En prépa, il arrive souvent de devoir analyser des images, mais sais-tu que bien interpréter une image peut te permettre de bluffer ton correcteur ? Cet article te propose une méthodologie complète en cinq étapes pour réussir à analyser un document iconographique comme un(e) pro.
Qu’est-ce que l’analyse d’image ?
Bien évidemment, si tu es confronté(e) à une image, il faut commencer par la présenter : quel est son contexte de publication ? Quelle est sa nature ? Qui est l’artiste ? Que représente l’image ? Mais au-delà de ces questions, le jury attend que tu saches analyser le document iconographique. Il ne s’agit donc pas simplement de la présenter, il faut tirer des conclusions des symboles, des couleurs ou encore des formes que tu peux identifier sur l’image. C’est souvent là que les étudiants bloquent et ont le syndrome de la page blanche. Heureusement, Major-Prépa te propose une méthode sans faille !
Pour analyser une image, il y a cinq éléments essentiels à regarder : les couleurs, la lumière, le cadre, la perspective et la composition. Pour chacun de ces éléments, il ne suffit pas d’identifier ce dont il s’agit, il ne faut pas oublier d’interpréter. Les points qui suivent vont te permettre de comprendre les différentes possibilités qui s’offrent à un artiste (qu’il soit peintre, photographe ou encore sculpteur). Mais l’interprétation dépend d’autres paramètres, c’est pour cette raison qu’il faut toujours prendre en compte le contexte de production d’une œuvre d’art lorsque tu souhaites l’analyser. Sans plus attendre, passons donc aux divers éléments qui composent une œuvre.
Les couleurs
Le symbolisme des couleurs
Ci-dessous, tu trouveras une liste du symbolisme des couleurs couramment utilisées. Néanmoins, attention : le symbolisme des couleurs n’est pas une science gravée dans le marbre. Il faut donc y recourir avec nuance et être conscient que cette méthode d’interprétation ne suffit pas à comprendre et à expliquer une image.
En outre, tu dois prendre en compte le contexte de production de l’image, car cela peut déterminer la signification d’une couleur. L’exemple le plus connu est celui de la couleur blanche. Si, dans la culture occidentale, le blanc est associé au mariage, dans la culture orientale, il est associé au deuil… Situe donc bien ton image avant de formuler toute interprétation !
Voici le symbolisme universel de certaines couleurs. Comme tu peux t’en rendre compte, ce n’est pas une science très précise :
- Blanc : pureté, innocence, paix, lumière, spiritualité.
- Noir : mort, deuil (dans la culture occidentale), obscurité, tristesse, mal, mystère.
- Rouge : amour, passion, colère, sang, danger, feu, énergie.
- Bleu : calme, paix, sérénité, confiance, loyauté.
- Jaune : joie, bonheur, optimisme, créativité, intelligence, trahison.
- Vert : espoir, nature, croissance, renouveau, fertilité, chance, santé, toxicité (c’était la couleur de l’arsenic…).
- Violet : royauté, luxe, pouvoir, spiritualité, sagesse, mystère, mort.
La théorie des couleurs : le cercle chromatique
Le cercle chromatique est une représentation circulaire des couleurs. Il te sera certainement beaucoup plus utile que la symbolique des couleurs, car c’est une théorie qui repose sur plus de fondements.
Dans sa conception la plus basique, le cercle chromatique te permet d’identifier les couleurs primaires, secondaires et tertiaires :
- Couleurs primaires : le rouge, le jaune et le bleu sont les couleurs primaires. Elles ne peuvent pas être créées en mélangeant d’autres couleurs.
- Couleurs secondaires : l’orange, le vert et le violet sont les couleurs secondaires. Elles sont créées en mélangeant deux couleurs primaires.
- Couleurs tertiaires : les couleurs tertiaires sont créées en mélangeant une couleur primaire et une couleur secondaire.
En fonction des couleurs utilisées, un artiste peut vouloir créer de l’harmonie ou bien de la dissonance visuelle. Par exemple, s’il utilise des couleurs qui se trouvent l’une à côté de l’autre sur le cercle chromatique, tu peux parler de camaïeu de couleurs. S’il utilise des couleurs diamétralement opposées, on parlera de couleurs complémentaires, elles permettent de créer du contraste chromatique dans l’œuvre.
La lumière
Type de lumière
Dans une œuvre, la lumière peut être plus ou moins diffuse. Dans le cas d’une lumière très diffuse, cela crée une atmosphère de douceur et d’harmonie. À l’inverse, une lumière très brute crée du contraste. Dans tous les cas, la lumière est un élément important qui dirige le regard du spectateur.
Au-delà de cela, la lumière permet de révéler la forme et le volume des objets représentés. Ils peuvent ainsi être plus ou moins dissimulés. Elle contribue également à l’ambiance de l’œuvre. Beaucoup de lumière peut être synonyme de joie, tandis que beaucoup d’ombre crée peut-être du mystère ou de la tristesse.
Si l’on compare deux artistes, on peut se rendre compte que leur utilisation de la lumière est complètement différente. Caravage, peintre italien du XVIIe siècle, est connu pour son utilisation du clair-obscur, technique au sein de laquelle le contraste lumineux crée des œuvres très expressives. À l’inverse, Claude Monet capture plutôt la lumière naturelle et s’intéresse à cette dernière à différents moments de la journée. Tout cela te montre à quel point il peut t’être utile d’analyser la lumière d’une œuvre d’art.
Caravage, Salomé avec la tête de saint Jean-Baptiste (1609)
Claude Monet, Impression, soleil levant (1872)
Angle
L’angle d’où vient la lumière est un autre élément qu’il peut être intéressant de regarder. Une lumière qui vient de l’avant éclaire toute l’œuvre, rien n’est donc dissimulé dans l’ombre. Une lumière qui vient de la droite ou de la gauche ne révèle que la moitié de l’œuvre. Et, de manière peut-être plus révélatrice, un portrait avec de la lumière qui vient du dessus ou du dessous crée un côté menaçant. C’est par exemple la raison pour laquelle la créature de Frankenstein est éclairée par le dessous dans le film de James Whale de 1931. Enfin, il ne faut pas oublier le contre-jour : on ne voit que des silhouettes, ce qui crée du mystère.
Le cadre
Les points de vue et le cadrage
Le cadrage est un élément important en arts visuels, c’est lui qui détermine la manière dont le sujet est présenté au spectateur, s’il est montré intégralement ou non, ou encore si on le voit de près, dans les détails, ou de loin, de manière plus vague.
Premièrement, tu peux regarder s’il s’agit d’un cadrage vertical ou horizontal. En général, le cadrage vertical montre quelque chose de statique (un portrait, un bâtiment), tandis que le cadrage horizontal est plus propice à montrer quelqu’un ou quelque chose en mouvement. En effet, on entend souvent qu’un plan horizontal permet de raconter une histoire.
Tu peux aussi identifier le type de plan qui est utilisé. C’est souvent utile si tu dois analyser une photographie ou un extrait de film :
- Plan d’ensemble : le sujet est très petit et contextualisé dans son environnement au sens large.
- Plan moyen : cadre le sujet des pieds à la tête, utile pour situer le sujet dans son environnement immédiat tout en montrant l’apparence générale du sujet.
- Plan américain : coupe le sujet à mi-cuisse, souvent utilisé pour les westerns et les films d’action.
- Plan rapproché : cadre le sujet du buste à la tête, met l’accent sur les expressions et les émotions.
- Gros plan : se concentre sur une partie du corps, comme le visage ou les mains, pour un impact émotionnel fort (on voit mieux les émotions du visage, par exemple).
- Très gros plan : cadre un détail infime du sujet pour une observation minutieuse.
Enfin, il existe différents angles de prise de vue que tu peux aussi mobiliser dans tes analyses. L’angle dit « normal » ou « classique » est le plus neutre, la caméra (ou l’œil de l’artiste) est placée à hauteur humaine. Pour effectuer une plongée, en revanche, on place la caméra au-dessus du sujet, pour le dominer ou le miniaturiser. À l’inverse, pour une contre-plongée, la caméra est placée en dessous du sujet, pour le rendre plus grand et plus puissant. Enfin, l’angle incliné ou oblique crée une sensation de déséquilibre (c’est un angle souvent utilisé dans les films d’horreur, par exemple).
Le hors-cadre
S’il est essentiel de regarder ce que l’image montre, tu peux aussi te démarquer en mettant en avant les silences de l’image et en mentionnant ce qu’elle ne montre pas. Demande-toi pourquoi le cadre s’arrête à tel endroit et si l’artiste a souhaité jouer avec les limites de son cadre. C’est le cas si un personnage regarde par-delà le cadre par exemple. Un regard tourné vers la droite représente souvent un regard vers l’avenir, tandis que la gauche est à associer au passé.
En plus du hors-cadre, tu peux aussi regarder s’il n’y a pas une mise en abyme de cadres : y a-t-il une fenêtre au sein de laquelle on voit un personnage ? Si oui, il s’agit d’un cadre dans un cadre. Tous ces éléments sont intéressants à regarder et peuvent t’amener à effectuer une analyse plus approfondie de ton document iconographique !
La perspective
Points de fuite et perspective cavalière
La perspective permet de représenter l’illusion de la profondeur sur une surface plane. Pour faire simple, les objets diminuent de taille en fonction de leur distance par rapport à l’observateur. Pour créer cette impression de profondeur, il y a plusieurs techniques. La perspective cavalière est la plus connue. C’est celle que tu utilises pour dessiner des cubes ou des maisons au coin de tes notes lorsque tu t’ennuies en cours. Au-delà de cela, il y a aussi la perspective créée grâce à des lignes de fuite qui convergent en un, deux ou trois points de fuite.
La perspective à un point de fuite est utilisée pour représenter des objets qui s’étendent à perte de vue (par exemple, une route). Les lignes convergent vers un seul point de fuite situé à l’horizon, donc cela permet de mettre un point précis de l’œuvre en avant. La perspective à deux points de fuite permet de représenter des bâtiments dont deux côtés sont visibles. Enfin, la perspective à trois points de fuite représente des bâtiments dont trois côtés sont cette fois visibles. Somme toute, ce qui est important est d’identifier les points de fuite, car en général ce sont eux qui dirigent l’œil du spectateur, et ils pointent souvent sur un élément important de l’œuvre.
Réinventer la perspective
En fonction des œuvres et du contexte, il y a plus ou moins de perspective. Un tableau réaliste voudra par exemple rendre la perspective que l’on peut observer dans le monde réel. En revanche, un tableau cubiste (ou bien les tableaux des ancêtres du cubisme comme Cézanne) aura tendance à gommer la perspective pour défier les conventions. Donc, l’absence de perspective est aussi un élément à analyser.
La composition
Règles de composition : règle des tiers, composition en triangle
La manière dont une image est composée, c’est-à-dire la manière dont les objets sont organisés sur l’image, peut émerger de diverses techniques. Les deux les plus connues sont la règle des tiers et la composition en triangle.
La règle des tiers est une technique de composition qui consiste à diviser l’image en neuf parties égales par deux lignes horizontales et deux lignes verticales imaginaires. C’est la « grille » que tu peux choisir d’afficher sur l’appareil photo de ton téléphone. Les points d’intersection de ces lignes sont considérés comme des points forts de la composition. C’est donc à ces endroits que se situent les éléments importants.
La composition en triangle est basée sur l’utilisation de triangles pour créer une structure équilibrée et dynamique dans l’image. Les triangles peuvent être formés par les lignes principales de la composition, par les contours des sujets ou par la disposition des éléments dans l’image. Les angles des triangles correspondent aux endroits où il y a des éléments importants.
Lignes de force
Enfin, au-delà de ces techniques de composition, il existe des lignes de force dans une œuvre d’art. Si la majorité des lignes sont verticales, cela témoigne d’une certaine stase. Si les lignes sont plutôt horizontales, cela témoigne de mouvement. Finalement des lignes obliques témoignent d’un déséquilibre, d’un certain chaos du fait de leur dimension asymétrique. Tu peux par exemple le voir sur le tableau Guernica de Pablo Picasso où, vers le milieu du tableau, une ligne de force oblique domine le mouvement de l’œuvre.
Exemple d’analyse d’un tableau
Edward Hopper, Nighthawks (1942)
Le tableau est dominé par des couleurs froides, des bleus et des verts, qui créent une atmosphère nocturne et calme. Cette ambiance est néanmoins contrastée par les touches de rouge et d’orange du bar, qui créent une tension et attirent l’attention sur ces éléments. Le rouge peut d’ailleurs symboliser la passion, mais également le danger. Ce n’est pas pour rien que la femme fatale accoudée au bar est entièrement vêtue de rouge.
La lumière artificielle provenant du bar crée une ambiance étouffante et irréaliste. Cette lumière crue éclaire de manière uniforme la scène, accentuant le sentiment de solitude et d’isolement des personnages. Tu peux remarquer que l’on ne voit pas la porte de l’établissement (elle est hors cadre), ce qui met en exergue l’impression d’emprisonnement.
Le point de vue légèrement surélevé donne au spectateur une position d’observateur extérieur, et la vitrine du bar fait office de cadre dans le cadre. Cela réifie la scène et la transforme en tableau dans le tableau, renforçant ainsi l’impression d’immobilité. Les lignes verticales et horizontales accentuent ce sentiment d’enfermement et d’immobilité. La diagonale formée par la silhouette du barman crée enfin une tension et une rupture dans l’harmonie de la composition. Quelque chose ne tourne pas rond, sans que l’on ne sache quoi.
Tu as maintenant toutes les clés pour réussir à coup sûr toutes tes analyses d’images et impressionner ton correcteur. Si tu veux continuer à t’entraîner sur l’analyse d’images en anglais, consulte cet article qui te donne le vocabulaire essentiel pour l’interprétation de documents iconographiques !