écritures

Voici dix références à citer dans tes dissertations de géopolitique. Dans une copie, il est toujours apprécié d’utiliser des références et de citer des thèses d’auteurs pour justifier ses propos. Certaines références sont plus célèbres ou encore plus pertinentes que d’autres. Notre objectif est de te présenter dix œuvres incontournables que tu pourras citer et mobiliser dans tes copies.

Retrouve nos articles de méthodologie en cliquant ici !

Avant de commencer, pourquoi citer des références dans ses dissertations de géopolitique ?

Citer une référence dans une dissertation de géopolitique peut permettre de rendre ses arguments plus pertinents, dans la mesure où l’on partage l’avis d’un spécialiste. Il ne faut pas en abuser et faire référence à une thèse doit se faire à bon escient !

Il est inutile d’en mettre beaucoup, car les professeurs n’apprécient pas cela en général. En effet, citer 10 ou 15 références dans une copie de géopolitique dépersonnalise la copie et ne permet pas à l’élève de réfléchir par lui-même. Cela devient un catalogue de références, parfois superficielles et pas assez maîtrisées, qui reflètent un réel manque de réflexion de la part de l’élève. Ainsi, tu retiendras la règle des « trois A : adaptée, ajoute, apprise », qui dit que la référence en géopolitique n’est utile uniquement si :

  • elle est adaptée au sujet (ne pas citer des œuvres juste pour les citer, alors que c’est hors contexte) ;
  • elle ajoute un plus à ton argumentation, justifie tes propos, solidifie ta thèse… ;
  • elle est apprise et maîtrisée, il faut avoir compris la thèse et avoir lu si possible un extrait du livre cité.

Passons maintenant au vif du sujet avec les références !

Des références pour des dissertations sur des sujets mondiaux autour de la mondialisation, de l’ordre international

Francis Fukuyama – La fin de l’Histoire et le Dernier homme (1992)

Cette œuvre écrite par le politologue américain et conseiller de l’administration Reagan, Francis Fukuyama, marque la fin du XXᵉ siècle. Elle s’inscrit dans le contexte de la fin de la guerre froide et de la chute du mur de Berlin.

Dans ce livre, il émet la thèse selon laquelle la fin de cette guerre idéologique, qui aura duré près de 44 ans, marque également « la fin de l’Histoire » dans la mesure où le monde devrait s’apaiser et que les conflictualités qui nourrissent l’histoire devraient cesser.

Sa thèse repose sur l’idée d’un monde américanisé. Par la victoire du bloc de l’Ouest, tous les autres pays sont désormais naturellement amenés à adopter les idéaux libéraux de l’hyperpuissance (Hubert Védrine) américaine. Il prédit ainsi une nouvelle ère de paix qui implique qu’il n’y aura donc plus rien à raconter dans les livres d’histoire…

Selon Fukuyama, la troisième guerre mondiale n’aura jamais lieu. Bien entendu, le contexte géopolitique actuel témoigne des limites de sa thèse tant les tensions se sont accrues. En revanche, à partir de 1994, période où les États-Unis ont réussi à s’imposer sur la scène internationale, sa thèse était soutenue par de nombreuses personnes.

« Il se peut que […] ce ne soit pas juste la fin de la guerre froide, mais la fin de l’histoire en tant que telle : le point final de l’évolution idéologique de l’humanité. » Francis Fukuyama

Bertrand Badie, Michel Foucher – Vers un monde néo-national ? (2017)

Pour citer un livre plus récent, Michel Foucher, diplomate et géographe français, et Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales, ont conjointement écrit un livre.

Celui-ci fait un bilan du contexte géopolitique mondial contemporain. Michel Foucher explique que nous sommes rentrés dans un « monde néo-national ». De nouveaux modèles ont réussi à s’imposer tels que le modèle chinois ou encore le modèle russe. Ces modèles parviennent même à séduire d’autres pays comme en Afrique.

Bertrand Badie préfère plutôt parler de « néo-nationalisme » puisque selon lui une nouvelle forme de nationalisme est née, dont nous te présentons une typologie.

Les trois types de nationalismes actuels selon Bertrand Badie :

  • un nationalisme affadi : chez les plus faibles issus de la décolonisation ;
  • un nationalisme d’émancipation : chez les émergents ;
  • un nationalisme de peur et un retour des crispations identitaires : chez les Occidentaux.

Une référence intéressante pour une dissertation sur le thème des frontières et de la mondialisation

Kenichi Ohmae – The Borderless World (1990)

Pour une dissertation de géopolitique sur la mondialisation et le thème des frontières, on pensera à Ohmae (ou à M. Foucher ci-dessus).

Selon K. Ohmae, l’émergence du phénomène de mondialisation s’est accompagné d’une ouverture accrue des frontières de toutes natures. Les pays forment de plus en plus une économie géante et interconnectée. Les États ne contrôlent plus vraiment leurs frontières, dans la mesure où les nouvelles technologies et les nouveaux accords ne font qu’accroître les flux entre les États. Tout cela amène Ohmae à affirmer que nous sommes entrés dans « le monde sans frontière » (The Borderless World).

Bien entendu, si l’on cite cette thèse dans une dissertation de géopolitique, il faut la placer dans le contexte d’émergence de la mondialisation (années 1980-1990). Car dans notre contexte actuel, c’est plutôt l’idée d’un retour des frontières qui domine.

Une référence originale pour une dissertation autour de la question du climat et de l’environnement

Guillaume Blanc – L’invention du colonialisme vert (2020)

Une référence récente et originale, quoi de mieux pour se démarquer dans sa dissertation de géopolitique ?

Dans ce livre, Guillaume Blanc dénonce une naturalisation forcée des espaces naturels africains par l’Occident, notamment avec la création des parcs naturels. Dans une conception coloniale de la nature, il souligne la volonté de l’Occident de retrouver une nature perdue.

En effet, le modèle économique actuel fondé en partie sur l’exploitation de la nature (déforestations, perte de la biodiversité, pollution…) dénature les paysages. Dès lors, la volonté de conserver les espaces naturels en Afrique au nom du climat reflète une nouvelle forme de colonialisme : « le colonialisme vert ».

Une référence incontournable pour un sujet de géopolitique sur la démographie

Paul et Ana Ehrlich – The Population Bomb: Population Control or Race to Oblivion (La Bombe P) (1968)

Cette thèse, assez vieille mais très connue, s’inquiète de la croissance importante de la population. Les auteurs dénoncent les risques que fait courir l’explosion démographique du tiers monde. En créant un déséquilibre hommes/ressources, une croissance démographique importante serait néfaste pour la planète et nos qualités de vie.

En effet, subvenir aux besoins d’une population trop importante nécessiterait un investissement en termes d’espace à exploiter. Dans une situation où les ressources sont déjà très exploitées, cela est alors source d’inquiétudes. Les peurs malthusiennes resurgissent et cette référence est d’autant plus d’actualité dans notre contexte actuel de crise climatique. Sommes-nous prêts à nourrir 8 à 10 milliards de personnes ? En avons-nous la capacité ?

C’est une référence ancienne, qui peut être remise en question et nuancée dans les dissertations.

Une référence connue, mais très utile dans une dissertation de géopolitique sur l’Afrique

 Jean-Michel Severino et Olivier Ray – Le Temps de l’Afrique (2010)

Dans cette œuvre, les deux auteurs offrent une vision optimiste de l’avenir du continent africain. Ils expliquent que la croissance démographique importante du continent et le fait qu’il ait de nombreuses ressources inexploitées sont un espoir de développement.

« Le XXIᵉ siècle sera celui de l’Afrique. On la croyait vide, rurale, animiste, pauvre, oubliée du monde. Or, cinquante ans après les indépendances, la voilà pleine à craquer, urbaine, monothéiste. Si la misère et la violence y sévissent encore, la croissance économique y a repris ; les classes moyennes s’y développent. Elle est désormais au centre de nouveaux grands enjeux mondiaux. »

Cette vision très optimiste du continent africain peut venir nuancer tes propos en dissertation (mais est aussi à critiquer). Cependant, même si l’Afrique a théoriquement les moyens de se développer, le contexte actuel ne l’aide pas.

En effet, en pleine crise socioclimatique, entre tensions, guerres et pénuries, il est difficile de s’imposer. Même si l’Afrique a de nombreuses opportunités de développement, elle doit faire face au problème climatique et aux pénuries de ressources…

« L’Afrique arrive au banquet de la nature au temps de la pénurie. » Jean-Michel Severino et Olivier Ray

Une référence originale pour une dissertation sur la guerre et la question de puissance

Bertrand Badie – L’Impuissance de la puissance (2004)

Une référence très utile pour la dissertation de géopolitique !

Bertrand Badie explique ici que les puissances classiques sont devenues impuissantes sur la scène internationale. Pour le spécialiste des relations internationales, la mondialisation s’est accompagnée de nombreux phénomènes : développement des nouvelles technologies du numérique, ouvertures et échanges accrus…

Les armées régulières sont désormais confrontées à des organisations non étatiques (le cas du terrorisme). Ces organisations s’organisent de façon réticulaire et se fondent dans la masse. Elles utilisent des moyens comme Internet, comme le fait l’État islamique avec les vidéos de décapitation. Il est difficile alors pour la puissance classique de mettre fin à ce type de problèmes. L’ennemi n’est pas facile à identifier, et une fois identifié, il est organisé en réseau à travers le monde et parvient à étendre son idéologie.

De plus, la multiplication des acteurs sur la scène internationale (acteurs non étatiques comme les ONG ou les FTN) rend la puissance étatique classique encore plus faible. C’est « l’impuissance de la puissance ».

Une référence originale pour une dissertation de géopolitique sur les États-Unis ou sur l’Europe

Robert Kagan – La Puissance et la Faiblesse (2004)

Encore une référence très intéressante à citer en dissertation de géopolitique.

Robert Kagan affirme que les « Américains » et les « Européens » ne partagent pas la même vision du monde. Les premiers seraient de Mars et les seconds de Vénus. Les Américains restent dans l’histoire et la conflictualité inhérente aux relations entre les nations. Ils adoptent une vision réaliste et pragmatique des relations internationales. Les Européens adopteraient une autre vision, ils seraient dans un « paradis post-historique » où régnerait la paix.

Selon Kagan, l’Amérique perçoit l’Europe comme faible. L’Europe voit les États-Unis comme unilatéralistes. L’Europe aurait ainsi abandonné le réalisme politique, qui serait au cœur des grands conflits mondiaux. Elle aurait adopté une vision moraliste de la politique internationale.

Deux références incontournables pour un sujet de géopolitique sur le Moyen-Orient

Kipling, Kim (1902)

Cette œuvre est certes ancienne, mais c’est son utilisation moderne qui fait son originalité dans une copie de géopolitique.

Dans ce roman, Kipling parle du « grand jeu » pour faire référence à la rivalité coloniale et diplomatique entre la Russie et le Royaume-Uni en Asie au XIXᵉ siècle. Cette rivalité a amené entre autres à la création des frontières de l’actuel Afghanistan, avec le corridor du Wakhan, comme État tampon. Les spécialistes de la géopolitique actuelle qualifient parfois de « Nouveau Grand Jeu » la domination de l’Eurasie. Cette domination serait une condition nécessaire à la suprématie mondiale.

En effet, dominer le Moyen-Orient, c’est aussi avoir un accès ouvert à de nombreuses ressources comme le pétrole. Les acteurs de cette lutte guerrière, diplomatique et énergétique sont principalement les États-Unis, la Russie et la Chine. L’Europe est assez en retrait dans la région.

Bertrand Badie – L’État importé (1992)

Dans ce livre, Bertrand Badie explique le blocage institutionnel des États au Moyen-Orient par leur modèle. Si les États au Moyen-Orient font face à divers problèmes, c’est parce que le modèle qu’ils ont adopté est importé de l’Occident. La domination politique de l’Occident sur les « pays du Sud » s’accompagnerait d’une domination culturelle plus forte. La décolonisation n’a pas fourni aux sociétés du tiers monde le moyen de trouver une organisation qui corresponde à leurs traditions. Les populations voient leurs aspirations rejetées dans ces « États importés ».

C’est une référence que tu peux facilement citer dans tes dissertations de géopolitique qui portent tant sur le Moyen-Orient que sur l’Afrique.

Te voici incollable sur les références classiques en géopolitique ! N’oublie pas que chaque référence peut être critiquée en dissertation.