Le Royaume-Uni est un sujet incontournable pour tes écrits comme pour tes oraux. Voici une fiche pour que ce sujet n’ait plus de secrets pour toi.
N’hésite pas à aller regarder les fiches qui traitent des périodes antérieures et postérieures : par exemple, celle traitant du Royaume-Uni dans la Grande Guerre !
I. La crise, d’abord économique, devient financière et politique au tournant des années 1930
1) Une crise d’abord économique
Ramsay MacDonald ne dispose pas d’une majorité solide pour entreprendre les grandes réformes travaillistes alors qu’au printemps 1930, la crise américaine commence à faire sentir ses effets en Grande-Bretagne.
En effet, on observe une baisse rapide des exportations et de la production industrielle. Cela s’accompagne d’une brusque hausse du chômage. Ainsi, la balance commerciale devient déficitaire, et dès 1931, la balance des paiements l’est également.
2) La crise devient rapidement financière
La situation financière britannique se détériore en juillet 1931, du fait d’un budget alourdi par les dépenses sociales (aides aux chômeurs), des difficultés de la Bourse de Londres et des conséquences de la faillite du Kredit anstalt.
La course au retrait des clients étrangers menace la livre sterling, par le blocage des capitaux britanniques et la diminution de la balance des paiements. L’ensemble de ces facteurs entraîne une diminution non négligeable du stock d’or britannique. La Fed accepte d’aider financièrement la Banque d’Angleterre si le Royaume-Uni rétablit son budget en réduisant les dépenses sociales.
3) Enfin, la crise devient politique face aux difficultés économiques et financières grandissantes
Le Labour est divisé quant à la gestion de la crise financière et économique. La majorité, menée par les Trade Unions, est pour une augmentation des impôts sur les grandes fortunes.
Cependant, une autre partie préconise une intervention massive de l’État pour assurer le plein-emploi. MacDonald choisit la politique d’économie budgétaire des conservateurs, mais le peu de soutien qu’il reçoit le conduit à démissionner en août 1931.
II. Le gouvernement prend alors des mesures d’urgence, économiques et politiques pour tenter de redresser le pays
1) Un gouvernement d’union nationale reprend en main le pays face à la crise
Sur le plan politique, un « gouvernement d’union nationale » dirigé par MacDonald est très rapidement formé, composé de conservateurs, de travaillistes et de libéraux dissidents. Une grande majorité des travaillistes rejetés dans l’opposition perçoit ce retournement politique en faveur des conservateurs comme une trahison.
L’aggravation de la situation financière malgré les politiques d’austérité (réduction des allocations chômage) conduit le gouvernement à suspendre en septembre 1931 la convertibilité-or de la livre, mesure décisive pour les élections de 1931. Les électeurs sont divisés sur le maintien ou non du libre-échange face à la perte de valeur de la livre. Les conservateurs, favorables à une politique de protectionnisme à long terme, sont victorieux. MacDonald est Premier ministre du second cabinet du gouvernement d’union nationale.
2) Retour au protectionnisme pour lutter contre la crise
La politique de lutte contre la crise se caractérise alors par une rupture avec les principes du libéralisme. Du point de vue monétaire, si la décision de septembre 1931 s’accompagne d’une dévaluation massive de la livre (−30 %), la confiance est rétablie, les capitaux et l’or affluent en Angleterre.
Du point de vue commercial, la dévaluation de la livre ne permet pas d’augmenter les exportations à cause des dévaluations des devises étrangères. Il est donc décidé unanimement de revenir au protectionnisme par une série de mesures taxant les importations.
Il est à noter qu’un accord de préférence impériale est signé avec l’Inde (accords d’Ottawa) pour maintenir les liens économiques avec l’Empire.
3) MacDonald contribue à accentuer l’interventionnisme de l’État
Sur le plan intérieur, MacDonald rompt avec la doctrine libérale, en faisant intervenir activement l’État dans la vie économique. La campagne de propagande « Buy British » est ainsi lancée pour parer le déficit de la balance commerciale.
Des crédits bon marché sont créés pour ranimer l’activité industrielle, la concentration sidérurgique et minière est encouragée. Enfin, une politique d’aménagement des territoires est inaugurée en 1934.
III. Le redressement britannique est certes tangible, mais il doit alors faire face à certaines limites et contradictions sociales
1) Un redressement économique marqué dans de nombreux secteurs
Dès 1932, la Grande-Bretagne connaît un léger redressement, contrairement au reste de l’Europe. Cela se traduit par une hausse sensible de la production agricole (+25 % par rapport à 1914), grâce au protectionnisme et à l’interventionnisme (subventions).
De même, la production industrielle dépasse de 30 % celle de 1929. Si les industries traditionnelles peinent toujours, les industries modernes se concentrent, ce qui permet d’augmenter la production. De même, la vie sociale britannique reste active. La BBC est par exemple fondée en 1922.
2) Ce redressement est cependant à nuancer
Mais ce redressement économique présente trois limites majeures. La crise ne fait qu’accentuer le déclin du Nord « noir » au profit du Sud-Est, où se développent des banlieues industrielles. En outre, les politiques de dévaluation et de protectionnisme n’ont eu que peu d’effets. Le volume des exportations représente en 1939 la moitié de ce qu’il était en 1929.
Il est tout de même à noter qu’en 1939, l’Angleterre représente encore 13 % du commerce mondial. Enfin, si le marché intérieur est la principale source de débouchés, le pays compte 2,8 millions de chômeurs en 1932 et toujours 1,5 million en 1936. De plus, les solutions de Keynes ne sont pas écoutées.
3) De même, l’évolution sociale est à souligner face à ce redressement économique
L’inégalité de la société britannique est d’autant plus tangible que les années 1930 sont celles du chômage de masse : les « Gloomy Thirties ». Ce chômage touche 22 % de la population en 1932.
Les Marcheurs de Jarrow en 1936 montrent la situation difficile des pauvres industriels. The Road to Wigan Pier de Orwell montre les conditions de vie difficiles de la classe ouvrière dans les années 1930, et notamment celles des mineurs.
Paradoxalement, l’accession à une consommation et l’augmentation du niveau de vie marquent également la période. Le développement d’une société de loisir fait ainsi émerger un consensus social contradictoire avec l’aspiration à une société plus juste.
IV. Vers la fin des années 1930, l’Angleterre semble connaître un redressement, tout en nuances, alors que se profile la Seconde Guerre mondiale
1) La Grande-Bretagne dispose d’une majorité politique solide : de 1931 à 1939, c’est le règne des conservateurs
Contrairement à un certain nombre de pays européens, la crise ne remet pas en cause les structures politiques traditionnelles. La British Union of Fascists de Mosley n’a qu’une éphémère popularité et la tentative de « Front populaire » anglais de 1938 est un échec.
Les libéraux sont toujours en déclin et la vie parlementaire est dominée par des conservateurs réalistes. Le gouvernement d’union nationale confirme son succès aux élections de 1935 : Baldwin succède à MacDonald. Même la crise dynastique est rondement menée. Edouard VIII annonce son désir d’épouser une Américaine divorcée et abdique au profit de son frère George VI.
2) L’Angleterre entame donc une marche à la guerre mitigée sur la fin de la décennie
Ce n’est qu’à partir de 1936 que la politique étrangère reprend de son importance. Étant donné le souci d’économie budgétaire, les crédits militaires ont été sacrifiés. Les Britanniques semblent compter sur la SDN et la solidarité de l’Empire (accords d’Ottawa).
Ce n’est donc qu’à partir de 1936 qu’est entreprise une politique de réarmement, alors que Chamberlain, Premier ministre à partir de 1937, mène une politique d’appeasement. L’échec de Munich contraint les Britanniques à se préparer tardivement à la guerre.
3) Malgré tout, la question de l’Irlande traverse l’ensemble de ces deux décennies, mettant en cause l’idée d’un Royaume-Uni
D’abord colonisée pendant la grande Réforme, l’Irlande est intégrée au Royaume-Uni à sa création en 1800. Les propriétaires protestants s’opposent aux fermiers catholiques, qui représentent 90 % de la population. Le mouvement Sinn Féin, créé en 1905, prône alors l’indépendance totale et dès 1916, on assiste à des soulèvements nationalistes à Dublin.
Entre 1919 et 1921, de violentes guérillas opposent les nationalistes de l’Irish Republican Army (IRA) aux Unionistes. Cela conduit au traité de Londres en 1921 qui officialise la partition de l’Irlande. Le gouvernement accepte l’État libre d’Irlande comme dominion et l’Ulster reste rattaché au Royaume-Uni. La guerre d’indépendance de 1919-1921 est immédiatement suivie d’une « guerre civile » en 1922-1923.
Arrivé au pouvoir en 1932, De Valera rompt peu à peu les relations avec le Royaume-Uni jusqu’à doter l’Irlande du Sud d’une Constitution en 1937 et se proclamer neutre dans la Seconde Guerre mondiale.
C’est tout pour cette fiche, qui, nous l’espérons, t’aura permis d’y voir plus clair sur cet épisode de l’histoire au Royaume-Uni !
N’hésite pas à consulter nos autres articles destinés aux préparationnaires littéraires juste ici !