Les « Européens patriotes contre l’islamisation de l‘Occident » est un mouvement populiste d’extrême droite désirant lutter contre l’influence selon eux croissante des idéaux islamistes en Occident, et principalement en Allemagne.

Le mouvement est lancé en octobre 2014 par Lutz Bachmann, à la suite notamment de tensions dans les rues de Hambourg entre Kurdes et salafistes. À la première manifestation début octobre 2014, 500 personnes marchent dans les rues, mais ce nombre passe à 5500 à la mi-novembre 2014, et à 40 000 début janvier (selon les organisateurs). Cette forte croissance du nombre de participants explique la visibilité que le mouvement a eue dans les médias et dans le paysage politique allemand. Malgré une certaine perte de vitesse, le mouvement surfe sur des scandales et autres polémiques ravivant les tensions et disputes autour de la question de l’immigration. Parmi les plus célèbres, citons les agressions sexuelles du Nouvel An 2016 commises, selon les autorités et les médias, par des hommes nord-africains et arabes. PEGIDA a connu un regain d’activité et de popularité après cet événement. Le mouvement n’a pas dépassé le stade de la contestation des rues et ne s’est pas constitué comme parti politique. L’engouement pour ce mouvement contestataire s’est progressivement estompé (même si des manifestations moins importantes ont encore lieu), notamment car le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) concentre déjà les contestations anti-immigration.

Le mouvement propose des mesures très radicales contre l’immigration : plus de policiers, tolérance zéro, référendums fédéraux, expulsion hors d’Allemagne de tous les islamistes… afin de lutter contre « l’islamisation de l’Occident » et la « subversion religieuse radicale ». Pour rappel, le musulman croit en les écrits du Coran, et l’islamiste voit la doctrine musulmane comme un moyen d’action politique, et veut faire de la charia l’unique source de droit d’un État. Outre les différents symboles nationaux arborés lors des manifestations (drapeau allemand,…) le logo du mouvement représente un personnage jetant à la poubelle la croix gammée nazie, un drapeau communiste, le drapeau de l’Action antifasciste et le drapeau de l’État islamique.

L’opposition politique à ce nouveau mouvement a été très forte. La très grande majorité des politiciens allemands, à l’exception de ceux de l’AfD, ont condamné ce mouvement xénophobe. Angela Merkel a par exemple encouragé la population à ne pas assister aux manifestations du mouvement. En Allemagne, des manifestations antiracisme et anti-PEGIDA ont eu lieu et le nombre de participants y était à peu près égal à celui des manifestations PEGIDA. D’autres branches de PEGIDA ont commencé à proliférer dans toute l’Europe, mais sans grand succès pour le moment.

D’une certaine manière, PEGIDA cristallise les tensions contre les immigrés, symbolise le ras-le-bol d’une population, qui constate les excès de l’immigration (criminels non-punis ou défendus, aides financières souvent décriées,…), et veut dénoncer l’inaction des politiques. Mais les responsables du mouvement font preuve de peu de nuance dans leur propos et propose des mesures parfois extrêmes et irréalisables. D’autre part, il se dit que les détracteurs de PEGIDA font preuve de peu d’originalité, et se contentent de critiquer le mouvement sans proposer de véritable autre alternative (exemple : immigration sélectionnée,…). Ce sont bien les associations et autres mouvements antifascistes qui se sont le plus mobilisés contre PEGIDA en prônant au contraire une généreuse politique d’accueil des réfugiés. Ce dialogue de sourds entre des idéaux extrêmes domine et les personnages influents plus nuancés se font discrets, faute de pouvoir proposer un projet viable pour la politique migratoire.