agriculture

L’Afrique subsaharienne doit répondre à de nombreux défis qui ponctuent son embellie remarquable. L’un d’eux ? Une précarité alimentaire chronique, en partie due à une agriculture confrontée à des problématiques diverses. Enjeux économiques, géopolitiques, sociaux, environnementaux… Les défis de l’agriculture subsaharienne sont multiformes. Structures et infrastructures agricoles défaillantes, faiblesse de la productivité agricole, contrecoups du changement climatique sont autant de facteurs qui déstabilisent une agriculture déjà fragile.

L’ambition de cet article est de te présenter quelques-uns des défis qui affectent l’agriculture en Afrique subsaharienne, afin que tu puisses construire une belle étude de cas en dissertation de géopolitique en prépa ECG !

Un modèle agricole dual face au défi du développement

Un poids du secteur primaire qui témoigne de la faible diversification des économies

L’agriculture continue d’occuper une place prépondérante dans les économies subsahariennes, malgré l’urbanisation quasi exponentielle du sous-continent. L’importance du secteur agricole dans les PIB témoigne également de la faible diversification de la majorité des économies subsahariennes.

En 2016, la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) rapporte que la part de l’agriculture dans le PIB total est en moyenne de 15 %, bien que les écarts intrarégionaux soient très marqués. Ainsi, l’agriculture représente moins de 3 % au Botswana et en Afrique du Sud, et plus de 50 % au Tchad.

L’agriculture face au défi de l’emploi

L’agriculture familiale reste le principal pourvoyeur d’emplois, puisqu’elle fournit un moyen de subsistance à plus de la moitié de la population active. Les exploitations familiales emploient directement environ 175 millions de personnes (Alliance for a Green Revolution in Africa [AGRA], 2014).

Ces chiffres font apparaître clairement le manque de productivité du secteur agricole. Alors qu’elle emploie plus de la moitié de la population active, la contribution de l’agriculture au PIB africain est limitée. La faiblesse des rendements agricoles s’explique notamment par le retard pris en matière d’irrigation (1,2 % de la surface agricole utilisée en 2000).

Un modèle agricole dual

On l’a compris, l’agriculture se place au premier plan du défi de l’emploi en Afrique subsaharienne. On voit se dessiner de plus en plus une structure de production agricole duale.

En effet, si l’agriculture familiale reste dominante (et, de ce fait, essentielle pour l’emploi), on note que les petites exploitations cohabitent de plus en plus avec de grandes enclaves agricoles tournées vers l’exportation. Ces parcelles capitalistes ont vu leur nombre et leur taille augmenter depuis 2000. Elles ont notamment contribué à introduire de nouvelles spéculations comme les agrocarburants, les palmiers à huile ou les fleurs.

Une agriculture parfois trop peu épaulée par les infrastructures

Dans L’Afrique est-elle si bien partie ?, Sylvie Brunel identifie cinq défis majeurs à relever pour créer un développement inclusif en Afrique subsaharienne. L’un d’eux concerne l’accroissement de la productivité agricole. En effet, il y a une véritable inadéquation entre la production et la demande.

Or, l’enclavement est particulièrement handicapant dans le processus d’intensification agricole en Afrique subsaharienne. En effet, l’Afrique subsaharienne souffre de la vétusté, voire de l’absence d’infrastructures de transport entre les bassins de production agricole et les lieux de consommation. Les aires urbaines en pleine expansion (et donc fortement consommatrices) sont souvent mal articulées aux campagnes.

« En accordant une plus grande attention à la reconstruction des moyens de subsistance, qui sont souvent liés à l’agriculture, il est important de souligner l’importance des investissements dans les infrastructures », explique M. Bukar Tijani, alors Sous-Directeur général de la FAO et Représentant régional pour l’Afrique (dans FAO. 2017. Vue d’ensemble régionale de la sécurité alimentaire et la nutrition. Le lien entre les conflits et la sécurité alimentaire et la nutrition : renforcer la résilience pour la sécurité alimentaire, la nutrition et la paix).

Développer l’agriculture subsaharienne pour répondre à une croissance démographique soutenue

Les défis de la pression démographique

Pour faire face aux défis posés par la pression démographique, le développement de l’agriculture en Afrique subsaharienne devient une nécessité pour les États.

En effet, en matière démographique, le sous-continent soutient la croissance la plus rapide au monde depuis le début du XXIᵉ siècle. L’écrasante majorité des pays subsahariens n’ont pas achevé leur transition démographique. Il en résulte qu’à l’exception de l’Afrique du Sud et des Seychelles, presque tous les pays d’Afrique subsaharienne présentent un nombre d’enfants par femme supérieur à quatre.

Répondre à la précarité alimentaire

Parallèlement à ce taux de fécondité élevé (quoiqu’en légère baisse) s’établit un recul sensible de la mortalité qui permet de conjecturer une pression démographique toujours plus forte. En conséquence ? Des besoins alimentaires toujours plus importants alors que l’insuffisance alimentaire était déjà particulièrement problématique en Afrique subsaharienne.

« La région compte environ 25 pour cent des 815 millions de personnes sous-alimentées dans le monde en 2016 », souligne le rapport FAO. 2017. Vue d’ensemble régionale de la sécurité alimentaire et la nutrition. Le lien entre les conflits et la sécurité alimentaire et la nutrition : renforcer la résilience pour la sécurité alimentaire, la nutrition et la paix.

Le défi agricole compliqué par le land grabbing

Les préoccupations agricoles et les tensions alimentaires en Afrique subsaharienne sont exacerbées par un défi de plus en plus prégnant : le land grabbing (ou « accaparement des terres » en français). Il s’agit d’une pratique d’acquisition des terres à grande échelle, souvent controversée, dans un pays étranger à l’acquéreur (des firmes transnationales ou des entreprises gouvernementales).

L’expansion de cette pratique est soutenue en Afrique subsaharienne. Elle se fait bien souvent au détriment des communautés paysannes locales, exclues des bonnes terres concédées aux entreprises étrangères.

L’ampleur des acquisitions de terres en Afrique subsaharienne a été notamment signalée dans un rapport de l’ONG Grain, publié en 2008 et intitulé Main basse sur les terres agricoles en pleine crise alimentaire et financière (que je t’encourage d’ailleurs à aller lire ici !).

« Un certain nombre de pays qui dépendent des importations alimentaires et sont préoccupés des tensions sur les marchés, alors qu’ils ont des liquidités à placer, cherchent à externaliser leur production alimentaire nationale en prenant le contrôle d’exploitations agricoles dans d’autres pays. Ils l’envisagent comme une stratégie innovante à long terme pour assurer l’alimentation de leurs populations à bon marché, avec une sécurité bien supérieure à ce qu’elle était auparavant. » (ibid.)

C’est notamment le cas de l’Arabie saoudite, du Japon, de la Chine, de l’Inde, de la Corée, de la Libye et de l’Égypte, souligne le rapport. Ces pays « se sont engagés depuis mars 2008 dans une sorte de chasse au trésor diplomatique, à la recherche de terres agricoles fertiles » dans des pays comme l’Ouganda ou le Soudan.

Repenser les modèles agricoles subsahariens pour faire face à la crise climatique

L’agriculture subsaharienne face au défi de la crise climatique…

Face au défi climatique – particulièrement prégnant en Afrique subsaharienne – les modèles agricoles subsahariens doivent être revisités. Les territoires subsahariens sont en effet fréquemment sujets à de violents épisodes de sécheresse, qui fragilisent des sols souvent déjà dégradés. Par exemple, après deux années consécutives sans pluie, les États de la Corne de l’Afrique (Somalie, Éthiopie et Kenya, notamment) ont été frappés par une violente crise alimentaire en 2011.

Pour tenter d’apporter une réponse concertée à ce défi, le Comité inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) est créé dès 1973. Ce dernier vise à assurer la sécurité alimentaire des États membres en promouvant notamment l’agriculture irriguée. On retiendra également la tenue de la Conférence des Nations unies de 1977 à Nairobi. Une ville parfaitement indiquée dans le contexte des sécheresses des années 1970 en Afrique subsaharienne.

… et de l’anthropisation

Aux effets catastrophiques de la crise climatique sur les sols africains s’ajoutent les effets de l’anthropisation. L’anthropisation, c’est l’effet de l’action humaine sur les milieux naturels. En effet, la pression foncière et la course pour l’accaparement des terres favorisent le déboisement intensif, le surpâturage, les conflits d’usage ou l’extension des surfaces agricoles en marge des espaces arables.

Ainsi, en Afrique subsaharienne, la forêt couvrait 27,8 % de la surface en 2020, contre 28,7 % en 2015 (FAO). Tout ceci contribue à dégrader encore davantage des sols déjà détériorés.

Te voilà au fait des enjeux d’agriculture en Afrique subsaharienne. N’hésite pas à checker nos autres articles de géopolitique pour parfaire tes connaissances en prépa ECG !