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Le journalisme tel qu’on l’a connu jusqu’à présent semble rencontrer des difficultés aujourd’hui, ce qui en change les fondements mêmes. L’avènement d’un journalisme devenu digital et le déclin du journal papier marquent un tournant pour ce qui est de l’accès aux informations. Dans cet article, on étudie quelques-uns des facteurs de cette métamorphose.

Les fake news

Depuis ses débuts, le journalisme a dû faire face aux fake news, ou la désinformation. Cependant, ce phénomène prend une toute autre ampleur avec les réseaux sociaux, puisque chacun est en capacité d’accéder à ce que d’autres personnes affirment, que cela soit vrai ou non. Alors que nous sommes dans une ère où l’accès à l’information n’a jamais été aussi facile, on assiste également à une confrontation sans fin de différents points de vue qui rendent difficiles l’accès à la vérité et mettent en danger un journalisme crédible.

En effet, d’après une étude du MIT en 2018, les fausses informations se propagent généralement plus rapidement que la vérité sur les réseaux sociaux comme Twitter, ce qui pose une difficulté réelle à ceux dont la profession est de relater les faits. Ce constat est d’autant plus inquiétant que d’après une autre étude publiée par Pewresearch.org en 2023, 92% des journalistes affirment que les fake news posent un problème énorme qui est en général très mal appréhendé dans leur métier. 

Ainsi, les fake news ont été un problème majeur notamment durant les élections présidentielles américaines de 2016, après quoi Facebook a décidé de mettre en place des fact-checkers, soit des dispositifs pour vérifier la véracité des posts sur le réseau social. Dans cette même optique, pour les élections présidentielles français de 2017, Facebook a supprimé 30000 comptes qui partageaient de la désinformation.

De même au Royaume-Uni, les manifestations très violentes anti-immigration en août 2024 menées par l’extrême droite suite à l’assassinat de trois filles ont en grande partie été intensifiées suite à des rumeurs sur les réseaux sociaux comme quoi le criminel était un demandeur d’asile. Les manifestants se sont donc emparés de l’information non vérifiée et fausse pour justifier leur colère.

L’intelligence artificielle

Sans surprise, l’IA représente une menace particulièrement importante pour le journalisme traditionnel. En effet, cela permet de produire du contenu à moindre coûts, puisque il n’y a plus besoin de rémunérer des humains pour écrire des articles. Les tâches les plus fastidieuses, telles que la relecture ou l’écriture d’articles, sont alors déléguées facilement à l’IA

Cependant, les conséquences directes de ce phénomène sont multiples. En plus de mettre considérablement en danger les journalistes, qui se voient remplacés petit à petit et se retrouvent donc au chômage, l’IA et son utilisation à des fins informatives ne garantissent pas une qualité de rédaction constante. Cela ne fait alors qu’empirer le manque de crédibilité des journaux, puisque les lecteurs sont maintenant constamment contraints de questionner la véracité de ce qu’ils sont en train de lire. 

L’IA comme instrument d’écriture est notamment utilisé par Bild, le journal le plus lu en Allemagne. En janvier 2024, The Times a également embauché une équipe d’ingénieurs et de journalistes spécialement dédiée à l’expérimentation de son usage dans la rédaction d’articles. De plus, Google est actuellement en train de développer sa propre IA nommée Genesis, qui serait en capacité d’écrire des articles de presse pour des grands journaux comme The New York Times ou le Washington Post. On constate donc que l’usage de l’IA est en train de devenir omniprésent, puisque 67% des plus gros groupes médiatiques de 53 pays affirment l’utiliser dans leur fonctionnement (d’après Reuters Institut for the Study of Journalism, 2023).

Il y a donc un besoin urgent d’apprendre à concilier les bénéfices de l’IA (gain de temps, délégation des tâches répétitives et contraignantes) avec les atouts d’un journalisme crédible.

Comment retrouver sa crédibilité ?

Face aux difficultés du journalisme, on retrouve alors des alternatives pour que l’information se propage de manière efficace à la population. Les solutions sont loin d’être nouvelles, et consistent plus en une revitalisation qu’en un revirement complet.

Le journalisme d’investigation

L’investigative journalism est une forme de journalisme plus poussée, qui se caractérise par des recherches approfondies sur un sujet d’intérêt général. C’est une manière de relayer des informations qui a un effet particulièrement important, puisqu’il permet de révéler des secrets méconnus du grand public

Le scandale du Watergate en est un exemple: les investigations menées par des journalistes du Washington Post ont prouvé que l’administration de Nixon était impliquée dans le cambriolage des locaux du parti démocrate à Washington en 1972. Cela a notamment poussé le président à démissionner en 1974.

Toutefois, en dépit des conséquences cruciales que ce genre de journalisme pourrait avoir, le déclin des revenus via la publicité que connaissent les journaux traditionnels rendent cette pratique très difficile, faute de moyens. Ainsi, ce sont généralement des organisations internationales qui réalisent maintenant ces recherches, comme c’était le cas pour l’affaire des Panama Papers en 2016. 

Le journalisme d’investigation pourrait donc potentiellement se revitaliser à l’aide d’une conciliation entre un journalisme devenu digital et les méthodes mises en place auparavant.

Les whistleblowers

Les lanceurs d’alerte sont des individus qui lancent un signal d’alarme dans l’espoir d’obtenir une mobilisation après avoir eu connaissance d’un danger ou d’un scandale. Ils agissent pour le bien commun, sont généralement indépendants de groupes de journalistes, et permettent de révéler des vérités bien enfouies, loin des yeux du public.

Un exemple très connu est celui d’Edward Snowden, un ancien employé de la CIA (Central Intelligence Agency) qui a révélé l’existence de programmes de surveillance de masse américains et britanniques en 2013. Il est inculpé par le gouvernement américain pour espionnage et vol, mais il a permis de rendre publics des systèmes d’écoute qui n’auraient sûrement pas été révélés sans son action. La concrétisation de son travail a été rendue possible par les journaux The Guardian et le Washington Post, qui se sont vus décerner le prix Pulitzer pour avoir publié les données découvertes par le lanceur d’alerte. Ainsi, on a ici une cohabitation entre les journaux traditionnels et une forme indépendante de recherche d’information. La survie des premiers est donc une condition nécessaire afin d’assurer l’efficacité des seconds. 

 

Le journalisme traditionnel doit donc faire face à de nombreux obstacles qu’il doit réussir à s’approprier pour se moderniser de manière sûre (pour ce qui est de l’IA notamment), mais également s’ouvrir à des opportunités en tentant de maintenir son influence.

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