Tu fais partie d’une promotion historique : la première à avoir intégré une classe préparatoire ECG, option qui a remplacé les désormais obsolètes ECS et ECE à la suite de la réforme du lycée. Deux ans après la mise en place de cette nouvelle option, où en est la prépa ECG ? Quelques semaines après l’abandon d’une nouvelle réforme contre laquelle s’est prononcée une majorité de professeurs, quelles perspectives de développement et quelles nouveautés pour les prochaines générations de préparationnaires et de professeurs concernés ? Major-Prépa a interviewé Alain Joyeux, le président de l’APHEC (Association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales), pour qu’il apporte des réponses aux nombreuses interrogations !

Bilan de la réforme des prépa CPGE ECG

L’année de son ouverture, en 2021, la prépa ECG a enregistré une baisse des effectifs en comparaison à ceux d’ordinaire comptabilisés en ECS et ECE. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Si le bilan ne peut pas être complet deux années seulement après l’introduction de la prépa ECG, rien n’interdit d’analyser la baisse des effectifs. Fortement subie par la filière en 2021 avec en moyenne 12,7% d’élèves en moins dans les classes, elle a en quelque sorte été enrayée par la stabilisation constatée à la rentrée 2022. Cependant, ces fluctuations ne semblent pas être totalement liées à l’ECG en tant que telle : toute nouvelle structure met du temps à s’ancrer dans les esprits. Familles et professeurs sont encore nombreux à découvrir l’acronyme, même si nous faisons un important travail de promotion.

En revanche, il semble évident que la réforme du lycée a pénalisé les prépas ECG. La très forte diminution (- 40%) du nombre d’élèves ayant conservé la spécialité mathématiques en terminale aurait même pu davantage nous affecter… Autre regret partagé par les acteurs et observateurs de la filière : la parité, un atout majeur des prépas économiques, est menacée, ce qui est fort dommageable et déploré par tous. Les filles ont en effet été plus nombreuses à abandonner les mathématiques au lycée. L’espoir de voir le vivier des candidats à l’intégration d’une prépa ECG grossir est cependant permis : le taux d’abandon des maths entre la première et la terminale a baissé et la discipline fait son retour dans le tronc commun.

Y a-t-il des points positifs à mettre en lumière ?

Bien sûr ! Si les effectifs ne sont pas au rendez-vous, le taux de satisfaction des élèves en ECG est pour sa part au niveau de celui que la prépa économique et commerciale connaît depuis longtemps. L’APHEC administre une enquête auprès d’actuels et anciens élèves et l’intérêt pour le contenu des enseignements dispensés ne faiblit pas. Le passage à l’ECG n’a en rien dégradé la qualité des cours ni diminué le niveau d’exigence. Nous avons simplement fait évoluer une partie des programmes de géopolitique et d’économie, notamment pour y intégrer une approche des questions liées au développement durable et à la transition écologique. Les écoles ont aussi souhaité faire évoluer certaines épreuves. Ces modifications programmatiques étaient nécessaires pour répondre aux demandes des écoles, de la tutelle et pour nous adapter à la réforme du lycée. Les 4 parcours actuels en ECG vont continuer d’exister. Les candidats Parcoursup 2023 à l’intégration d’une CPGE ECG, ou ECT d’ailleurs, découvriront à la rentrée prochaine une formation solide et stable qui ne transige pas sur l’excellence académique.

Craignez-vous des fermetures de classes la rentrée 2023 là où les effectifs ne remonteraient pas suffisamment ?

Le Ministère l’a fait savoir : les classes à petits effectifs sont menacées et leur maintien sera étudié au regard des coûts et de la répartition des dépenses entre les différentes filières du supérieur. La question de la fermeture peut certes relever d’une politique nationale, mais dépend aussi de la situation locale. La densité du maillage territorial fait aussi la force de notre filière, capable de conduire des élèves qui n’étaient pas destinés à s’engager dans des études supérieures jusqu’au bac+5 grâce aux prépas dites « de proximité ». Il faut être attentifs à ne pas fragiliser le maillage territorial qui favorise la mixité sociale. Il serait catastrophique de ne finir par trouver des classes préparatoires que dans les grandes métropoles. Classes qui ne serviraient qu’à alimenter les promotions de 7 ou 8 écoles de management… contre 24 actuellement.

Le continuum prépa/Grande École

Où en sont les travaux sur le continuum prépa/Grande École que vous conduisez avec les business schools ?

Les Grandes Écoles sont la raison d’être des classes préparatoires et nous avons tout intérêt à continuer de travailler ensemble, en confiance. Cela passe notamment par le maintien d’un dialogue continu avec la CDEFM (Conférence des directeurs des écoles françaises de management), qui s’est engagée dans une importante campagne destinée à relancer l’attractivité de la filière. Les déclarations récentes d’Alice Guilhon, sa présidente, sont très encourageantes sur ce point. Les sujets aujourd’hui sur la table concernent principalement la valorisation du passage par une CPGE une fois en école et les évolutions à venir concernant les concours.

La question du niveau en mathématiques attendu

La question des mathématiques reste posée, non ? Vos élèves issus de la réforme du lycée avaient-ils le niveau attendu en ECG ?

Avant la réforme, cette question ne se posait pas : tous nos élèves avaient fait des maths au lycée, qu’ils aient passé un bac scientifique ou un bac économique. Après la réforme, nous avons continué à recruter prioritairement des profils ayant suivi la spécialité mathématiques en première et en terminale en restant ouverts aux candidats ayant associé l’option mathématiques complémentaires à la doublette SES et HGGSP ou autres spécialités, y compris scientifiques. Mais regardons ce qui compte réellement à l’heure où nous avons à relancer l’attractivité de la prépa ECG auprès des lycéens.

À mon sens, la quantité de mathématiques absorbées au lycée ne doit pas nécessairement déterminer à elle seule une intégration en prépa. En effet, on ne demande pas à nos élèves d’être au niveau du concours deux mois après la rentrée. Durant le premier semestre de CPGE, dédié à la transition entre le secondaire et le supérieur, les enseignants de toutes les disciplines, y compris les professeurs de mathématiques, accompagnent les élèves de manière individualisée pour les amener au niveau attendu. De fait, certains de nos élèves dans les parcours HGG n’ont pas suivi la spécialité correspondant en terminale ; idem dans les parcours ESH : certains n’ont pas étudié la spécialité SES. Pour autant, tous s’en sortent très bien ! Aujourd’hui, les commissions d’examen des vœux en CPGE ont un défi : identifier les dossiers de bons élèves, capables de suivre en prépa en ayant suivi seulement l’option mathématiques complémentaires au lycée…

Conseils aux admissibles BCE et Ecricome

Quel message pouvez-vous transmettre aux admissibles BCE et Ecricome de cette année ?

Le ratio nombre d’inscrits/nombre de places ouvertes au concours n’a jamais été aussi favorable aux candidats que cette année. Même si certaines écoles ont légèrement diminué le nombre de places ouvertes, le contexte est très positif pour ceux qui visent notamment les écoles de la première partie du tableau. Passez votre concours en toute confiance, en comptant sur les connaissances et méthodes acquises pendant vos deux années de préparation et en étant fiers de votre parcours jusqu’ici !

Il existe une part d’aléa, c’est vrai, mais pas nécessairement dans le sens de la déception ; les bonnes surprises au moment des résultats existent aussi ! Vous aurez dans tous les cas le choix entre des écoles dont aucune n’est « mauvaise ». Toutes sont reconnues pour la qualité de la formation dispensée. Elles ont une excellente réputation à l’international et l’avenir pour leurs diplômés est radieux, quels que soient la carrière envisagée et le rang de l’école intégrée. Vos professeurs de prépa pensent à vous et nous avons hâte de découvrir vos résultats dans quelques semaines !