Noël

Si les fêtes de fin d’année sont bien souvent analysées sous les seuls prismes sociologiques et théologiques, il existe un versant encore trop peu étudié : l’impact des fêtes de Noël sur l’économie. En effet, alors que la consommation et la production sont démultipliées lors de cette période, les marchés financiers semblent systématiquement connaître une situation d’euphorie à la suite de Noël. Comment expliquer cette hausse soudaine du cours de nombreux titres financiers à la suite des fêtes de fin d’année ? L’optimisme généré à l’approche de Noël est-il la seule explication à cet optimisme soudain ?

Pour répondre à ces questions, nous te proposons une analyse des effets de Noël sur les marchés financiers. Nous verrons, entre autres, que l’État et la conjoncture économique à l’approche des fêtes en sont pour beaucoup dans cette flambée des titres. Bonne lecture !

Un effet janvier à l’origine de mouvements haussiers

Les raisons de la forte valorisation des titres financiers en janvier

Et si les fêtes de fin d’année étaient corrélées à une forte tendance haussière de la Bourse ? C’est en tout cas la thèse défendue par de nombreux acteurs du secteur financier. En 1942, Sidney Wachtel (Certain Observations on Seasonal Movements in Stock Prices, The journal of Business) observe une augmentation du prix des actions, en particulier celles des entreprises à faible capitalisation boursière, en janvier.

Il semble alors exister trois causes à cette hausse soudaine et surprenante suite aux fêtes de fin d’année

La première : la taxation. Les investisseurs pourraient être tentés d’adopter une stratégie afin de payer moins d’impôts (la taxation s’opérant en fin d’année). Pour ce faire, ils vendent leurs actions à mauvaises performances en fin d’année, afin d’engendrer des pertes. Ces actions sont alors rachetées dès le mois de janvier. Ce qui explique en partie ce mouvement haussier.

La deuxième raison est liée au fait que les gestionnaires de fonds présentent souvent leurs portefeuilles à cette période. À ce titre, dans le but d’embellir l’apparence de leur portefeuille, ils vendent les actions qui ont eu de mauvaises performances. Une fois la présentation de leur portefeuille achevée, ils peuvent racheter ces mêmes titres financiers. Ce rachat demeure subordonné au fait qu’ils estiment qu’ils auront un meilleur rendement dans l’année à venir. Ainsi, semblable à la première explication, ce rachat catalyse la hausse du cours des titres financiers après Noël.

La dernière raison est, quant à elle, directement liée aux fêtes de fin d’année. Et l’État contribue en partie à cette euphorie des marchés financiers, nous allons le voir.

Focus : le soutien des pouvoirs publics à la consommation, moteur de l’euphorie de Noël

Les employeurs privés ainsi que l’État peuvent tous deux accorder des primes de Noël, afin de récompenser le travail fourni, ou de relancer la consommation. Quoi qu’il en soit, celles-ci sont en partie allouées à l’achat de titres financiers au mois de janvier.

Ainsi, cette hausse soudaine de la valorisation des titres financiers est d’autant plus forte qu’elle est soutenue par l’État. À cet égard, le 15 décembre 2022, 2,3 millions de ménages ont touché la prime de Noël. Son montant de base est de 152,45 € et s’élèvera à plusieurs centaines d’euros pour les familles nombreuses.

Cette immixtion de l’État dans la consommation des ménages est ainsi soutenue par J. M. Keynes. En effet, selon l’auteur de Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936), si la relation entre revenu courant et consommation courante est stable, alors il est possible de mener une politique de relance par la consommation. Dès lors, une augmentation des dépenses publiques aura une forte influence sur l’augmentation des dépenses des ménages.

Pour ce faire, l’État peut augmenter les prestations sociales (telles que la prime de Noël). Cette prime permet d’accroître la consommation des ménages. Une partie de cette consommation pouvant servir à l’achat de titres financiers. Cette consommation entraîne alors un effet multiplicateur sur la production nationale.

Une valorisation d’autant plus forte que les « bonnes résolutions » poussent de nombreux consommateurs à se lancer dans l’investissement financier. En bref, l’effet janvier démontre un optimisme certain des marchés financiers à la suite des fêtes de fin d’année. Mais si cette hausse intervient en janvier, qu’en est-il de la période même de Noël ?

Le rallye du père Noël, conséquence directe de l’effet janvier

Les causes des mouvements haussiers de fin décembre

Cet optimisme des marchés financiers est également caractérisé, fin décembre, par le traditionnel rallye du père Noël. Lors de cette période au nom explicite, les tendances boursières sont haussières. Et pour cause, les investisseurs obtiennent en moyenne un gain de 1,8 % lors des fêtes de Noël (étude eToro). Mieux encore : le marché d’actions britannique enregistre des performances moyennes de +2,7 % lors de cette période.

Plus globalement, selon Admiral Markets, si l’on regarde la performance du S&P 500 sur les cinq dernières sessions de l’année et les deux premières de la suivante sur les 11 dernières fêtes de Noël, on constate que la tendance générale sur cette période est à la hausse.

Mais comment expliquer cette tendance haussière soudaine des marchés financiers à Noël ? Il semble que la première cause de ce rallye soit.. l’effet janvier lui-même. En effet, ce mouvement haussier semble être le résultat de l’achat d’actions en prévision de la hausse de leur prix au cours du mois de janvier. De surcroît, la légèreté des transactions de fin d’année pourrait expliquer cette hausse soudaine. En effet, la diminution du volume de transactions en raison des fêtes de Noël facilite le mouvement haussier des marchés.

Une autre explication à ce rallye du père Noël peut être l’optimisme des investisseurs quant à la conjoncture économique. En effet, les fêtes de Noël sont bien souvent à l’origine d’un regain de confiance des investisseurs. La période est ainsi à l’origine d’un double choc d’offre et de demande positif. Les producteurs devant s’adapter à la hausse soudaine de la demande à Noël, l’emploi connaît une hausse soudaine et temporaire. De quoi redonner confiance aux investisseurs et enregistrer de belles performances financières.

Étudions en détail cet optimisme généré par l’effet positif de Noël sur l’emploi.

Focus : Noël, une fête à l’origine d’une hausse temporaire de l’emploi

Si les investisseurs peuvent regagner confiance en décembre, c’est en partie parce que Noël engendre un impact positif sur l’emploi. En effet, la hausse de la consommation est à l’origine d’une augmentation des revenus des producteurs ainsi que d’une stimulation de l’emploi dans les secteurs les plus liés à la vente au détail et à la consommation de loisirs, accessoires, électroménager, tourisme.

En ce sens, les chaînes de production mondiales créent des emplois afin de répondre à l’augmentation soudaine de la demande. Et l’exemple espagnol est éloquent. À ce titre, la filière espagnole d’Amazon entend créer 4 500 emplois pour faire sereinement face à la période de Noël. D’autres entreprises (Carrefour, MediaMarkt et Ikea) entendent créer plus de 25 000 emplois dans la même période. Cette hausse de l’emploi est telle que 1,1 million de contrats de travail ont été générés au Noël dernier.

Cette hausse soudaine du niveau d’emploi bénéficie ainsi directement à la croissance économique. En ce sens, la loi d’Okun (A. Okun, Potential GNP : Its Measurement and Significance, 1962) décrit une relation linéaire entre le taux de croissance du PIB et la variation du taux de chômage. D’après cette relation, en dessous d’un certain seuil de croissance, le chômage augmente et au-dessus de ce seuil, il diminue.

Dès lors, d’après l’auteur, une hausse de 3 % du PIB aux États-Unis est associée à une baisse du taux de chômage américain d’un point de pourcentage. On se rend donc bien compte que la hausse de l’emploi est un véritable moteur pour le PIB. Des perspectives optimistes, qui favorisent donc une confiance des agents qui se traduit, entre autres, par l’achat de titres financiers.

Conclusion

Par conséquent, nous l’avons vu, que ce soit via l’effet janvier, ou via le traditionnel rallye du père Noël, les marchés financiers ne restent pas indifférents à l’approche des fêtes de fin d’année.

C’est sur cette perspective optimiste que prend fin notre article ! Nous espérons qu’il aura su te donner les clés pour comprendre ces mouvements haussiers à l’approche de Noël. Tu pourras utiliser cet exemple dans tes copies d’économie afin d’illustrer les fluctuations des marchés financiers, voire leur irrationalité.

N’hésite pas à consulter les articles d’économie des prépas ECG ainsi que ceux du pôle littéraire ! Nous te proposerons d’ailleurs toute cette année des articles en lien avec les prépas ENS D1, D2 et ECG, alors reste connecté·e. Bonnes révisions !