Indopacifique

Tu as envie d’avoir plus de détails pour rédiger à l’avance certaines de tes études de cas ? Je te résume ici tout ce qu’il y a à savoir sur le Pacifique et l’Indopacifique : enjeux, exemples d’actualité, définitions, concepts essentiels et thèses d’auteurs !

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Quelques éléments de définitions et perspective historique

L’océan Pacifique est souvent défini comme le plus grand océan du monde, avec une superficie de plus de 180 millions de kilomètres carrés. Il couvre plus du quart de la surface de la planète. En effet, il représente 18 fois la taille des États-Unis et deux fois la taille de l’Amérique. Il s’étend de la pointe méridionale de l’Argentine à l’océan Indien jusqu’à la Russie orientale et l’Arctique. Ainsi, il comprend les mers de Béring, de Bali, de Chine orientale, de Corail, des Philippines, de Chine méridionale, d’Okhotsk, de Tasmanie et du Japon.

Quant à l’Indopacifique, il recoupe des réalités plurielles. En effet, le terme Indopacifique a une dimension plus stratégique que le terme d’Asie Pacifique (Shinzo Abe), qui lui est davantage géographique. Il s’agit d’un vaste corridor maritime interconnectant l’Asie Pacifique et l’océan Indien. Il s’étend des côtes orientales de l’Afrique à l’océan Pacifique et comprend les pays limitrophes, allant du Canada à l’Afrique du Sud, en passant par le Pakistan et le Chili. C’est donc une zone assez large en interface avec le Moyen-Orient et les pays producteurs d’hydrocarbures. C’est un espace stratégique convoité au cœur de la dynamique de mondialisation.

Dans une copie de concours, je te conseille de ne pas oublier de mentionner quelques dates importantes. Tout d’abord, Pearl Harbor en 1941 représente un événement décisif, car il provoque l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, puissance d’importance capitale pour cet espace. En effet, en 1867, les États-Unis achètent l’Alaska à la Russie, ce qui contribue à ouvrir les États-Unis sur l’océan Pacifique. En 1898, ils annexent Hawaï, puis occupent Guam et les Philippines après la défaite de l’Espagne. De plus, la Seconde Guerre mondiale contribue à accroître la présence de Washington dans le Pacifique.

Des enjeux multiples et complexes

Un espace au cœur de la mondialisation et de l’économie mondiale

Le Pacifique et l’Indopacifique sont au cœur de la mondialisation. En effet, ils représentent près de 30 % de l’économie mondiale. À la fin de la guerre froide, on observe un glissement de l’Atlantique vers l’Indopacifique. Rory Medcalf évoque même une « compétition des idées » et décrit cet espace comme le nouveau centre géopolitique mondial.

Dans le Neue Rheinische Zeitung (1850), Karl Marx prétend que « l’océan Pacifique jouera à l’avenir le même rôle que l’Atlantique de nos jours et la Méditerranée dans l’Antiquité ». En 1985, force est de constater qu’il avait vu juste. En effet, cette année-là marque une rupture majeure : les échanges transpacifiques dépassent les échanges transatlantiques.

De nombreuses zones d’intégration régionale et alliances

Il est possible de distinguer les zones d’intégration régionale (ZIR) asiatiques des ZIR américaines. Parmi les ZIR asiatiques se trouvent l’ASEAN, l’ASEAN plus trois et le RCEP. À la fin de l’article, tu trouveras une étude de cas rédigée à ce sujet. Par ailleurs, parmi les ZIR américaines, on retrouve l’ACEUMA (anciennement ALENA), le Marché commun d’Amérique centrale (MCCA), la Communauté andine des Nations (CAN) et l’UNASUR.

De plus, il existe aussi un forum de coopération : l’Asia Pacific Economic Cooperation (APEC). Il a été créé en 1988 et regroupe trois milliards d’habitants. En outre, il représente 55 % du PIB mondial et 50 % des exportations mondiales.

Certaines alliances bilatérales expliquent la forte présence américaine dans le Pacifique. En 1951, le traité de San Francisco lie le Japon aux États-Unis. Il garantit la défense du Japon par la puissance militaire américaine. Le QUAD (Quadrilateral Security Dialogue), formé en 2007 entre l’Australie, l’Inde, le Japon et les États-Unis, assure les discussions quant à la sécurité dans cet espace. Toutefois, la remise en cause du TPP (partenariat transpacifique) par Donald Trump et la signature du RCEP marquent un recul pour les États-Unis dans le Pacifique.

Des éléments essentiels pour le concours : thèses d’auteurs et étude de cas

Un exemple d’étude de cas rédigée : le RCEP, plus grand accord de libre-échange du monde, met en évidence la polarisation du Pacifique par la Chine.

Le partenariat régional économique global (RCEP) met en évidence la polarisation croissante du Pacifique par la Chine. C’est aujourd’hui le plus grand accord de libre-échange du monde. Il doit, d’ici 20 ans, éliminer 90 % des droits de douane entre les États signataires et n’inclut pas moins de 15 pays (ASEAN, Japon, Corée du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande). L’Inde a refusé de signer, de peur de voir son industrie envahie par les importations chinoises. Ce nouvel espace commercial représente environ 30 % du PIB mondial, 30% de la population mondiale.

En outre, il s’agit du premier accord qui lie les trois principales puissances asiatiques que sont la Chine, la Corée du Sud et le Japon. Si le RCEP est ambitieux, il connaît toutefois quelques limites : il convient de rester prudent sur la capacité de cet accord à réduire les contentieux (Chine-Japon, Chine-Vietnam, Japon-Corée du Sud, etc.). Par ailleurs, le déséquilibre entre la Chine et ses voisins constitue l’un des principaux défis du RCEP.

Mais d’un point de vue géopolitique, on y voit surtout la confirmation de la perte d’influence très forte de Washington en Asie. La signature de l’accord survient juste après l’élection présidentielle américaine de Joe Biden, l’ancien vice-président de Barack Obama. Dans le cadre de sa « stratégie du pivot » vers l’Asie, Barack Obama avait justement proposé un accord de libre-échange, dont l’objectif non avoué était de contrer la Chine (le Trans-Pacific Partnership ou TPP). Côté chinois, cet accord, qui unit Pékin et les autres pays asiatiques, est la démonstration que les États-Unis sont en déclin, et que le modèle de développement autant que l’attractivité sont désormais en Chine.

Pour en savoir plus sur les rivalités qui opposent la Chine et les États-Unis dans cet espace, tu peux consulter cet article.

Quelques thèses d’auteurs

Tu peux faire référence à la thèse de Jean Heffer, Les États-Unis et le Pacifique : Histoire d’une frontière, publié en 1995. Il met en évidence trois grandes périodes chronologiques pour le Pacifique :

  • 1784-1860 : période de la « grande frontière ». À cette période, les États-Unis couvrent tout le Pacifique ;
  • 1860-1941 : double phénomène de contraction de l’espace, où se déploient les intérêts américains et de résorption progressive de la frontière ;
  • après 1945 : le Pacifique devient un « lac américain ». L’ancienne frontière tend à disparaître.

Tu peux également mentionner la thèse de François Gipouloux, La Méditerranée asiatique, villes portuaires et réseaux marchands en Chine, au Japon et en Asie du Sud-Est, XVIᵉ-XXIᵉ siècle, publié en 2009. Il voit dans le Pacifique une « Méditerranée asiatique », qui s’étend de Vladivostok à Singapour, en passant par la mer Jaune et la mer de Célèbes. L’Asie de l’Est (surtout la Chine) bascule lentement de l’Asie continentale à l’Asie maritime.

N.B. : Je remercie mes professeurs de classe préparatoire, Benoît Joulia et Lionel Pourty, dont les cours et les nombreuses explications m’ont permis de rédiger cet article.