enquête sur l'IA en prépa

Vous avez été exactement 440 préparationnaires à répondre à la vingtaine de questions composant notre enquête intitulée « L’IA en prépa : alliée ou ennemie ? » Avons-nous réussi à déterminer le niveau de complicité actuel entre la prépa et l’IA grâce à vous ? L’analyse des résultats nous permet surtout  de révéler des étudiants en chantres de la nuance, ce qui ne sera pas pour déplaire aux enseignants sur lesquels ils comptent pour maintenir l’IA à la juste distance ! Pour vous y former, vous attendez surtout votre future école au tournant, car vous êtes convaincus que l’IA aura un véritable rôle à jouer dans votre vie professionnelle…

Sans grande surprise, les préparationnaires utilisent l’Intelligence artificielle dans le cadre de leurs études à une fréquence assez soutenue. Toutes filières de CPGE confondues, ils sont un peu plus de la moitié à solliciter l’IA plusieurs fois par semaine, et presque un quart des répondants à l’utiliser tous les jours (graph.1). Une minorité (à peine 3 %) confie n’y avoir encore jamais eu recours. Les plus utiles (graph 2.) sont les chatbots de type ChatGPT et Gemini ou les aides à la traduction (DeepL, GoogleTrad).

 

Rien de surprenant, puisque 78,2 % des étudiants s’en servent dans le cadre des révisions en langues. C’est ensuite pour l’éco/HGG/ESH (67,3 %) et la CG (57,3 %) que l’IA est le plus fréquemment employée, puis pour travailler les maths (47,3 %). À vrai dire, aucune discipline n’échappe véritablement à l’IA, les langues étant la seule commune à toutes les filières, elle arrive donc logiquement en tête des occurrences (graph. 3).

L’IA, alliée créative de 55 % des prépas

OK, l’IA est visiblement présente en prépa, mais dans le fond, pourquoi ? Quel est le sens de cet usage ? D’abord, elle vous sert à mieux comprendre les cours. 76,6 % des préparationnaires lui demandent de produire des explications de points mal compris, de fournir des résumés de chapitres, de chercher des compléments d’information (graph. 4).

 

L’IA résout par ailleurs le syndrome de la page blanche de 55,2 % des répondants qui lui demandent d’identifier des pistes pour les dissertations et essays. Il n’y a parfois pas beaucoup plus qu’un pas entre le « déblocage d’idées » et la rédaction complète par ChatGPT… Mais, si la limite n’est pas franchie (nous allons y revenir), on peut envisager cette sollicitation comme celle faite à un camarade en sortant de cours ou à la famille pendant le dîner : « au fait, tu penses quoi de ce sujet, toi ? » Ce n’est pas non plus totalement éloigné de l’appel du collègue qui se demande comment répondre à ce client…

Certes, dans l’univers académique de la prépa, c’est à huiler la mécanique de la réflexion individuelle que travaillent minutieusement étudiants et enseignants, mais (pour ceux qui chercheraient à être rassurés) permettons-nous d’estimer que personne n’est aujourd’hui totalement « hors sujet » dans la vie en papotant avec ChatGPT. Même les profs le font (cf. notre reportage « Quand les profs de prépa se forment à l’IA », pages 32-33) !

 

Au point de demander à l’IA son avis « post-production » ? C’est le cas de 43,9 % des prépas qui utilisent l’IA en vue d’améliorer la qualité de leur rédaction (corrections, reformulations…). Plus difficile à approuver, la démarche des 36,8 % qui se servent de l’Intelligence artificielle pour résoudre des exercices. Si l’on peut défendre une certaine idée de la collaboration, difficile d’abandonner en toute tranquillité à ChatGPT et autres IA génératives 100 % de la paternité d’une idée, d’un plan de dissertation, d’une réflexion ou d’une résolution de problème. Normalement, votre sens de l’éthique devrait… tiquer !

Ai-je déjà rendu une dissert 100 % IA ?

On arrive au point sensible du sujet. Nous savons que nous pouvons compter sur votre transparence (d’autant plus quand les réponses sont anonymes !) et n’avons pas hésité à vous demander frontalement si vous aviez déjà utilisé l’IA pour générer un devoir/une dissertation. Rien à dire (sauf bravo, peut-être !) aux 53,6 % qui ont coché la case « non, jamais » (graph. 5). On fait les gros yeux aux 34,8 % qui confient l’avoir fait « mais très rarement », et les 11,6 % avouant le faire « régulièrement » frôlent le conseil de discipline !

La suite de l’enquête est à découvrir dans Le Major #18 (publication dimanche 11 mai.)