Sarrazin

Si tu cherches un article pour enrichir ta civilisation sur l’extrême droite allemande, tu es au bon endroit ! En 2010, dans un contexte de crise des dettes souveraines et de division européenne sur le sujet, Thilo Sarrazin, ancien membre du directoire de la Bundesbank et membre du Parti social-démocrate allemand (SPD), publie Deutschland schafft sich ab (L’Allemagne disparaît). Le succès est immédiat : 1,5 million de ventes. Nous allons étudier et analyser ce livre qui est devenu la synthèse de la pensée de l’extrême droite et qui permet de comprendre les raisons profondes de ce vote, notamment la « première » percée de l’AfD en Allemagne.

Résumé du livre

Le livre est centré sur une thèse provocante : la politique migratoire allemande, en particulier vis-à-vis des musulmans, ainsi que les faiblesses de l’État-providence menacent l’avenir démographique, économique et culturel de l’Allemagne. Selon l’auteur, le pays est confronté à une situation où les migrants, souvent peu qualifiés et peu enclins à s’intégrer, créent une charge pour l’économie et l’État-providence, tout en transformant radicalement la culture nationale. 

Sarrazin développe pour cela plusieurs thèmes :

  • Il s’inquiète de la faible natalité des Allemands par rapport à celle des migrants.
  • Il critique l’incapacité des migrants musulmans à s’intégrer sur le marché du travail et dans le système éducatif allemand.
  • L’auteur souligne la pression économique croissante exercée par les politiques sociales sur le budget national (ce qui, par ailleurs, a un impact réel relativement faible selon les études menées par X. Chojnicki sur le sujet).
  • Il met en garde contre l’implantation de valeurs islamiques qu’il juge incompatibles avec celles de l’Occident et propose que l’islam n’ait pas sa place dans la culture allemande.

Un contexte politique favorable à ces idées ?

Au moment de la publication, l’Allemagne venait de traverser une décennie marquée par des débats sur l’immigration, notamment après l’introduction des lois Hartz IV (2003-2005) visant à réformer le système de sécurité sociale et du travail. En effet, les lois Hartz IV ont supprimé le régime d’assistance chômage, revalorisé l’aide sociale (Arbeitslosengeld II) et l’ont conditionnée à la signature d’un contrat d’insertion avec l’agence pour l’emploi. 

En même temps, la réunification de l’Allemagne de l’Ouest et de l’Est avait laissé des fractures économiques et sociales visibles. En effet, les « Ostalgiques », les individus de l’Est regrettant la séparation entre l’est et l’ouest de l’Allemagne, se sont habitués à la « léthargie de la protection » (Die Lethargie des Schutzes), pour citer Michel Meyer, ancien correspondant de presse en Allemagne. Certains étaient habitués à ce que les dirigeants (dictatoriaux pourtant !) leur sécurisent une vie, notamment en ce qui concerne l’emploi.

L’arrivée de migrants qui, selon les plus modestes, les concurrencent directement pour leurs emplois faiblement qualifiés (alors que la compétition était plutôt véritablement entre les migrants eux-mêmes), apparaissait comme un problème. Tout cela sans citer le fait que l’énorme choc vécu en 1990, accompagné de la volonté de détruire tout ce qui représentait l’Allemagne de l’Est, a renforcé l’attachement à cette société disparue, et ce, jusqu’à l’idéaliser 20 ans après.

La question de la gestion de l’immigration, en particulier celle des descendants de travailleurs invités, notamment turcs (Gastarbeiter), restait également un sujet sensible. En effet, l’intégration de la première vague de ces migrants durant le miracle économique (Das Wirtschaftswunder) du pays avait été un échec, car l’accueil était censé être temporaire, ce qui a eu pour conséquence une isolation culturelle, scolaire et sociale des familles de migrants.

Je ne peux que te recommander le visionnage de Almanya – Willkommen in Deutschland (2011), réalisé par Yasemin Şamdereli, qui traite extrêmement bien la question dans une perspective historique et intergénérationnelle.

Conséquences et implications politiques

Le livre a attiré l’attention non seulement de l’extrême droite, mais aussi de certaines fractions du centre et de la droite traditionnelle, ce qui a contribué à légitimer une partie du discours anti-immigration dans la sphère publique. Mais, bien évidemment, le lien le plus marquant que l’on puisse faire est celui de l’essor de l’AfD (Der Aufschwung der AfD), fondé en 2013 par Alexander Gauland, Bernd Lucke et Martin Renner, notamment.

L’Alternative für Deutschland (AfD) a capitalisé sur la rhétorique de Sarrazin. Avec l’arrivée massive de migrants en 2015-2016 (plus d’un million de réfugiés) à la suite de la « Willkommenskultur » de Merkel (Oui à l’immigration), l’AfD est devenue la troisième force politique en Allemagne lors des élections de 2017, obtenant 12,6 % des voix. Les préoccupations démographiques et culturelles soulevées par Sarrazin ont résonné auprès de nombreux électeurs, en particulier ceux des anciens Länder de l’Est (ce qui n’a donc rien d’étonnant), où le parti obtient régulièrement des scores élevés, jusqu’à 27 % dans certaines régions.

On a parlé d’un Rechtsruck, c’est-à-dire un tournant à droite et une victoire de l’extrême droite par rapport à l’aile libérale du CDU/CSU (Der Sieg des konservativen Flügels über den wirtschaftsliberalen Flügel).

Et aujourd’hui, qu’en est-il de cette pensée qui a choqué une partie de la population ?

En 2023, le taux de natalité de l’Allemagne a légèrement augmenté à environ 1,58, mais il reste bas. Les tendances démographiques montrent effectivement un vieillissement de la population allemande, nécessitant donc l’immigration pour soutenir l’économie plutôt que l’inverse. Selon un rapport de la Chambre de commerce et d’industrie allemande (Deutsche Industrie-und Handelskammer), en 2023, le pays devrait attirer environ 400 000 travailleurs étrangers qualifiés par an pour maintenir son dynamisme économique et son modèle social.

En ce qui concerne l’emploi, en 2019, le taux de chômage des migrants non européens était d’environ 12 %, contre 5 % pour la population autochtone. Cependant, des progrès notables ont été réalisés. Selon une étude de l’OCDE de 2021, l’intégration des réfugiés arrivés en 2015 s’est améliorée : près de la moitié des réfugiés ont trouvé un emploi au bout de cinq ans, une réussite relative.

De même, la thèse de Sarrazin semble plutôt fondée sur des a priori, sur des peurs. C’est une instrumentalisation classique de l’AfD. Un rapport de 2020 indiquait en effet que 73 % des musulmans en Allemagne soutiennent l’intégration complète dans la société allemande.

Quel pouvoir de l’AfD en 2024 ?

En 2024, l’immigration est bien un point clé de la politique allemande, au point où le gouvernement d’Olaf Scholz a souhaité remettre en question (infragestellen) la Willkommenskultur d’Angela Merkel. Je cite : « Wir müssen in groβem Umgang diejenigen abschieben, die kein Recht auf ein Bleiberecht haben. » (Nous devons expulser en masse ceux qui n’ont pas le droit de rester). Pourquoi une telle remise en question ? Plus de 244 000 demandes d’asile ont été enregistrées en Allemagne en 2023, un nombre en hausse de 77 % par rapport à 2021. Les guerres israélo-palestinienne et russo-ukrainienne expliquent évidemment cet afflux.

En 2024, l’AfD a réalisé des résultats électoraux marquants (Die AfD hat gut abgeschnitten), les meilleurs depuis 2017. Lors des élections régionales en Thuringe (Thüringen), l’AfD est devenu le premier parti, remportant 32,8 % des voix. C’est la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale qu’un parti d’extrême droite arrive en tête dans une élection en Allemagne. Lors des élections européennes de juin 2024, l’AfD a obtenu 14 sièges, soit 15,9 % des voix, marquant une montée du scepticisme envers l’Union européenne et un rejet des politiques d’Olaf Scholz, notamment en matière d’asile. Problème : des événements, comme l’attaque au couteau à Solingen le 23 août 2024, tendent à donner du crédit au parti, car ils attisent la haine (den Hass schüren).

Conclusion

Même si les propos de Sarrazin peuvent te paraître choquants, ils sont particulièrement utiles pour tes kholles ou tes DS sur l’immigration et l’extrême droite. N’hésite pas à te servir du résumé ou de l’analyse dans un contexte plus global pour briller en commentaire ou en essai. Pour cela, je te conseille fortement d’utiliser les mots que j’ai mis en italique qui sont des idiomes ou qui sont importants. 

Pour te faciliter la tâche, voici un résumé des grandes idées de l’article

Ne te contente pas seulement de celui-ci, je te conseille d’y rajouter des données et des chiffres précis. 

Deutschland schafft sich ab (2010) von Thilo Sarrazin wurde schnell ein Bestseller mit über 1,5 Millionen verkauften Exemplaren und löste heftige Debatten in Deutschland aus. Der Autor behauptet, dass die deutsche Migrationspolitik, insbesondere gegenüber muslimischen Einwanderern, sowie das Sozialstaatsmodell die demografische, wirtschaftliche und kulturelle Zukunft des Landes gefährden. Sarrazin warnt vor einer niedrigen Geburtenrate der Deutschen im Vergleich zu Migranten und betont die angeblich fehlende Integration vieler Türken und Araber in den Arbeitsmarkt und das Bildungssystem. Er kritisiert außerdem die zunehmende Verbreitung islamischer Werte, die er als unvereinbar mit westlichen Werten betrachtet.

Der Erfolg des Buches und die darin vertretenen Thesen fielen in eine Zeit zunehmender Skepsis gegenüber Einwanderung, was das Aufkommen der AfD mitprägte. Diese Partei, die 2013 gegründet wurde, nutzte ähnliche Argumente, um bis 2024 in Ostdeutschland sehr gut abzuschneiden, insbesondere durch die Ausnutzung der Ängste vor sozialer und kultureller Veränderung. Viel steht auf dem Spiel: Es lässt sich feststellen, dass die gegenwärtigen Ereignisse Olaf Scholz und die Bevölkerung dazu bewegt haben, eine andere Migrationspolitik zu wollen.