L’Allemagne est souvent décrite comme le bon élève de l’Europe d’un point de vue économique. Si le pays connaît un PIB plus important que ses voisins et un taux de chômage relativement faible, il existe pour autant de très importantes inégalités. Malgré la réunification entre la RFA et la RDA signée définitivement en octobre 1990, les Bundesländer allemands ne connaissent pas la même croissance ni un niveau de vie équivalent. Plus de 30 ans après la réunification, il existe encore une fracture bien marquée entre les Länder de l’Est et de l’Ouest.
Voici quelques éléments qui te permettront d’avoir des arguments convaincants et précis sur le thème des inégalités Est/Ouest en Allemagne.
I – Des inégalités économiques encore très marquées en Allemagne
1. Les entreprises allemandes conservent leur implantation à l’Ouest…
Si l’Allemagne est connue pour son industrie et ses entreprises très influentes, ces dernières ne se situent pas uniformément sur le territoire. En effet, les points sur la carte ci-dessous montrent les sièges sociaux des DAX-Unternehmen (équivalent du CAC40 allemand). C’est-à-dire des plus grosses entreprises allemandes.
Presque aucune n’est implantée à l’Est. La grande majorité des firmes puissantes, comme les emplois, se situent alors en Bavière (Bayern) ou encore en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Nordrhein-Westfalen). Mais très peu dans les Länder à l’Est, ceux-ci étant encore très ruraux. Même Berlin, pourtant située à l’Est, ne compte aucun siège social d’une entreprise du DAX.
Localisation des sièges sociaux des entreprises allemandes
2. … Ce qui entraîne des inégalités de revenus et des taux de chômage très divers entre les régions
De la carte ci-dessus découlent d’autres inégalités entre l’Est et l’Ouest de l’Allemagne. Les revenus (et donc, dans un second temps, le mode de vie) sont loin d’être les mêmes partout dans le pays. D’autant plus que le taux de chômage est bien plus important à l’Est (alors que plus de la moitié des Allemands vivent à l’Ouest).
Revenus annuels moyens en Allemagne (2018)
Cette carte de l’Allemagne retranscrit les revenus moyens des Allemands par région. On observe ici une très nette rupture entre les anciens Länder de l’Est (en clair), où le revenu est nettement plus faible que dans le Sud et l’Ouest de l’Allemagne.
Le revenu est d’environ 18 000 euros en Mecklembourg-Poméranie (Mecklemburg-Vorpommern), alors que dans l’Ouest, il avoisine les 30 000 euros annuels, soit près de deux fois plus qu’à l’Est.
De même, pour le chômage, les taux entre Länder ne sont pas du tout les mêmes. Si on se rapproche à l’Ouest d’une situation de plein-emploi, c’est-à-dire d’un taux de chômage inférieur à 5 %, les anciennes régions de la RDA connaissent un taux de chômage proche de 10 %. Ce qui pèse de façon importante sur l’économie tout entière.
II – Ces inégalités se traduisent par une montée de l’extrême droite en Allemagne
Ces inégalités entre l’Est et l’Ouest de l’Allemagne sont cumulatives. Le manque d’entreprises compétitives entraîne à l’Est un plus fort taux de chômage, et donc un revenu moyen plus faible. C’est pourquoi les habitants des anciens Länder de l’Est se sentent bien souvent lésés, oubliés par le gouvernement qui pense davantage aux performances économiques de l’Ouest plutôt qu’au niveau de vie global des citoyens.
C’est dans ce contexte que les partis populistes ont émergé en Allemagne et notamment à l’Est. C’est le cas de l’AfD (Alternative für Deutschland) qui a souhaité rassembler les Allemands sur le sujet des inégalités. Les résultats aux dernières élections du Bundestag montrent à quel point ce parti a pris de l’importance, particulièrement en Allemagne de l’Est.
Résultats de l’AfD aux élections du Bundestag (2016)
Si le parti populiste a réalisé son score le plus élevé en 2016 (12,6 %) depuis sa création, les résultats ont été encore meilleurs dans les régions de l’Est. Sans prendre en compte Berlin, les habitants des anciens Länder de l’Est ont majoritairement voté en faveur de l’AfD, comme en Thuringe (22,7 %) ou encore en Saxe (27 %).
Le parti d’extrême droite a été légèrement moins influent aux élections de 2021. Ce qui témoigne peut-être d’une légère réduction des inégalités entre l’Est et l’Ouest du pays. Toutefois, 57 % des habitants de l’ex-RDA ont encore aujourd’hui le sentiment d’être « des habitants de seconde zone ». Symbole que les inégalités sont encore un sujet actuel en Allemagne.
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