu peux parcourir ce rapport de l’Ifri : Après Barkhane : repenser la posture stratégique française en Afrique de l’Ouest.
Cette décision illustre également la volonté de la France de ne plus porter seule le fardeau de la sécurité au Sahel. En effet, la fin de l’opération Barkhane doit laisser place à la création d’une force européenne, appelée Takuba, censée coopérer davantage avec les États du G5 Sahel. Néanmoins, en mai 2022, la junte malienne a annoncé se retirer du G5 Sahel, ce qui a provoqué le retrait du pays des dernières forces françaises et des forces européennes.
Si tu veux un autre exemple de pays en proie avec le danger islamiste, je te conseille cet article sur le Burkina Faso !
Comment la Russie tente de remplacer la France au Mali
Au-delà de l’instabilité de la région, minée par le djihadisme, l’influence française est altérée par l’arrivée du groupe paramilitaire russe Wagner. Déjà présents dans plusieurs pays d’Afrique, ces mercenaires sont accusés d’entretenir un sentiment anti-Français au sein des populations locales. La France est ainsi souvent considérée comme une ancienne puissance coloniale qui cherche à maintenir une tutelle sur ses anciennes colonies en freinant leur développement.
Un exemple de « discréditation » de l’action française au Mali a eu lieu en avril 2022, lors du retrait des troupes de l’opération Barkhane. Peu de temps après l’évacuation du camp de Gossi, au nord du Mali, par l’armée française, des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux montrant un charnier à l’ancien emplacement du camp et accusant la France d’exactions.
Cependant, des drones français avaient filmé des hommes en train d’enterrer des cadavres après l’évacuation. La France a alors accusé les mercenaires de Wagner d’avoir orchestré ce charnier afin de discréditer l’action française auprès des citoyens maliens.
Cet épisode montre qu’une véritable guerre informationnelle se joue entre la Russie et la France pour étendre et préserver leur influence en Afrique. Par ailleurs, il est intéressant de regarder les votes lors de la résolution de l’ONU à propos de la guerre en Ukraine en mars 2022. En effet, on peut constater que de nombreux pays africains, notamment le Mali, se sont abstenus. Ce vote montre la perte de vitesse de l’influence occidentale en Afrique.
Les accusations du gouvernement malien
Dernièrement, en août 2022, la junte malienne a adressé une lettre au président du Conseil de sécurité de l’ONU. Dans cette dernière, elle accuse la France de soutenir des groupes djihadistes en leur fournissant des renseignements et des armes. L’armée française est notamment accusée d’avoir violé plusieurs fois l’espace aérien malien et d’entraver l’action des forces maliennes. Le ministre des Affaires étrangères malien menace d’utiliser la « légitime défense » si la France continue ces « agressions » qui portent atteinte à la souveraineté du pays.
L’armée française a démenti ces accusations et le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a soutenu la France en la remerciant pour son action de stabilisation au Mali.
Ces accusations s’inscrivent donc dans un contexte de défiance mutuelle entre le Mali et la France. Elles montrent que l’Afrique n’est plus une chasse gardée de l’influence occidentale.
Si tu t’intéresses à la place de l’Afrique dans le jeu des grandes puissances, je te conseille cet article sur les relations sino-africaines et celui-ci sur les relations russo-africaines.