Que tu sois en khâgne A/L ou B/L, tu passeras sans doute les épreuves orales de latin aux ENS de Lyon et/ou de Paris. Pour les réussir, il est indispensable de connaître des éléments clés sur la vie et l’œuvre des grands auteurs. Après Virgile et Cicéron, nous te proposons de découvrir un des poètes romains les plus célèbres : Ovide !
Enfance et études d’Ovide
Ovide naît en 43 av. J.-C., dans la région des Abruzzes près de la mer Adriatique. Issu d’une famille aisée, son père l’envoie à Rome étudier le droit. Il termine ensuite sa scolarité à Athènes. Ce passage par la Grèce le marque beaucoup et influence ses écrits.
Très bon avocat, Ovide se distingue d’abord par son talent pour la rhétorique. Il s’intéresse ensuite à la poésie, à laquelle il décide de se consacrer pleinement à l’âge de 24 ans en renonçant à sa carrière juridique.
Nous avons une bonne connaissance de la vie d’Ovide grâce à son recueil des Tristes (Tristia, en latin), qui a une forte dimension autobiographique. Il est un des poètes les plus jeunes de l’ère augustéenne. Si Horace et Virgile sont marqués par la guerre civile qui précède l’Empire, Ovide n’a que 12 ans au moment de la bataille d’Actium, où Auguste triomphe de Marc-Antoine.
Premiers succès d’Ovide
Les recueils d’Ovide ont rapidement du succès. Parmi ses thèmes favoris, on trouve le sentiment amoureux et l’érotisme. Il te faut connaître certaines de ses œuvres pour passer tes épreuves de latin.
Les Héroïdes (Heroides ou Epistulae heroidum)
Ce recueil est écrit par Ovide, qui n’a pas encore vingt ans. Il imagine des lettres en vers écrites par des femmes célèbres parlant à leurs maris ou amants absents. Le poète reprend des thèmes dans différents cycles mythologiques ou littéraires troyens, helléniques et latins. Parmi les héroïnes des lettres, on trouve Médée, Phèdre, Didon, Ariane et Hermione.

Les Héroïdes ciblent un public cultivé et intéressé par un angle particulier et innovant sur la mythologie. L’influence de la tragédie sur l’écriture ovidienne est indéniable. Enfin, on peut noter le caractère relativement moderne des sentiments exprimés par les héroïnes.
Les Amours (Amores)
Les rimes d’Ovide portent ici sur la relation amoureuse et sont parfois dédiées à des femmes. Ses réalisations suivent le modèle de l’élégie. Le poète alterne les hexamètres (six mesures) et les pentamètres (cinq mesures). Le recueil comprend par ailleurs de nombreux topoï élégiaques. On peut citer :
- l’attente devant la porte fermée ;
- la maladie de la femme aimée ;
- l’amour comme combat (militia) ;
- l’amitié ou la jalousie ;
- la joie du premier triomphe amoureux.
Tout au long de l’œuvre, la figure de Corinne est récurrente. Son existence n’est pas vérifiée. Il semble qu’en réalité, elle soit un « mélange » de femmes connues ou aimées par Ovide. Plus que le récit d’un amour vécu, le recueil est à la gloire de l’amour de manière générale.
Enseigner l’amour
Parmi les œuvres d’Ovide, L’Art d’aimer (Ars amatoria) est sans doute une des plus connues. Le poète y enseigne l’amour comme un jeu ou une stratégie. Il égrène les techniques de séduction pour atteindre la femme aimée. Il faut se montrer généreux, louer ses défauts, cacher ses infidélités, etc.
L’Art d’aimer remporte un vif succès. Ovide publie ensuite les Cosmétiques (De medicamine faciei femineae) à destination d’un public féminin. Comment les femmes peuvent-elles prendre soin d’elles ? L’œuvre reprend notamment des recettes de produits de beauté.
Le temps des polémiques
Les textes d’Ovide sur l’amour et la séduction déplaisent à certains, qui lui reprochent de privilégier des sujets licencieux. Ses détracteurs, parmi lesquels l’empereur Auguste, affirment qu’il ne faut pas mettre ses livres entre les mains d’une femme honnête. Le poète va chercher à sauver sa réputation en écrivant Remèdes à l’amour (Remedia amoris). Un ouvrage à contre-courant de ses écrits précédents. Comment éviter les méfaits de l’amour ? Comment éradiquer la passion ?
Au-delà de ce nouvel écrit plus moralement acceptable sur l’amour, Ovide propose un commentaire poétique du calendrier rituel de Rome. Dans les Fastes, il revient aux origines mythiques des fêtes, des cultes et sur les anniversaires des grands événements nationaux. Son objectif est de s’inscrire dans le cadre de la politique culturelle et religieuse voulue par Auguste.
Les Métamorphoses
C’est à cette époque qu’Ovide écrit un de ses ouvrages les plus célèbres. Désireux tant de plaire à l’empereur que de se tourner vers des sujets plus sérieux, il se lance dans l’écriture des Métamorphoses. Passionné de mythologie, le poète s’inspire et relate diverses fables et légendes mythologiques.

Le poème, qui s’étend sur 15 livres et près de 12 000 vers, part du chaos créant le monde et s’étend jusqu’à la montée au pouvoir de César. Ovide se centre sur des personnages qui finissent métamorphosés en objet, en plante ou en animal. Parmi les épisodes les plus célèbres, on peut citer :
- la transformation d’Arachné en araignée par la déesse Athéna ;
- celle de Narcisse en fleur ;
- la métamorphose de Zeus en taureau lorsqu’il enlève la princesse Europe ;
- celle de Daphné en laurier pour échapper à Apollon.
L’exil d’Ovide
Ce revirement ne suffit pas à sauver Ovide. Auguste demande son exil à Tomis, en Roumanie, sur les bords du Pont-Euxin (actuelle mer Noire). L’empereur exige que les œuvres ovidiennes soient retirées des trois bibliothèques publiques impériales. Cette volonté de censurer n’empêche pas Ovide, maître de l’élégie, d’avoir une grande influence sur les auteurs des siècles suivants.
Le séjour contraint au Pont-Euxin est un drame pour Ovide. Cette période correspond à l’écriture des Tristes (Tristia), poèmes empreints de désespoir. À Tomis, Ovide écrit également les Pontiques, un ensemble de lettres envoyées à sa femme et à ses amis, où il les supplie d’intervenir pour obtenir sa grâce. Le poète écrit également des suppliques et des éloges à destination d’Auguste, mais rien n’y fait. Autre écrit à connaître, rédigé pendant son exil : Contre Ibis, un libelle dénonçant un ancien ami cherchant à s’emparer de sa fortune après son départ de Rome.
À la mort d’Auguste en 14 apr. J.-C., l’arrivée au pouvoir de l’empereur Tibère ne permet pas à Ovide d’être gracié et de rentrer à Rome. Il meurt finalement sur les bords du Pont-Euxin en l’an 17.
Tu es à présent incollable sur la vie et l’œuvre d’Ovide ! Il s’agit d’un des auteurs les plus célèbres du panthéon littéraire latin, le jury ne tolérera pas que tu n’aies pas d’éléments de contexte lors de ton passage à l’oral. N’hésite donc pas à mobiliser ces connaissances pour nourrir l’introduction ou le développement de ton commentaire de texte le jour de l’épreuve ! Pense aussi à relire nos conseils pour réussir ta traduction le jour J !