L’intelligence artificielle transforme en profondeur l’industrie culturelle : elle ouvre de nouvelles perspectives de création, stimule la créativité des artistes, réinvente la manière dont la culture est produite et consommée. Dans cet article, je te propose d’aborder ce sujet, qui pourra t’être utile en colle d’anglais ou dans des essais pour aborder le sujet de l’intelligence artificielle sous un prisme un peu plus original.

Contexte et enjeux

L’utilisation d’algorithmes dans l’industrie culturelle n’est pas un phénomène récent

En 1972, l’artiste Harold Cohen a développé une série de programmes informatiques nommés AARON afin de créer des dessins originaux. Son logiciel est capable de produire des milliers d’images distinctes à partir de styles et d’images antérieurement codées par le programmeur. Les « œuvres » générées par AARON ont ensuite été exposées dans des galeries d’art. Aujourd’hui, la situation a évolué : l’IA est entraînée sur un vaste ensemble de données composé d’images et de textes associés, et apprend à associer les mots avec les concepts visuels. Elle peut donc produire une infinité d’images à partir d’une simple requête.

De même, l’informatique a déjà aidé à la création musicale

Dans les années 1950, la RCA Corporation développe le projet Mark II Sound Synthesizer, l’un des premiers synthétiseurs électroniques qui utilise des bandes de papier perforées pour encoder les compositions musicales. Ce projet visait à automatiser la création musicale en analysant statistiquement des mélodies populaires pour composer de nouvelles œuvres.

Les différents usages de l’IA dans le domaine de l’industrie culturelle

L’IA permet de trouver de nouvelles sources d’inspiration et de créer du contenu artistique

Dans le cinéma, l’intelligence artificielle est utilisée pour écrire des scripts en s’appuyant sur l’analyse de scénarios existants, ce qui facilité la planification des tournages et accélère le processus de rédaction. L’IA aide également à la sélection des acteurs et la création de personnages numériques, et offre ainsi la possibilité de créer ou de rajeunir des visages pour les rôles. Par exemple, le film Here réalisé en 2024 par Robert Zemeckis réunit les acteurs de Forrest Grump, qui ont été rajeunis grâce à un nouvel outil d’intelligence artificielle nommé Metaphysic Live. Cette technologie permet de rajeunir les acteurs en temps réel pendant le tournage, évitant ainsi de longues heures de montage et d’effets spéciaux.

Dans l’industrie musciale, l’IA contribue également à des gains de temps significatifs. L’IA, en utilisant des algorithmes d’apprentissage, peut générer de nouvelles musiques et ainsi améliorer le processus créatif. En 2012, Sony CSL, le laboratoire de recherche fondamentale de Sony, a lancé une application de production musicale assistée par intelligence artificielle nommée Flow Machines. Cette dernière utilise des algorithmes d’apprentissage pour analyser des milliers de chansons de divers genres et styles. En s’appuyant sur ces données, le système est capable de générer de nouvelles compositions en imitant les styles musicaux qu’il a appris. Les utilisateurs peuvent influencer le processus en fournissant des exemples de style ou en paramétrant certaines préférences pour guider la composition. Le projet a attiré l’attention avec la sortie de la chanson “Daddy’s Car”, inspirée des Beatles, qui a été entièrement composée par l’IA, mais arrangée et produite par Benoît Carré, un compositeur français.

L’IA personnalise l’expérience utilisateur

Sur les plateformes de streaming comme Spotify, Deezer ou Netflix, l’intelligence artificielle est mis à profit dans des algorithmes de recommandation afin de personnaliser les suggestions en fonction des préférences de l’utilisateur.

L’IA permet de gagner du temps durant le montage et la post-production

L’IA identifie les meilleures prises, synchronise vidéo et audio, suggère des coupes et des modifications. Elle peut également suivre les mouvements d’objets ou de personnes à travers des scènes, facilitant l’application d’effets spéciaux ou de corrections.

Par exemple, Disney a créé en 2022 une IA baptistée FRAN (Facial Re-aging Network) pour vieillir ou rajeunir les acteurs. Cette IA est une véritable révolution puisqu’elle permet d’obtenir des résultats réalistes en très peu de temps. En effet, vieillir ou rajeunir un acteur nécessite soit un maquillage complexe, soit un travail minutieux de post-production par des artistes d’effets spéciaux. Ces méthodes sont très chronophages. FRAN automatise ce processus, en analysant le visage de l’acteur et en appliquant les changements nécessaires de manière presque instantanée.

L’IA comme outil marketing

L’intelligence artificielle pourrait permettre d’évaluer le succès d’un film encore en tournage et de prédire son potentiel commercial. C’est l’outil qu’a développé Sami Arpa avec sa start-up Largo.

Débats éthiques et sociaux autour de l’IA

Gestion des droits d’auteur

Lorsque l’IA génère une œuvre, la question de la titularité des droits d’auteur devient complexe : les droits appartiennent-ils au créateur de l’IA, à l’utilisateur qui a commandé l’œuvre, ou à l’IA elle-même ? Le droit d’auteur protège les œuvres originales témoignant d’une véritable créativité humaine. Mais que se passe-t-il lorsque les œuvres sont produites par une IA, qui s’inspire de milliers d’autres créations pour générer du contenu ? En 2023, le Bureau du droit d’auteur des États-Unis a statué qu’une image générée par IA ne pouvait bénéficier de la protection du droit d’auteur. Stephen Thaler, un inventeur d’IA, a tenté de faire enregistrer un tableau intitulé A Recent Entrance to Paradise sous copyright, mais une juge fédérale a estimé qu’une intervention humaine était indispensable pour qu’une œuvre puisse être protégée.

Ces débats soulèvent des questions essentielles qui pourraient remodeler le cadre juridique de l’attribution des droits d’auteur à l’avenir.

Protection de l’image des artistes

La grève de 188 jours menée par le SAG-AFTRA (Screen Actors Guild-American Federation of Television and Radio Artists) et la Writers’ Guild of America entre juillet et novembre 2023 montre en quoi l’intelligence artificielle est facteur d’inquiétudes dans le domaine. Les acteurs ont exprimé leurs craintes concernant l’utilisation de leur image par l’IA, notamment pour créer des vidéos trompeuses ou pour rajeunir des acteurs, comme observé dans certaines productions. En réponse, un nouvel accord avec les studios hollywoodiens a été établi, incluant des garde-fous concernant l’utilisation de l’IA et un modèle de rémunération adapté pour les performances sur des plateformes de streaming, où les salaires des acteurs diffèrent considérablement de ceux de Hollywood.

Règlementation

En mai 2023, des politiciens américains ont proposé deux projets de loi qui ont été largement ignorés. Le premier, présenté par Joseph Morelle, un démocrate, vise à interdire le partage de pornographie deepfake sans consentement, permettant ainsi aux victimes de poursuivre les créateurs et distributeurs de ce type de contenu. Cependant, aucune action supplémentaire n’a été entreprise depuis. De son côté, la représentante démocrate Yvette D. Clarke de New York a tenté de faire adopter le “Deepfakes Accountability Act”, qui imposerait des réglementations sur la création de contenu généré par IA, mais ce projet n’a pas été discuté. Dans le même mois, Sam Altman, le PDG d’OpenAI, a déclaré devant le Congrès que la réglementation était essentielle pour minimiser les risques associés à l’IA et réaliser ses promesses.

La co-création : l’avenir de l’industrie culturelle ?

Une piste que tu pourrais explorer en 3ème partie est celle de la co-création. Dans ce processus, l’IA joue un rôle de soutien en générant des idées et des suggestions, tandis que l’artiste reste maître de la direction créative. L’artiste configure les paramètres, sélectionne parmi les propositions de l’IA, et intègre ces contributions dans une vision artistique globale. Un exemple marquant est le travail de l’artiste sino-canadienne Sougwen Chung, qui a développé une pratique collaborative avec des systèmes robotiques et des algorithmes d’intelligence artificielle. Basée à Londres, elle considère la technologie comme un véritable partenaire créatif, capable de l’assister en temps réel dans l’élaboration de ses œuvres.

Conclusion

Dans une colle ou dans un essai, il est important de toujours aborder les aspects positifs et utiles de l’IA, ainsi que les menaces qu’elle représente. Mais il ne faut surtout pas en rester là : cette dualité intrinsèque mène assez logiquement vers une troisième partie “régulation” ou “comment tirer le meilleur de l’IA”. Tu peux aussi lire cet article pour en savoir plus sur comment évoquer l’intelligence artificielle dans sa copie d’anglais.