université

En France, environ 10 % des étudiants contractent un prêt pour financer leur scolarité, pour une durée de remboursement allant généralement jusqu’à 10 ans. Même si contracter un prêt avant le début de sa carrière professionnelle représente un fort engagement, la situation des étudiants français n’est pas comparable à celle des étudiants américains. En effet, 13 % de ces derniers se trouvent en situation d’impayé, pour un prêt dont la durée de remboursement peut atteindre 25 ans.

À titre d’exemple, c’est seulement en 2004 que Michelle (Université de Princeton et Harvard Law School) et Barack Obama (Université Columbia et Harvard Law School) ont terminé de rembourser les prêts qu’ils avaient contractés. Ils avaient pourtant terminé leurs études en 1988 et 1991…

Il y a donc un vrai problème aux États-Unis, et nombreux sont ceux qui ne vont pas sur les bancs de l’université pour des raisons financières. Étudier à l’université est devenu un luxe où les plus aisés ont deux fois plus de chance de décrocher un diplôme. 

C’est donc un sujet qui intéresse beaucoup les politiques, et cela avait vraiment commencé sous Obama avec l’augmentation des bourses étudiantes fédérales (Pell Grants), une aide au système des prêts étudiants (puisque l’État les subventionne et s’en porte garant) et des déductions fiscales pour les parents. Cependant, c’est Joe Biden qui a fait couler le plus d’encre avec son plan Biden.

Quelles sont les modalités de ce plan ? Va-t-il réellement permettre aux jeunes Américains de poursuivre leur apprentissage à l’université ?

Petite mise en bouche avec un article à lire ici sur les systèmes universitaires aux États-Unis et au Royaume-Uni. 

Un état des lieux du système scolaire aux États-Unis

Les universités publiques et privées

Comme en France, il y a des universités privées ou publiques. La différence est que les universités publiques sont au même prix que les écoles privées en France.

Les universités publiques sont des universités d’État (University of + nom de l’État ou nom de l’État + State University). Ce sont des universités financées par les contribuables, par le gouvernement de l’État en question. Une année coûte environ 10 000-13 000 $. Les universités publiques ont également une très bonne réputation. La plus connue est certainement University of California (avec son fameux campus UCLA, Berkeley…) et de nombreuses personnalités y ont étudié.

Les universités privées ne sont pas financées ni gérées par l’État et reposent sur des financements privés. Leurs frais de scolarité sont souvent très élevés. Ils s’élèvent souvent à plus de 100 000 $ pour les quatre ans de scolarité (undergraduate, équivalent du bachelor/licence, mais sur quatre ans) et des frais supplémentaires peuvent s’appliquer si on réside en dehors de l’État.

Les cours

Pendant les quatre ans de l’undergraduate, ce sont principalement des cours à la carte avec des majeures et des mineures. Cela permet à chacun de voir ce qui lui plaît ou non et d’explorer avant de choisir. À la fin de ces quatre ans, chaque étudiant doit choisir quelle majeure il décide d’étudier pour son Master Degree en deux ans. Cela lui permet de se spécialiser, mais tous ne continuent pas sur cette voie puisque certains arrêtent après le bachelor et certains se dirigent vers une undergraduate school, notamment pour poursuivre en droit, médecine ou business.

Ivy League

Étudier aux États-Unis peut faire rêver, surtout si on intègre une école de la Ivy League. C’est un groupe de huit universités privées du nord-est du pays, parmi les plus anciennes (elles datent parfois d’avant l’indépendance du pays) et parmi les plus prestigieuses, que ce soit au niveau académique ou sportif.

Pour pouvoir y rentrer, il faut un excellent score au SAT ou ACT, et montrer également une excellence sportive, une curiosité intellectuelle importante, un engagement personnel fort dans le domaine social ou du bénévolat et faire preuve de leadership. On comprend facilement pourquoi tout le monde ne peut pas entrer dans ces huit universités prestigieuses : Cornell, Dartmouth, Harvard, Brown, Yale, Columbia, Princeton et Penn.

Community college

Quand on entre dans un community college, on y entre pour deux ans (associate degree) et après, on peut rejoindre un undergraduate program dans une université directement en troisième année. Ce sont des établissements peu connus et assez mal vus.

Pourtant, leur enseignement est tout aussi bon que celui des universités « classiques » et c’est un bon moyen de tester et de faire son choix quand on n’a pas trop de moyens. En effet, le prix moyen est de 3 500 $ par an… Même si les établissements ne disposent pas de centres de recherche ou d’infrastructures sportives et de vie associative, les cours y sont d’une très bonne qualité.

Le plan Biden – Version 1

Le 24 août 2022, Joe Biden annonçait sa volonté « d’effacer en partie la colossale dette étudiante pesant sur ses concitoyens ». Son plan « bénéficierait avant tout aux familles de la classe moyenne et populaire » et ainsi, les Américains gagnant moins de 125 000 $/an pourront voir une réduction de leur dette étudiante de près de 10 000 $.

Le montant peut cependant varier en fonction du profil de chacun. En effet, la réduction sera de 10 000 $ pour les personnes n’ayant pas bénéficié d’une bourse fédérale, mais sera de 20 000 $ pour ceux qui ont reçu une bourse fédérale pendant leurs études.

Mais, si on efface les dettes des citoyens, cela signifie que la balance n’est plus équilibrée et que l’État devra donc rembourser les écarts pour maintenir l’équilibre. Ce plan coûterait près de 300 milliards de dollars au gouvernement.

Le plan Biden et les contestations

Même si « Middle Class Joe » s’assure le soutien d’une partie de la population avec son plan, il fait également face à de nombreuses critiques.

Le Parti démocrate est évidemment assez favorable à cette décision qu’il considère comme « un pas de géant vers la résolution de la crise de la dette étudiante ».

C’est tout le contraire des républicains et le Sénateur du Kentucky, Mitch McConnell (chef de la minorité du Sénat), va même affirmer que « c’est une gifle pour toutes les familles qui ont fait des sacrifices pour épargner pour l’université, pour tous les diplômés qui ont remboursé ».

C’est un argument assez compréhensible, mais assez égoïste puisqu’il faut vivre avec son temps, dans les bons comme dans les mauvais moments. Même si c’est risqué, surtout avec l’inflation actuelle, n’est-ce pas une bonne chose de s’assurer que tout le monde puisse avoir la chance de recevoir une éducation convenable ?

Cet argument, bien que compréhensible, ignore les bénéfices liés à la garantie d’une éducation convenable au plus grand nombre.

Le plan Biden, inconstitutionnel ?

Le 10 novembre 2022, Mark Pittman (juge fédéral du Texas, nommé par Donald Trump) a jugé le plan Biden comme inconstitutionnel et a demandé son annulation.

Ce sont surtout les États conservateurs qui ont demandé son interdiction, puisque son plan ne rentrait pas dans le cadre de la loi HEROES sur laquelle le plan s’est basé. La loi HEROES (HEROES ACT) stipule que le Secrétaire de la Maison-Blanche a le droit d’annuler la dette dans le cas où le pays ferait face à une situation de crise majeure (crise de la Covid-19 incluse). Mais en aucun cas cette loi s’appliquerait à la dette étudiante.

Conclusion

C’est donc une affaire à suivre puisque c’est la Supreme Court qui a récupéré le dossier. En février, elle recevra tous les arguments et tranchera sur la question de l’application du plan Biden.