Chine

Tu as envie d’avoir plus de détails pour rédiger à l’avance certaines de tes études de cas ? Je te résume ici tout ce qu’il y a à savoir sur la mer de Chine méridionale : enjeux, exemples d’actualité, définitions, concepts essentiels et thèses d’auteurs !

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N.B. : Je remercie mes professeurs de classe préparatoire, Benoît Joulia et Lionel Pourty, dont les cours et les nombreuses explications m’ont permis de rédiger cet article.

Quelques éléments de définitions et perspective historique

La mer de Chine méridionale est souvent définie par les observateurs comme une mer marginale qui fait partie de l’océan Pacifique. Elle est bordée par 10 États : la Chine, Taïwan, les Philippines, l’Indonésie, Brunei, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam. Hormis Singapour, la Thaïlande et le Cambodge, sept États revendiquent une partie ou la totalité de la mer de Chine méridionale.

Les enjeux actuels en mer de Chine méridionale s’inscrivent dans une perspective historique particulière : alors que le continent océanique souffre de sa fragmentation, l’Asie de l’Est a vu son poids se renforcer petit à petit dès les années 1950 avec le redécollage du Japon. Pour en savoir plus sur l’histoire économique du Japon, clique ici. À cela s’ajoute l’émergence des « dragons asiatiques » (Hong Kong, Singapour, Corée du Sud, Taïwan) et des « tigres » (Thaïlande, Indonésie, Malaisie).

Par ailleurs, la montée en puissance de la Chine a également participé à faire de la mer de Chine méridionale un espace où résident de nombreux enjeux. En effet, la forte croissance économique et l’augmentation de son budget militaire, multiplié par cinq entre 2000 et 2022, semblent remettre en cause la prééminence des États-Unis établie après 1945 sur cet espace maritime.

Des enjeux multiples et complexes

Un espace maritime revendiqué

D’après plusieurs interprétations de la « ligne en neuf traits », également appelée « langue de bœuf », la Chine revendiquerait environ 80 % de cet espace maritime. Six États voisins s’opposent aux revendications de Pékin. Par ailleurs, l’ASEAN, dont les États membres sont les Philippines, l’Indonésie, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande, Brunei, le Vietnam, le Laos, la Birmanie et le Cambodge, s’y oppose également. Pour en savoir plus sur l’ASEAN et les intégrations régionales, je t’invite à lire cet article.

En outre, il s’agit d’un espace mal délimité entre les États voisins. Cela explique donc les nombreuses rivalités dont cet espace fait l’objet : rivalités pour les îles Pratas et les îles Paracels entre la Chine et Taïwan, pour le récif de Scarborough, les îles Spratleys…

Un espace d’importance capitale pour le commerce

Chaque année, plus de la moitié du trafic commercial maritime mondial transite par cet espace, notamment grâce au détroit de Malacca, de Sunda et Lombok. Dans cet espace sont également présents de nombreux ports régionaux comme Shenzhen, Guangzhou, Hong Kong, Singapour et Taïwan. Ils figurent parmi les plus importants du monde en termes de volume, en plus d’appartenir à la première façade maritime du monde.

En termes d’actualité, tu peux évoquer le projet de construction du canal de Kra, en Thaïlande. Un de ses avantages est qu’il offrirait une voie plus courte entre la mer d’Andaman et la mer de Chine méridionale pour éviter aux navires de faire le tour de la Malaisie. Ce projet s’inscrit également dans la volonté chinoise de contourner le dilemme de Malacca.

À ce sujet, la Chine a plusieurs options : accepter la position hégémonique des États-Unis sur cet espace, ce qui la rend vulnérable en cas de guerre, adopter des stratégies pour réduire sa vulnérabilité comme le canal de Kra, adopter une stratégie proactive de défense de ses intérêts outre-mer, ce qui peut augmenter les tensions avec Washington. Pour en savoir plus sur les rivalités entre les États-Unis et la Chine, tu peux consulter cet article.

De plus, il s’agit d’un espace riche en ressources énergétiques : pétrole, gaz, ressources halieutiques, nodules polymétalliques…

Des éléments essentiels pour le concours : thèses d’auteurs et étude de cas

Un exemple d’étude de cas rédigée : la mer de Chine méridionale, une mer qui met en danger la stabilité mondiale

La mer de Chine apparaît aujourd’hui comme l’une des mers les plus dangereuses pour la stabilité mondiale. En effet, un tiers du commerce mondial transite par la mer de Chine. Cela en fait donc un lieu de tensions et de convoitises. La zone s’est progressivement transformée en un théâtre d’observation, voire de confrontation. Les États-Unis (puissance maritime historique) et leurs alliés défendent le concept « d’Indopacifique libre et ouvert », incluant les mers de Chine orientale et méridionale. Ils s’opposent à la Chine, puissance continentale se dotant d’une marine de haute mer.

De plus, la Chine multiplie les coups de force dans cet espace. En effet, elle affirme une souveraineté en mer de Chine méridionale (par la « ligne des neuf traits » ou « langue de bœuf »), qu’elle perçoit comme une condition de la maritimisation des horizons de sa puissance. Pékin souhaite pouvoir se projeter au moins vers la première chaîne d’îles (des Philippines au Japon, en passant par Taïwan). Les tensions dans cet espace se manifestent autour des îles Paracels (revendiquées par la Chine et le Vietnam), des îles Spratleys (revendiquées par la Chine, Taïwan, le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et Brunei) ou encore du récif de Scarborough (revendiqué par la Chine et les Philippines).

Par conséquent, des logiques de contournements s’imposent pour Pékin afin d’éviter les risques d’un blocus provoqué par les États-Unis : projet de canal passant par l’isthme de Kra (Thaïlande) pour éviter le dilemme de Malacca et projet d’ouverture de corridors stratégiques par le Myanmar et le Pakistan.

Quelques thèses d’auteurs

Dans une copie de concours, tu peux faire référence à l’ouvrage de Thierry Namane, Mer de Chine méridionale : berceau de la guerre ? publié en 2018. Selon l’auteur, puisque des acteurs extérieurs à la région sont impliqués dans le problème de la mer de Chine, comme les États-Unis, il risque d’y avoir une augmentation des tensions. Ces tensions pourraient d’ailleurs avoir de graves répercussions à l’échelle régionale, voire mondiale.

Tu peux mettre cette thèse en parallèle avec la thèse de François Heisbourg, Le Retour de la guerre, publié en 2021, qui est expliquée en détail dans cette fiche de lecture.